XXVII

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Comme tous les matins, la cloche de la cathédrale principale de la ville sonnait.

Il était 7h précisément, le ciel noir n'avait pas encore pris le temps de disparaître totalement, mais cela ne pouvait empêcher les quelques fidèles de s'y rendre afin d'adresser une prière à l'heure du Seigneur.

La cloche sonnait de plus belle. Le son était lourd, au rythme très lent. C'était un appel à la prière.
Trois séries de trois tintements de convocation au sanctuaire.

L'angélus était quotidiennement faite par les paroissiens catholiques de la ville. C'était l'occasion pour ceux-ci de venir remercier Dieu pour le souffle de nouveau renouvelé à travers leurs narines. Il s'agissait aussi de sanctifier son haut et puissant nom à travers une succession de prières, tantôt de mains jointes tantôt en appui sur le sacré objet qu'est le chapelet. L'angélus était un moment de prière très important pour de nombreux pratiquants de la foi catholique.

Le son résonnant de la cloche marquait le début de ce temps de prière. Des fidèles se précipitaient donc dans la cathédrale pour ne pas rater une seule seconde de ce moment de partage et de communication spirituelle avec le divin.
Si certains allumaient des cierges à la vierge, d'autres brûlaient de l'encens pour accompagner leurs supplications vers le ciel lointain.

Et ils prièrent d'une même voix, en assemblée, autour d'un même Dieu et Seigneur...


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Alors que les lieux se vidaient petit à petit, il y'en avait encore des fidèles qui restaient pour quelques raisons particulières et souvent personnelles.

Un lourd et pesant silence envahissait la grande salle de l'Eglise.

On ne pouvait entendre aucune élévation de voix, ni même un semblant de chuchotement. La salle s'était vidée après la grande communion de ce matin et il ne restait à peine que 10 fidèles dans la salle.

Le regard perché vers l'autel, ses mains jointes sur ses cuisses, dans lesquelles elle tenait une petite boîte, Nicole disait une prière sans bouger un seul trait de son visage. Elle était sans aucune expression, elle ne dégageait aucune émotion.

Était-elle en colère? Était-ce de la tristesse? Pensait-elle? Personne ne pouvait le savoir, tout se passait dans son cœur. C'est en son fond intérieur qu'elle laissait exprimer ses sentiments, son ressenti, ses émotions. Lorsqu'elle n'avait plus la force de bouger un seul muscle de son visage, elle laissait son cœur s'exprimer mais en silence.

Oui le silence était une meilleure compagnie pour elle.

Qui pourrait et voudrait bien l'écouter? L'écouter à se lamenter sur cette même et terrible histoire encore et encore? Certainement pas Hilaire!
Ils avaient décidé tous les deux de tourner cette page et aller de l'avant pour non seulement le bien de leur mariage mais aussi pour celui de leur fille.
Cela faisait déjà de bonnes années qu'ils n'avaient pas évoqué ce sujet, il avait bien tourné la page lui! Aussi facilement pourrait-on dire!

Mais était-ce vraiment de sa faute? Il n'est coupable en rien de ce qui a bien pu se passer dans le passé, il ne pouvait donc ni prévenir cette tragédie ni l'empêcher. Il s'était juste donné la lourde tâche de réparer la douleur causée par un autre. Il a bien fallu du temps pour qu'enfin elle se décide de fermer ce chapitre de sa vie et aller de l'avant.

"Je ne te demande pas d'oublier toute cette histoire, mais de te donner la chance d'en écrire une autre et encore plus belle. Elle restera toujours dans ton cœur et personne ne pourra te la prendre."

Les mots d'Hilaire résonnaient dans sa tête alors qu'elle avait toujours son regard fixé droit vers l'autel. Et il avait bien raison. Cette histoire vivait désormais dans ce cœur pendant toutes ces longues années.

NORAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant