Chapitre deux : Talia-sans-h

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Ma cigarette touchant à sa fin, je l'écrase sous la semelle de ma boot

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Ma cigarette touchant à sa fin, je l'écrase sous la semelle de ma boot. Ma mère doit être fatiguée, on ne devrait pas tarder à rentrer chez nous. Je n'en peux plus d'être ici.

Je n'ai rien contre les Miller et leur initiative d'accueillir les nouvelles habitantes comme il se doit, au contraire, mais être entouré d'autant de monde m'est vite insupportable. Pour calmer cette angoisse qui commence à pointer le bout de son nez, je fume. Pas aussi souvent que je le voudrais. Ce serait dommage que je perde mon boulot un an après être entré dans la compagnie, tout ça parce que je risque un cancer des poumons à trop fumer. Un pilote doit être en forme pour ne pas risquer la vie de ses passagers.

Adossé à l'un des lampadaires qui borde la route, j'observe la fille qui discutait avec Brook se diriger vers le seul banc disponible sous un arbre. Je comptais m'y asseoir pour piquer un somme en attendant, mais je m'en approche tout de même, fatigué d'être debout.

Alors que je m'avance, la fille se cogne à la branche la plus basse en voulant s'asseoir. D'ici, j'entends son « putain ! ».

- Tu vas bien ?

La fille tressaute en m'entendant derrière elle. Elle se retourne pour me dévisager, sourcils froncés et main sur le front, ses cheveux attachés par un foulard orange en une queue-de-cheval. Est-ce qu'elle sent la noix de coco ? J'ai envie de m'approcher plus près pour en être sûr, mais elle s'est braquée dès qu'elle m'a vu.

- Désolée, lâche-t-elle à voix basse.

- C'est plutôt moi qui devrais être désolé. C'est ta tête que tu viens de cogner, pas la mienne.

À quelques centimètres près, cette fille ferait ma taille. Elle est grande, pas étonnant qu'elle se soit prise la branche.

- T'es certaine que ça va ? demandé-je à nouveau.

- Oui, oui. Maladroite c'est mon prénom.

Je souris.

Alors qu'elle s'assoit sur le banc, je m'installe à ses côtés. Elle me regarde du coin de l'œil, les mains posées de part et d'autre de ses cuisses et la bouche scellée. Le silence commence à me gêner, et comme l'inconnue ne me semble pas très bavarde, je décide d'intervenir :

- Sympa, le débardeur.

Elle porte un jean et un haut à message blanc : « I carried a watermelon ? »*. Je souris en saisissant la référence.

- C'est l'une des répliques culte de Dirty Dancing.

- Comment tu sais ça ? m'interroge-t-elle, surprise.

- Ma meilleure amie m'a forcé à voir ce film. Trop de fois, si tu veux mon avis.

Elle lâche un rire tout bas. Pendant un instant, j'ai douté de mes capacités à faire sourire cette fille. Dire qu'il a fallu que je lui avoue mon côté sombre, celui d'un mec qui regarde des films de nanas. Merci, Brook.

Au-delà d'un regardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant