FLASHBACKSCe matin, le quartier très populaire au sud de la ville voyait le jour se lever. C'était un jour nouveau mais pourtant sans aucune nouveauté. Au fond, personne n'était vraiment enthousiaste à l'idée de commencer une nouvelle journée dans ce quartier, c'était la routine continuelle. Ceux avec beaucoup de chance qui ont un emploi vaqueront à leurs occupations professionnelles, pour le reste ils s'occuperont soit à la décharge à la recherche de quoi se vêtir et se nourrir, ou se contenteront de glander ici et là.
Les enfants aussi n'étaient pas épargnés de cette routine monstrueuse: les plus chanceux sont inscrits à l'école public du coin et sont très ravis d'une nouvelle journée d'école, pour les autres ils n'ont pas beaucoup de choix: soit peupler les rues du quartier, soit aider leurs parents dans les travaux de maison.
Le quartier ne promettait pas un avenir des plus heureux à son peuple, les quelques chanceux vivent sur une pente en forme de colline et les plus démunis en dessous près de la charge; mais ensemble, ils représentent tous les oubliés de la ville, les exclus du pays.
Pour leur part, ceux qui habitent la pente arrivent à arrondir leurs fins du mois: ils ont un toit assez décent, de quoi manger chaque jour, de quoi se vêtir, ils ont un emploi et respirent au moins une air peu polluée. Le peuple de la colline avait de la chance bien que minime qu'elle soit et il se faisait envier par le peuple de la décharge.
À la décharge, ils ne rêvaient que d'avoir juste un peu de confort alors qu'à la colline, ils ressentaient le besoin de vivre hors de ce quartier.
Malgré sa forte précarité, cet environnement procurait de la joie à ses habitants, ils savaient être solidaires entre-eux et savaient profiter des joies que la vie les offrait. Ils ne souciaient guère du mépris des familles bourgeoises à leur égard ou alors peut-être qu'ils n'avaient pas connaissance de ce qu'était vraiment le mépris. Peut-être n'étaient-ils pas avertis du dégoût que les gens du nord avaient pour eux, pour leur condition sociale et pour leur environnement. Peut-être qu'ils étaient insouciants de cela parce que au fond ils ne réalisent pas vraiment la condition dans laquelle ils sont. Ils ont appris à se contenter, à rêver sans plus, à trouver du plaisir dans les petits détails de la vie et par dessus tout à aimer leur quartier; du moins pas tout le monde.
Là, assise dans son salon que très peu aménagé, Florence pense. Elle pense à ce qu'aurait été sa vie si jamais son père ne l'avait pas abandonnée, si jamais elle avait grandi dans une famille distinguée et chanceuse, si elle n'avait pas grandi dans ce quartier. Florence pense comme à chaque fois qu'elle se retrouvait seule dans sa maison, désormais depuis le décès de sa maman.
Elle pense et elle pleure.
Elle pleure et elle en veut à la terre. Sa rancune devient une colère et sa colère se transforme en mépris. Elle déteste ce quartier et ces habitants, elle déteste cet environnement et aspire à mieux. Mais comment quitter ce mode de vie quand on ne reçoit qu'un maigre salaire? Elle travaille pourtant dans une des cliniques les plus importantes de la ville mais elle ne touche qu'un salaire des moins flatteurs. Elle n'est pas rémunérée en fonction de la tâche qu'elle accomplit mais en fonction de sa condition sociale. C'est injuste! La vie est injuste! La société est injuste! Elle a envie de crier son mécontentement, que sa gorge se déchire à chacun de ses cris, elle veut exprimer son mécontentement mais où? Il n'y a personne ici qui écoute la masse, le système a ses lois et la masse ne fait pas partie de ces lois.
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NORA
General FictionNora, jeune demoiselle candide, voit son quotidien chamboulé par un très vieux passé. Un passé dont elle ne connaît pas l'histoire... ...mais surtout un passé, rempli de machinations.