XXIX

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NORA

Quelle heure pouvait-il bien faire? Je ne pouvais le savoir exactement mais je devinais qu'il ne pouvait pas être très tôt vue comment les rayons de soleil à l'extérieur illuminaient l'intérieur de cette chambre.

Où étais-je d'ailleurs? À en juger l'emplacement et le décor de cette pièce, c'était celle de l'appartement de Martha. Elle était vite remarquable, en raison des papillons accrochés contre le mur. Elle les avaient accrochés pour donner ce petit truc à la pièce. J'avoue que jusqu'à maintenant, je n'arrivais toujours pas à déceler ce petit truc dont elle parlait. Disons que la vision était restée dans sa tête à elle seule et n'avait pas franchi la mienne.
C'était bien la chambre de l'appartement de Martha que j'occupais à chaque fois que je rentrais en week-end, c'était donc un peu ma chambre.

Je voulus me redresser mais je constatais qu'il y'avait un bras serré contre moi et qui m'empêchait de m'échapper. Je pris peur. Ça ne pouvait pas être encore lui, non pas encore ce cauchemar.
Et avant même que je ne puisse crier à l'aide à gorge déployée, je reconnus la voix d'Elias en fond.

"Tu t'es réveillé? Bonjour Aurore!" M'avait-il dit d'une voix ensommeillée et faible. Il venait de se lever, je le réveillais donc dans mon élan de quitter le lit. Que suis-je bête!

Mais que faisait-il donc par ici? Aurait-il passé la nuit ici? Dans le même lit que moi? Avec son bras tout autour de ma taille? Je ne pouvais m'empêcher de rougir à cette idée. Pourquoi l'aurait-il fait?
Et avant même qu'une autre série d'interrogations ne puissent m'envahir l'esprit, les événements de la veille me revinrent tous en mémoire.

Madame Nicole entrain d'hurler dans toute la maison, le grand miroir de la chambre principale brisé, Astride qui me qualifiait de tous les adjectifs péjoratifs comme à l'accoutumé, monsieur Hilaire et moi... dans le même lit.

Monsieur Hilaire et moi dans le même lit...

Ce dernier événement se répétait incessamment dans mon esprit que je pris peur. Non! Il y'avait bien une erreur! Jamais au grand jamais je n'aurais pu faire une pareille chose! Jamais je n'aurais pu me retrouver dans le même lit qu'un homme aussi indécent! Un homme qui d'autant plus était l'époux de ma patronne, de cette dame qui m'a toujours soutenu et traité comme sa propre fille.
Non, jamais je ne pourrais causer une telle peine à Madame Nicole et encore moins à Astride en dépit de nos rapports moins attendrissants.

Comment était-ce possible d'ailleurs que je me retrouve dans la même chambre et le même lit qu'une telle crapule! Ça ne pouvait être possible, c'était un grotesque malentendu, une grossière erreur que je ne saurais expliquer comment j'ai pu la commettre. Je ressentais à mesure que je pensais, une vague d'émotions différentes me prendre le long du corps: de la honte, du dégoût, de la peur, de la tristesse, de la gêne, de la colère, et sans oublier l'envie de disparaître. Oh que oui, j'avais plus qu'envie de disparaître et ne jamais revenir.

Et Elias, qui ne disait rien. Je le sentais me juger dans son silence. Moi qui ne cessait de lui dire que je suis une jeune femme de bonne morale avec de bonnes valeurs, quelle déception ça du être pour lui d'apprendre malencontreusement que je sois l'amante de mon patron. Ce n'était pas vrai! Ce n'était pas moi! Je ne l'étais pas! Ça me dégoûtait d'y penser et de savoir que les gens le pensaient. Quelle honte!

"Je te jure que je suis innocente Elias! Je te le jure!"

Sans m'en rendre compte je craquais avec ma voix toute tremblante. Me mémoire me terrifiait depuis les quelques minutes que j'étais éveillée, j'avais besoin d'extérioriser. J'avais besoin d'en parler à quelqu'un, j'avais besoin qu'on m'écoute et que l'on me croit. Je le jure que je n'ai rien fait! Je le jure que je ne suis coupable de rien!

NORAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant