Chapitre vingt-six : Un réveil agréable

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WEST

Comme promis, Talia est auprès de moi à mon réveil. Ensorcelé par cette fille à la peau claire, je l'observe dormir, ses cheveux étalés sur le lit et sa main soudée à la mienne. Elle semble si sereine, comme si aucun problème ne pesait sur ses épaules. Pourtant, l'absence de son père l'attriste. La mère de Talia tient tant à cacher la vérité à sa fille, mais pourquoi ? J'ai hâte qu'on en découvre plus.

Aujourd'hui, je vais ramener ma mère à la maison, là où elle se sent le mieux. Et dès que j'en aurai la possibilité, j'irai voir Paige pour mettre les choses au clair. Hier soir, ça aurait pu aller plus loin avec Talia si je n'avais pas pris sur moi pour nous arrêter. Elle voulait passer à l'étape supérieure, tout autant que moi, mais elle n'aurait pas été prête. Ses craintes auraient fini par reprendre le dessus.

Sans déranger Talia, j'arrive à récupérer mon portable dans la poche de mon jean, par terre. Il est bientôt huit heures. Est-ce que Talia est du genre lève-tôt ou marmotte ? J'aime passer ma matinée au lit pendant mes jours de repos, mais je suis tellement inquiet pour ma mère que j'ai mal dormi, ne pensant qu'à la rejoindre. Je n'aime pas savoir qu'elle est seule, là-bas.

Mon portable m'affiche trois messages ainsi que cinq appels manqués, tous provenant de mon père. J'ai dû l'inquiéter avec mon message vocal d'hier soir.

[Comment va-t-elle ?
Dis-moi que ce n'est rien de grave.]

[Et vous, ça va ?
Wyatt est avec toi ?]

[Je rentre demain, je serai
à la maison dans l'après-midi.
Appelle-moi quand tu te réveilles.
Je vous aime.]

Je suis un frère horrible. Wyatt déteste les hôpitaux, mais j'étais tellement obnubilé par notre mère que je n'ai pas pensé à appeler qui que ce soit pour venir lui tenir compagnie alors qu'il était dans une détresse épouvantable. Je l'ai laissé seul, ça me tue de m'en rendre compte. Heureusement, Talia a eu la bonne idée de passer chez nous. Il faudra que je pense à la remercier pour avoir passé la soirée avec lui.

Sans un bruit, je réussis à sortir du lit sans la réveiller. Je ramène le drap sur elle, cachant sa poitrine presque dénudée qui me fait de l'œil, puis je file sous la douche. La maison est toujours plongée dans le silence, la mère de Talia a déjà dû partir au travail. Elle a repris les horaires de ma mère à la boutique.

Après ma douche, si revigorante que je me sens prêt à tout affronter, je reste dans la salle de bain pour appeler mon paternel. Il décroche à la première sonnerie.

- Salut, mon grand. Tu as bien dormi ?

Rien qu'à sa voix, je devine sa fatigue. Il n'a pas dû fermer l'œil de la nuit. J'aurais dû choisir mes mots avec soin au lieu de lui balancer « Maman est à l'hôpital ». Heureusement qu'il pourra encore dormir avant son vol retour.

- Ça peut aller, mais pas toi visiblement... Je suis désolé, papa, je voulais pas te faire peur. J'étais juste paniqué.

- Votre mère va bien ? demande-t-il, la voix rongée par l'angoisse.

- Elle a dormi là-bas, mais je pense que je pourrai la ramener aujourd'hui. Ce n'est rien d'alarmant, juste son corps qui a du mal à supporter la chimio et la fatigue.

Je déteste que ce soit tombé sur elle. Elle est un véritable soleil au quotidien, souriante et câline. La voir dans cet état constant de faiblesse est une torture. Il n'y a pas un matin où je ne me lève sans me demander quand retrouvera-t-elle sa bonne humeur et sa force d'autrefois.

- Je vais poser des vacances pour être auprès de vous. C'est moi qui devrais m'occuper de vous, pas toi.

- Papa, tu sais que je gère quand je suis là.

Au-delà d'un regardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant