La brise du soir se faisait sentir alors que Nora quittait la cathédrale. Elle y était déjà depuis une bonne heure, il fallait qu'elle rentre à présent. Elle a pu discuter quelques temps avant avec le père Augustin, un homme très important dans la vie de la jeune femme.
Les quelques rénovations de La Chapelle, les produits de première nécessité dont les locataires de l'orphelinat de la ville ont besoin et quelques œuvres charitables lesquelles l'église ont la charge, ont été les grandes lignes de leur discussion.C'était toujours un plaisir pour elle de participer à sa façon à la politique philanthropique de la paroisse.
Nora avait enfin une famille et advenir aux besoins des nécessiteux était sa manière à elle de remercier celui à qui elle doit tout.Le plaisir était encore plus grand lorsque sa patronne Nicole se joignait à elle, parce que elle aussi très altruiste.
"Vas en paix ma fille, et surtout fais attention." Dit le curé alors qu'il donnait sa bénédiction à Nora.
"Merci mon père, vous aussi faites attention à vous", répondit celle-ci avant de presser le pas vers la sortie de l'église.Le curé affichait ce même sourire qu'il avait chaque fois que Nora visitait les lieux. Ce sourire qui mélange à la fois bonheur et tristesse. Comment est-ce possible d'ailleurs?
Un joli paradoxe que seul le prêtre pouvait expliquer. Il était heureux de la jeune fille qu'elle était devenue, mais il ne pouvait s'empêcher de s'en vouloir; il s'en veut parce que sa position de prêtre est comme un obstacle au vrai bonheur de la jeune fille. Un obstacle à la vie qu'elle mérite.
"Vous accordez trop d'importance à cette jeune fille mon père" chuchotait une dame à l'oreille du prêtre. Elle réussit à le ramener à la réalité.
"Romina... vous m'avez fait peur!" Soupirait-il en faisant face à la dame.
"Peur? Dans la maison du Seigneur? Qui pourrait bien vous faire du mal ici mon père?" Rétorqua cette dernière, au ton sarcastique.
"Qu'est-ce qui t'emmènes ici? Veux-tu te confesser de nouveau?" Lançait l'homme sur la défensive.
"Du calme mon père! Je passais juste offrir une offrande à la vierge et je n'ai pu m'empêcher de vous voir si paternel avec cette jeune fille... et ce n'est pas la première fois!"Un moment de silence entre les deux adultes. Le curé soutenait le regard plein de malice et de cruauté de la dame en face de lui, il ne voyait plus rien en Romina que de la méchanceté. La noirceur de son cœur a déteint sur son habit corporel, elle n'était plus qu'un grand serpent orné de bijoux et de beaux vêtements.
Mais en dépit de tout, Augustin priait pour le salut de son âme, il suppliait Dieu pour sa clémence à l'égard de sa créature.Vos prières n'étaient que perte de temps quand il fallait éloigner cette moins que rien de ma famille! Crachait Romina chaque fois que le curé évoquait le sujet avec elle. Il est un Dieu de justice et je suis pour la justice! Ajoutait la sexagénaire rudement.
Augustin ne se laissait pas intimider par le venin que crachait la fidèle de son église à chaque passage sur les lieux, il gardait espoir de la voir un jour revenir à de bons sentiments et de rétablir la vérité sur cette confusion totale entre son fils et la moins que rien. Quand bien même, il était pessimiste.
"C'est elle n'est-ce pas mon père?" Demandait Romina en pointant son regard à présent sur Nora qui menait son bout de chemin vers la porte de sortie de la cathédrale.
"Elle? De... de quoi parlez-vous voyons!?" Balbutiait le curé.
"Ne faites pas votre hypocrite Augustin, encore moins ici! Vous savez parfaitement de quoi je parle et vous n'avez aucune raison de jouer la carte du secret de confession comme toujours".Les mots tranchants de Romina interpellaient immédiatement le curé qui fronçait les traits de son visage, il avait à présent un air sérieux.
Les yeux dans les yeux de nouveau, le temps semblait s'arrêter. La tension était à son comble, l'air paraissait électrifié, la scène donnait l'impression d'être issue d'une œuvre du septième art.
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NORA
General FictionNora, jeune demoiselle candide, voit son quotidien chamboulé par un très vieux passé. Un passé dont elle ne connaît pas l'histoire... ...mais surtout un passé, rempli de machinations.