XXVI

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Louise... Louise... Louise...

Elle qui était pourtant enthousiaste à l'idée de ce voyage d'affaires, commençait à le regretter.

Debout face à la grande baie vitrée du séjour, elle observait la rosée qui tombait du ciel, évanouie dans ses pensées. Elle rêvassait à mesure que les nuages se pressaient de leur eau. Elle ne savait quand elle allait arrêter mais elle y trouvait plaisir sans pourtant le vouloir.

Louise...

C'était une femme bien très simple, une femme trop bien gâtée par la vie et qui n'avait rien à envier à personne. Dès son jeune âge, elle ne manquait de rien, normal, quand on vient au monde dans une famille où la propriété est construite sur des gisements de minerai précieux.
Fille unique d'une fratrie de cinq enfants, elle s'attire rapidement les faveurs de son père et les plus belles attentions de sa mère. C'était une princesse, leur princesse à eux. Et à toute bonne princesse, un vaillant prince, c'est ce qu'était Dimitri pour elle.

Le regard loin dans cette brume, elle se souvint encore de leur première rencontre...

Madeline, sa mère, lui parlait d'un très beau jeune homme, vivant à l'étranger, qui allait venir étudier dans leur pays. C'était le fils à l'une de ses très bonnes amies, Romina. Une femme avec qui elle avait partagé beaucoup de bons moments dans leur adolescence.

Sa mère, lui décrivit Dimitri comme le gendre parfait. Son Philippe qui la réveillerait de son long sommeil de princesse renfermée telle Aurore, son Prince qui la sortirait de son château comme Raiponce. Elle en était amoureuse, avant même de le connaître.

Louise était bien enthousiasmée à l'idée de rencontrer ce bel homme, elle en rêvait presque toutes les nuits, elle s'impatientait à certains moments et elle perdait espoir à d'autres. Aussi longue que cette attente fût, elle en valait la peine.

Elle sourit quand elle repense à la première fois que leurs regards se sont croisés. Son prince avait l'air vide, triste, comme s'il n'avait pas envie d'être là, comme s'il avait perdu quelque chose. Il lui dit avec son sourire le plus convaincant que c'était la nostalgie de son voyage mais que tout se passera bien.

Elle sourit d'avantage quand elle repense à leur premier baiser. C'est lui qui prit l'initiative, elle en tomba amoureuse d'avantage. C'était lors d'un tête à Paris, sous une nuit étoilée, dans un restaurant à la réputation du chef bien connu, un orchestre de Jazz en fond, autour d'un bon vin, La Réserve du Château. Un moment dont elle avait toujours rêvé.

Bruits de pluie

Les prévisions météorologiques avaient annoncé des précipitations pendant de bonnes semaines et elles n'avaient pas menti. Il en tombe des goutes et il en tombe encore, de quoi plaire à Louise qui s'amusait à songer à la cadence de cette mélodie.

Les cris de joie de Dimitri résonnent encore dans sa tête lorsqu'elle lui annonçait qu'ils allaient avoir leur premier enfant. Elle se souvint encore de toutes les attentions qu'il lui portait, de la protection dont il la couvrait et de leur amour qui avait grandi d'avantage.
Les cris de chacun de ses enfants retentissaient encore dans sa tête, lorsqu'ils venaient chacun à son tour dans ce milieu plein d'amour.
Les cris de bonheur lorsque son homme et elle se sont dits leurs vœux devant le maire et qu'elle devint enfin Madame Morris.

"Tu feras une épouse formidable et une mère de famille incroyable", lui avait dit sa mère en guise de bénédiction. "Va et sois heureuse ma petite princesse", avait conclu son père sur sa bénédiction.

14 ans plus tard et elle est toujours heureuse. Les choses ne sont plus peut-être comme elles étaient autrefois mais l'amour était toujours là.

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