Chapitre 11: Le monstre

92 7 0
                                    

En entrant dans la forêt je me sentis soudain mal, comme si quelque chose d'horrible allait se passer. L'atmosphère était pesante, les ténèbres nous entouraient et j'aperçus du brouillard au loin. Je me mis à trembler ce que Drago sembla remarquer puisqu'il lâcha ma main.
-Dis, tu es sûr que c'est une bonne idée de s'aventurer dans la forêt en pleine nuit ? Il paraît que des créatures affreuses y vivent... lâchais-je en m'arrêtant au milieu du chemin, le souffle court.
-On a peur Turner ? Ne me dis pas que tu te dégonfles déjà, je te rappelle que c'est toi qui m'as demandé de t'aider à retrouver ton frère. Ricana Drago sans se retourner.
Je me dépêchais de retourner à sa hauteur et continuais ma marche, baguette tendue. J'entendis soudain un drôle de cri et me dis que la forêt interdite portait bien son nom.
Autour de moi je ne voyais que du noir, du noir et encore du noir, tout me semblait effrayant. Il faisait si froid, ma chemise de nuit n'était pas adaptée à la température. Drago, lui, portait un pull en laine de couleur verte, le logo Serpentard trônant fièrement sur son torse.
-Comment va ton bras maintenant que madame Pomfresh t'a enlevé ton plâtre ? Demandais-je pour briser le silence pesant.
-Mieux, je pourrai sans doute jouer le premier match de Quidditch finalement ! répondit-il avec entrain.
Nous arrivions à un Carrefour où deux chemins s'offraient à nous.
-Je voulais aussi savoir, pourquoi tu as dit que tu connaissais bien ce sentiment quand je pleurais tout à l'heure ? risquais-je, sachant que la question n'allait pas lui plaire. J'avais vu juste, il se retourna, m'attrapa le bras et murmura entre ses dents : « Ecoute Turner, tu ne sais rien de moi d'accord ? Alors à l'avenir évite ce genre de questions ! ». Puis il lâcha mon bras et balaya la forêt du regard.
-Il faut qu'on se sépare. Dit-il simplement.
Quant à moi j'étais déçue, je me sentais même stupide, évidemment que Drago Malefoy ne se confierait pas à moi. En quelques secondes il était redevenu le garçon froid et méchant que j'avais toujours connu.
-Bon qu'est-ce qu'on fait Turner ? Je n'ai pas toute la nuit.
Et voilà, Drago Malefoy était de retour, lui et sa mauvaise humeur. Si je ne lui avais pas posé cette question il n'aurait pas été aussi irrité.
-Se séparer ? Tu es sûr que c'est prudent ? l'interrogeais-je mal à l'aise à l'idée de me retrouver seule.
-C'est ça ou on ne le retrouvera jamais ton frère ! s'énerva-t-il en se tournant vers moi.
-Très bien, je prends à droite, on envoie des étincelles rouges si on a un problème ! lançais-je en m'avançant vers le sentier obscur.
-Turner ! Attends... commença Drago en se mettant au travers de mon chemin.
Je plantais mon regard dans le sien, il était proche de moi comme à son habitude et avait saisi mon bras.
-Fais attention. Dit-il simplement en se retournant et en prenant le sentier de gauche.
Je restais là à le regarder partir, jusqu'à le voir disparaître et pris mon chemin, la boule au ventre.
Je tremblais de tous mes membres, pas parce que j'avais peur de la forêt, non à présent j'avais peur de retrouver mon frère dans un sale état, ou de ne pas le retrouver du tout... J'avançais, ma baguette allumée et tendue en avant, m'enfonçant encore plus dans l'inconnu. Et si je me perdais ? Et si je ne retrouvais pas Drago ? Et si je ne revoyais jamais Fred, Katie ou mon père ? Je chassais rapidement ces idées de ma tête et continuais mon chemin. De grands arbres massifs m'entouraient, je n'entendais aucun bruit, seulement le son des mes pas qui écrasaient l'herbe mouillée du soir. Je me demandais si Drago allait bien.
Après de longues minutes de marche j'étais fatiguée, j'avais envie de dormir, d'être au coin d'un feu bien chaud. J'avais cherché dans chaque recoin, chaque buisson que je voyais, aucune trace de présence humaine ou animale. Je décidais de faire une pause et de faire demi-tour ensuite.
« Nox » murmurais-je pour éteindre ma baguette, que je rangeais dans ma poche. Je m'adossais contre un arbre et laissais mes yeux se fermer. Je crois même que je me suis endormie quelques instants.
Un cri strident perça les ténèbres et me fit sursauter. Mon cœur battait la chamade, je le sentais, quelque chose d'horrible se passait. Je levais les yeux vers le ciel et aperçus des étincelles rouges. Drago était en danger ! Je me levais, allumais ma baguette et me mis à courir le plus vite possible en direction de la lumière rouge. Je courus à perdre haleine, les jambes lourdes, le souffle coupé, et un gros point de côté dans le bas du ventre. Je ne savais plus très bien où j'étais, étais-je revenue sur mes pas ? Impossible de le savoir, je continuais dans l'unique but de sauver Drago. Mais en arrivant à un carrefour je trébuchais sur une racine et tombais d'un coup sur le sol, j'eu le réflexe de mettre mes mains en avant pour amortir ma chute. Je sentis quand même une petite douleur à la cheville et me relevais avec peine. Génial, je boîtais maintenant.
-LOUISE ! hurla Drago.
Je me retournais mais ne le vis pas, je ne savais pas où était Drago mais il n'était pas loin.
-Drago ! J'arrive ! hurlais-je les larmes aux yeux.
Tout était ma faute, je l'avais entraîné là et à cause de moi il était en danger.
Grâce à ma baguette je vis enfin Drago derrière un arbre, je me dépêchais d'avancer vers lui, malgré ma cheville abîmée. Il était étendu sur le sol et tremblait, je vis même des larmes couler sur ses joues et du sang couler de son nez. Je me jetais à terre et lui pris les épaules, il attrapa mes mains et murmura : Louise...
Une joie intense se répandit dans tout mon corps, je me mis à pleurer de joie, et sans m'en rendre compte j'enlaçais Drago, mes bras ne voulaient plus le lâcher, je sentis les siens se refermer autour de ma taille. Je sentais qu'il ne tremblait plus, je semblais l'apaiser.
Puis, je m'écartais, très gênée et regardais ailleurs, en essuyant mes larmes.
-Tu m'as fait une de ces peurs ! lâchais-je en lui donnant une tape sur l'épaule.
-Oh tu te faisais du soucis pour moi trésor ? répondit-il en retrouvant son ton joueur.
-Mais qu'est-ce qui t'es arrivé ? hoquetais-je en revenant à la réalité.
Lui aussi sembla se rappeler de la gravité de la situation et se releva en s'appuyant sur moi.
-Turner, il faut qu'on parte maintenant ! Je te raconterai en chemin !
-Ma cheville est blessée...
-Tu t'appuieras sur moi, mais il ne faut pas traîner ! hurla-t-il en m'attrapant de nouveau la main. Je mis mon bras autour de son épaule et m'appuyais contre lui. Nous commencions à avancer, à une allure trop lente à mon goût.
-ça va, tu arrives à supporter mon poids ? demandais-je.
-Oui ça va aller, il faut qu'on sorte de cette forêt, tu avais raison, les pires créatures y vivent !
-Mais qu'est-ce que tu as vu Drago ?
-Une chose... Je ne sais pas ce que c'était mais c'est la pire chose que j'ai vue de toute ma vie... commença-t-il alors qu'on arrivait au premier carrefour. Je marchais tranquillement, ma baguette allumée et au bout de quelques minutes j'ai entendu un gémissement vers ma droite. J'ai tourné ma baguette dans la direction et je l'ai vue : une créature horrible, sans yeux, sans bouche, juste une grosse forme noire avec des longs bras et des griffes...
-Mais c'est horrible ! Qu'est-ce que c'était ? m'inquiétais-je.
-Est-ce qu'on pourrait avancer un peu plus vite, s'il te plaît ? demanda Drago en se remettant à trembler.
C'était la première fois que je voyais Drago Malefoy avoir peur, pour une fois qu'il n'avait pas l'air méchant. La situation était vraiment insolite : Louise Turner et Drago Malefoy au milieu de la forêt interdite, l'un supportant l'autre, blessée... Je ne sais pas ce qui me prenait d'être avec le garçon que je détestais depuis tant d'années, j'avais pourtant l'impression qu'une certaine confiance s'était installée mais aucun de nous n'était prêt à l'admettre.
J'essayais d'accélérer le pas malgré la douleur qui s'intensifiait au niveau de ma cheville. Drago reprit son souffle et continua son récit :
-La créature était en train d'égorger des lapins, il y en avait une centaine sur le sol ! Et j'ai vu ses énormes griffes, j'ai paniqué, j'ai marché sur une brindille, la créature s'est retournée d'un coup vers moi. Si tu savais comme c'est horrible de voir un visage, mais sans yeux, qui te regarde. Dans la panique j'ai éteints ma baguette et je me suis décalé derrière un arbre, dans le noir je n'ai pas vu la pierre qui se trouvait au sol et je sui tombé, le nez contre la pierre. Dit-il en montrant son nez en sang.
-Et ensuite ? demandais-je en commençant à trembler à mon tour.
-Ensuite j'ai hurlé de peur, sentant que la créature s'approchait de moi, j'ai eu le temps de lancer les étincelles, cela lui a fait peur car je ne l'ai pas revue après. Je suis resté au sol et tu es arrivée... Tu n'as pas vu les lapins ?
C'est vrai ça, trop occupée à retrouver Drago je n'avais pas vu les lapins en arrivant à sa hauteur.
-Non, je voulais voir que tu allais bien. Avouais-je.
Nous arrivions enfin au deuxième carrefour et on retrouva le chemin du début. Plus que quelques mètres avant la sortie, j'avais tellement hâte d'être dans mon lit.
-Mais tu penses que c'était quoi ce monstre ? murmurais-je encore tremblante.
-Je me le demande, je ne te souhaite pas de la rencontrer un jour, c'était horrible.
-Tu penses que Hugo est dans la forêt et qu'il l'a vue ? m'inquiétais-je en me souvenant ce pourquoi on était venus.
-Il y a des chances que la créature ait un lien avec tout ça... Si ça se trouve l'histoire de William Turner est liée... répondit Drago.
Je vis enfin les lumières du château au loin et la sortie de la forêt se dessinait devant nous. Je lâchais Drago et me mis à courir pour atteindre le parc mais, oubliant ma blessure vacillais en arrière, Drago me rattrapa de justesse et me remis sur pieds.
-Fais attention Turner, tu es blessée je te rappelle.
-Et toi tu as sans doute le nez cassé !
-Bon allez, on sort vite de cet endroit et on va se coucher. Il ne faut en parler à personne d'accord ? Ça reste entre toi et moi, on verra ce qu'on fait, je ne sais pas si y retourner est une bonne idée...
-Mais si Hugo était prisonnier de cette créature... Je sais que c'est imprudent mais on a peu de temps ! lançais-je alors que nous venions juste de sortir de la forêt.
- « Nox » murmura Drago.
- Dumbledore a dit qu'il s'occupait de tout, à mon avis personne n'en a rien à faire de la disparition d'Hugo et personne ne le retrouvera... désespérais-je.
-Allons nous coucher, il est déjà tard.
En arrivant dans le hall du château je me sentis beaucoup mieux. Certes je n'avais pas retrouvé mon frère mais au moins j'étais saine et sauve.
-ça va aller pour rejoindre ton dortoir ? me demanda Drago, les mains dans les poches.
-Je vais essayer de marcher, je ne pense pas que ma cheville soit cassée. Et penses à nettoyer ton nez avant de dormir, les gens pourraient avoir des soupçons ! répondais-je en montant la première marche. Mais comme à son habitude Drago m'attrapa le bras et m'attira contre lui. Ses mèches blondes lui retombaient devant les yeux et un sourire espiègle se dessinait sur ses lèvres.
-Merci d'être venu à mon secours. On continue notre marché trésor ! Plus que quelques semaines à être ma copine. Avoue que tu commences à y prendre goût. Lâcha-t-il en riant. Je le repoussais et chuchotais : « oh tu ne t'en tireras pas comme ça, je terminerai le marché pour le bien de mon frère et c'est tout ! » puis je montais me coucher, toujours en boîtant. Je redoutais de croiser Rogue ou Rusard, le concierge mais je ne vis personne. Arrivée dans ma chambre je fis le moins de bruit possible et me glissais entre les couvertures, le cœur battant. Beaucoup de choses s'étaient passées en quelques heures et Drago me semblait de plus en plus ouvert avec moi. Je trouvais ça un peu louche, lui qui avait toujours montré du dégoût à mon égard m'avait laissé lui faire un câlin en pleine forêt. Moi-même étais étonnée de mon geste mais ne le regrettais pas.
-Tu étais où ? me fis sursauter une voix. Je me redressais et vis Katie, assise dans son lit qui semblait très fatiguée.
-Je suis allée aux toilettes. Mentais-je.
-Pendant si longtemps ?
-Depuis combien de temps suis-je partie ?
-Je me suis endormie vers 00h00 puis je me suis réveillée il y a une demi-heure et ton lit était vide. Dit-elle.
Heureusement elle n'était pas réveillée depuis le début, j'avais dû m'absenter plus de deux heures en tout.
-Je m'endors ne t'en fais pas Katie. Répondis-je en me rallongeant.

Le lendemain matin fut un peu problématique, j'eu du mal à sortir de mon lit. Ma cheville me faisait encore un peu mal et je boîtais.
-Bonjour Louise ! me lança Katie, tu boîtes ? s'étonna-t-elle.
Angelina et Alicia étaient derrière, en train de s'habiller et me lancèrent un regard noir. Elles n'étaient pas vraiment contentes que Katie se soit réconciliée avec moi, je me demandais ce qu'elles avaient contre moi.
-Oh oui je me suis tordu la cheville dans les escaliers en remontant me coucher. Mentais-je encore une fois.
Je détestais mentir mais Drago et moi devions garder le secret.

Je retrouvais Fred au petit-déjeuner et lui mentis aussi concernant ma cheville.
-Tu es si maladroite ! Riait-il sans se douter un instant que je ne lui disais pas la vérité.
Katie, elle, semblait trouver ça louche et déjeuna en silence. J'aperçus Drago à sa table, le regard vide. Je craignais que la créature l'ait un peu traumatisé. Il avait l'air d'avoir arrangé son nez en tout cas. Il ne me vit pas et se contenta de manger un toast avant de quitter la table. Il se rendait sûrement au premier cours de la journée : métamorphose.

Main dans la main avec Fred, on arriva devant la salle de métamorphose dix minutes avant la sonnerie. Fred me poussa contre un mur et m'embrassa en riant. Mais derrière lui, j'aperçus Drago, adossé contre le mur, le regard noir, un mélange d'incompréhension et de colère se lisait sur son visage. Plus aucune trace du garçon doux d'hier soir, plus aucune trace de sourire, juste Drago, en colère parce qu'il découvrait que je brisais en quelque sorte le marché. Je m'en voulais soudain, je reculais de Fred et voulu aller parler à Drago mais celui-ci me tourna le dos et entra dans la salle. Je venais malheureusement de briser quelque chose que j'avais mis si longtemps à construire...

Le mystère de Poudlard Où les histoires vivent. Découvrez maintenant