NORA

XXXII

"Tu n'as plus rien à faire ici et je n'ai rien à écouter venant d'une hypocrite comme toi."
"C'est toi Astride, c'est toi qui a manigancé toute cette histoire sordide pour me faire chasser de cette maison!!!"

Pas moins de 5min que les deux filles s'étaient une nouvelle fois rencontrées et déjà il y'avait de l'électricité dans l'air. Heureuse nouvelle pour Astride qui attendait ce moment enfin où Nora pourra lui vouer le même mépris qu'elle lui vouait pendant toutes ses années. Une bonne nouvelle pour elle de savoir qu'enfin elles étaient sur la même longueur d'ondes et qu'elles partageaient enfin toutes les deux la même opinion l'une sur l'autre.

Elias, arbitre malgré lui à ce duel de choc qui se préparait était aussi bien curieux de savoir ce qui s'était réellement passé la nuit précédent le chaos désormais installé dans la famille.

"Tu n'as plus rien à faire ici! Va-t-en!" Insistait Astride sur son ton menaçant.
"Je m'en irai après avoir discuté avec toi!" Répliquait Nora sur le même ton. Elle n'était pas prête à lâcher prise, pas cette fois-ci.

Nora avec besoin de comprendre la vérité, elle avait besoin de la connaître; elle la connaissait mais elle avait besoin qu'Astride puisse la confesser elle-même de sa propre bouche. Pour la jeune demoiselle, c'était la fille de ses ex employeurs qui était à l'origine de tout ce fâcheux malentendu auquel elle était pointé du doigt aujourd'hui et elle était bien décidée que la vérité soit une bonne fois pour toute révélée au grand jour.

"Tu me détestais donc au point de monter toute cette connerie pour me faire virer de la maison Astride? Comment est-ce que tu as pu faire une pareille chose?"
"Il est dans ton intérêt de t'en aller de cette maison avant que ma mère ne se réveille et n'appelle la police pour te dégager hors d'ici!"
"Eh bien qu'elle se réveille et qu'elle vienne entendre la vérité! Parce que je ne suis coupable de rien!" Gueulait l'innocence de Nora dans un léger échos dans le salon. De quoi mettre d'avantage sur les nerfs son adversaire.

Elias lui était perdu. Il ne comprenait toujours pas où voulait en venir sa bien aimée. Elle n'avait rien dit de plus concret, autre que c'est Astride qui était à l'origine de toute cette masquerade. Comment en était-elle l'autrice? Il ne savait guère. Nora n'avait pas dit grand chose pendant le trajet sauf murmurer combien cette jeune fille la détestait, ou encore marmotter sur les intentions qu'elle prêtait à son ex employeur et que lui aussi aurait été capable d'une telle chose. Elle passa tout le trajet à grogner de ce qu'il savait déjà et à mesure qu'il avait ses deux mains posées sur le volant de cette voiture, il se gonflait d'impatience.
Une fois arrivés à la maison, il pensait enfin avoir réponses à ses interrogations mais au contraire non! Les deux jeunes filles s'étaient données dans une communication codée dont il avait du mal à trouver des marques. S'en était trop pour lui et il avait envie de le faire savoir.

"Hey! Ça suffit!" Tonnait le jeune homme agacé de toutes leurs jacasseries. Et de continuer: "Nora tu peux aller droit au but et dire exactement ce qui s'est passé parce que moi aussi je suis un peu largué."
"Tu es justement largué parce que c'est une sale manipulatrice et menteuse!"
"Je ne t'ai pas donné la parole Astride."
"Tu n'as pas d'ordre à me donner non plus dans ma maison. Prends ta souillon avec toi et quittez immédiatement cette maison."
"Non je ne m'en irai pas! Pas avant d'avoir discuté avec Madame Nicole et de lui dire toute la vérité!" Se défendait à nouveau Nora nez à nez avec Astride.

Cette dernière était ennuyée au plus haut point. Elle qui pensait s'être enfin débarrassée de la servante et la voilà de nouveau dans ses pattes.
Elle lui reconnaissait bien ses qualités à Nora: tenace, ferme, décidée, droite. Elle ne lâchait jamais une affaire tant qu'elle n'avait pas mit à nu ses idées. Elle savait que Nora était le genre à tenir en haleine une conversation toute la soirée tant qu'elle n'aurait pas fini d'étayer de manière précise et nette ses opinions. Elle en revanche Astride, c'était tout le contraire. Elle évitait au maximum les longues conversations, elle était beaucoup plus dans la subtilité, dans l'action. Elle préférait agir parce que les actes parlaient bien plus forts que de simples mots.