XXXI

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NICOLE

Déjà une bonne vingtaine de minutes s'étaient écoulées et j'étais toujours là, blottie dans mon lit, désespérément en quête d'un peu de sommeil.

Ma patience était comme une éternité, je patientais bien plus longuement que du sable dans un sablier. L'attente était plus longue que celle d'un enfant qui voudrait voir un arc-en-ciel perché dans le ciel après une rosée d'après-midi. J'avais éperdument besoin de fermer mes paupières et de faire voyager mon esprit au pays de l'oubli et de l'imagination folle, et portant, toujours rien.

Devrais-je prendre encore une nouvelle dose de ces médicaments qui m'ont été donné la veille et ce matin? J'en avais déjà pris la dose nécessaire, avait insisté le médecin et en aucune manière je ne devrais abuser. Mais j'avais vraiment besoin de m'assoupir, de faire un somme même si ce n'était que pour une dizaine de minutes ou même quelques secondes.

C'était l'enfer pour moi d'être là éveillée, dans cette chambre, sur ce lit, ce même lit où un nouvel enfer de ma vie s'était ouvert. Qu'avais-je bien fait au Bon Dieu pour mériter un tel acharnement émotionnel? Était-ce parce que j'avais dit ne plus avoir foi en lui? C'était bien des années auparavant et je m'étais repentie.

A ce moment je me sentais comme la femme la plus malheureuse et meurtrie sur cette terre. L'homme que j'aimais avait emmené avec lui ma fille, notre fille, et sans lancer aucune trace d'eux, je mourrais de mon chagrin. J'étais désespérée et je me suis sentie livrée par mon créateur mais je m'étais repentie de tout ce que ma chaire en colère et poignardée aurait pu dire.

Je m'étais repentie et pourtant me revoilà encore à vivre un nouvel enfer.

Cette nouvelle souffrance était-elle le prix à payer pour m'être rebellée contre le ciel, et ce même après rédemption? Quelle injustice!
Alors le Père m'a menti lorsqu'il me disait que Dieu était bon et ne se souvenait point du mal fait lorsqu'on le regrettait et le confessait sincèrement.

Pourquoi diable étais-je donc en train de vivre une nouvelle torture?

Je ne savais vraiment plus vers qui me tourner. Dormir était peut-être la solution et même si ce n'était que pour un laps de temps, je me contenterai de ce peu pour évacuer au maximum la peine qui me traversait.

La mort...

mourir?

Lui seul savait combien j'ai pensé à cette option. Mais à quoi bon? Je l'étais déjà et enterrée depuis de très longues années. Plus rien n'avait plus de sens à présent pour moi.
Deux fois j'ai été trompée par deux personnes que je trouvais très importante à ma vie. Qui donc me restait-il encore ici? Tous ont été des bourreaux. Alors que moi je leur offrais de mon amour, eux en retour me couronnaient de leurs épines.

Qui donc me restait-il encore ici?

Ma mère, Eliane, avait été la première à me livrer aux malices du diable. À quoi pensait-elle d'ailleurs? Me faire du bien? Qui donc s'associerait à l'enfer pour juste un peu de repos et de bonheur?
Oui, certainement la diablesse était bien trop importante et son influence pesait des livres sur nos petites personnes, mais il y'aurait eu une toute autre solution pour y remédier, me livrer à elle n'était en rien la bonne alternative. Elle qui pensait bien faire, me livrait à une mort lente et elle à une bien plus rapide.
Le temps est passé et l'eau a coulé sous les ponts comme ils aimaient bien le dire les poètes, je n'avais plus de rancune pour elle. Quoique, à certains moments, je ne pouvais m'empêcher de l'en vouloir. Elle m'avait bien laissé dans cette boucle infernale, infinie alors qu'elle avait choisi la facilité de s'en dormir éternellement.

NORAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant