Chapitre dix-sept : Tu m'accompagnerais ?

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WEST

On vient à peine de poser un pied par terre que j'ai déjà envie de repartir. Perplexe, je me tourne vers Talia en tenant mon casque, prêt à le remettre à tout moment.

- T'es sûre ? demandé-je alors qu'elle passe ses doigts dans ses cheveux blonds pour les démêler. Tu sais comment est madame Kei. Il va falloir qu'on agisse vite pour retrouver cet homme avant que les ragots ne commencent.

- Ne fais pas ton froussard, West.

Son sourire provocateur me fait soupirer, et je la suis jusqu'à la maison, nos casques en main. Sans surprise, madame Kei nous ouvre.

- Je ne pensais pas revoir mes deux tourtereaux si vite ! s'exclame-t-elle en nous voyant, sourire aux lèvres.

- On n'est pas...

- Laisse tomber, chuchoté-je en serrant la main de Talia. Bonjour, madame Kei. On peut entrer ?

- Bien entendu ! Venez !

On la suit jusqu'au salon, puis elle s'absente un instant dans la cuisine.

- Elle croit qu'on est en couple, murmure Talia en posant son casque à ses pieds.

- Et ça te dérange tant que ça qu'elle y croit ?

Elle hausse les épaules, coinçant une mèche de ses longs cheveux derrière son oreille. Même le geste le plus anodin de cette fille provoque un truc en moi.

En même pas deux mois, Talia s'est infiltré dans les moindres recoins de mon âme. Son odeur à la noix de coco me rend totalement accro, tout autant que son sourire et ses yeux gris fuyants. Dès que je suis à Port Campbell, je passe du temps avec Talia et j'adore ça. Si elle veut prendre son temps pour me connaître, alors soit. Je lui prouverai que tous les hommes ne sont pas comme son père.

- Elle va colporter des rumeurs à notre sujet, West.

- Et alors ? Elle ne voudra jamais croire qu'on n'est pas ensemble. Elle a vu nos mains liées.

Talia soupire et je lui souris pour lui dire en silence que tout va bien. Nos yeux s'accrochent, et j'ai l'impression qu'on essaye de se dévoiler l'un à l'autre par ce regard, mais l'arrivée de madame Kei dans le salon rompt notre contact visuel. Sur la table basse, elle dépose deux verres remplis de thé glacé ainsi que des petits gâteaux industriels. Ils ne doivent pas être meilleurs que ceux de Talia.

- La dernière fois, vous êtes partis sans manger.

- On a mangé chez nous, madame Kei, rétorqué-je dans un sourire pour ne pas la froisser.

- Un biscuit, au moins ? me supplie-t-elle en me tendant l'assiette.

Talia me donne un coup de coude discret et nous piochons au même temps. Comme si nos doigts se frôlant lui donnait de l'urticaire, elle retire sa main et je prends un gâteau, refoulant cette vague de déception. Parfois, j'ai l'impression que je l'intéresse, mais dans des moments comme celui-ci j'ai un doute.

- Alors, qu'est-ce que je peux faire pour vous ? nous demande madame Kei. Vos recherches avancent ?

- Pas vraiment, rétorque Talia en triturant l'élastique autour de son poignet. C'est pour ça que nous sommes là. Je voudrais que vous nous aidiez à retrouver quelqu'un sur une photo. On ne sait pas qui c'est et je me disais que vous, vous le sauriez sans doute.

- Tu as bien fait, mon chou ! Je sais tout ce qui concerne Port Campbell.

Pas vraiment, mais je m'abstiens de le dire. On a besoin de l'aide de cette femme, je ne vais pas nous la mettre à dos.

Au-delà d'un regardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant