En emménageant à Port Campbell, ville natale de sa mère, Talia n'a qu'une obsession : découvrir l'identité de son père. Cette même personne qui a fait naître en elle une peur irrationnelle d'être abandonnée par les hommes. Pire encore : de tomber am...
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
Toutes les pommes qui tombent de l'arbre ne sont pas pourries.
Je me répète en boucle la phrase de Millie alors que West tient ma main et que nous suivons Brooklyn jusqu'au lac.
West me tient la main.
Ça semble ridicule, j'ai vingt-deux ans et je ne suis pas supposée réagir comme une petite fille qui viendrait d'échanger son premier baiser, sauf que c'est presque la même sensation. Le baiser de George à l'école primaire n'avait rien de magique, au contraire de la main de West dans la mienne. Certes, nos doigts ne sont pas entrelacés, mais ça suffit pour qu'un feu crépite en moi. Si je pouvais seulement ne jamais lâcher sa main.
On finit par arriver au bord du lac, dans un large espace dégagé de tout arbre où se trouve un feu encore éteint, et trois rondins de bois autour de celui-ci. Juste en face, la lune se réfléchit sur le lac, et je repère Marlon et quelques-uns de ses amis dans l'eau. D'autres sont sur le ponton, prêt les rejoindre et aussi peu vêtus qu'eux, et Brook, qui se tient à une corde suspendue à une branche, court pour prendre de l'élan puis se jette dans le lac, sous des éclats de rire. C'est tentant, mais je ne le ferais pas devant eux, je n'oserais pas me montrer aussi peu vêtue devant tout ce monde.
- Tu viens, Talia-sans-h ?
West m'observe, n'ayant toujours pas lâché ma main. Ici, au bord du lac, j'arrive à mieux distinguer son visage. Il m'était plus facile de lui parler dans la forêt, je ne voyais pas ses yeux inquisiteurs et son sourire en coin qui feraient fondre n'importe qui.
- Venir où ?
- T'asseoir, dit-il en me montrant un rondin en bois. Ou aller te baigner, si tu veux. Je vais m'occuper de faire du feu, ils auront tous froids en sortant de l'eau.
- Je ne les connais pas, je préfère rester avec toi.
Il me jette un coup d'œil, tout sourire, tandis que je m'assois sur le rondin en bois.
- Je préfère que tu restes avec moi aussi.
Malgré moi, je rougis. Comme toujours.
- Arrête de dire ça, grogné-je en m'asseyant à ses côtés.
J'aime bien West, mais je ne comprends pas pourquoi il me dit ce genre de choses. Est-ce qu'il me drague ? Non, je ne dois pas être son genre. Il doit préférer les filles entreprenantes, pas les peureuses et maladroites comme moi.
- Dire quoi ? rétorque-t-il en tirant un briquet de sa poche, sourcils froncés.
- Des choses que tu dois sans doute dire à toutes les filles que tu dragues.
Il allume le tas de bois avec son briquet, l'air heureux, tandis que je rougis comme une folle. Et le feu ne va pas arranger mon cas.
- Je ne dis pas ça à toutes les filles que je drague. Pour ça, il faudrait que je le pense. Avec toi, c'est le cas. Désolé si ça te met mal à l'aise, ce n'est pas mon intention, je suis simplement honnête.
