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Silence... voilà la mélodie qui régnait dans la demeure Richards depuis les précédents événements. Un lourd silence qui gênait un peu tout le monde mais qui était préférable.

C'était un peu un silence imposé mutuellement mais sans vraiment  d'accord mutuel.

Il y'avait du silence.

Tout se faisait dans la discrétion totale. Les repas de cuisine étaient faits sans aucun commentaire comme d'habitude. Nora se contentait de faire le petit déjeuner sans vraiment aucun enthousiasme. Elle disposait le service dans la salle à manger, pressait un jus de fruits pour la famille, préparait les petits fours, le café et filait dans sa chambre tel qu'on aurait dit qu'elle marchait sur la pointe des pieds.

Une fois dans sa chambre, elle pouvait respirer plus calmement mais sans pour autant respirer trop fort. Elle se sentait déjà assez coupable du malaise qui se ressentait dans la demeure, alors ajouter encore une couche de respiration serait un peu de trop.

Elle respirait de telle manière qu'elle puisse entendre la voix de sa patronne si jamais elle avait besoin d'elle. Elle respirait sans pourtant vraiment respirer. Ce n'était pas aussi rassurant d'être dans sa chambre après son service, mais au moins c'était bien mieux que de rester en dehors, dans le périmètre de cette grande demeure à se comporter comme un voleur d'objets d'arts dans un musée, toute discrète.

Une fois dans son petit nid douillet, elle pouvait préparer ses cours du jour. Heureusement que malgré cette haute tension, sa patronne n'a pas bougé son emploi du temps, quoique ça aurait été une bonne punition pour avoir déséquilibré l'énergie émotive de la famille. Son service chaque matin ne consistait qu'à dresser la table du petit-déjeuner pour la famille et ensuite préparer ses cours. Elle ne passait l'aspirateur que tous les deux, trois jours, les repas du soir étaient concoctés par Nicole elle-même sauf en cas d'urgence et selon les ordres et les consignes de cette dernière. Elle avait beaucoup de temps pour se consacrer à ses études et c'est une chose à laquelle elle se sentait vraiment reconnaissante.

Reconnaissante à l'égard du Père Augustin et de sa patronne Nicole. Aucun signe de reconnaissance à l'égard de son employeur.

Bien, si au moins il se comportait décemment et ne me mettait pas dans l'embarras chaque fois que nos chemins se croisent peut-être je lui aurai voulu un peu de reconnaissance, pensa-t-elle dans un bout de sa tête.

C'était un peu sa nouvelle façon de communiquer avec elle-même: émettre des pensées dans un coin de sa tête. Comme elle aurait voulu dire la vérité à la maîtresse de maison! Comme elle aurait voulu lui dire que son époux n'était pas vraiment celui qu'il prétend être! Comme elle aurait voulu lui dire que derrière ce personnage de père de famille respecté et vénéré, se cache un mari infidèle, sans aucun scrupule et prêt à tout pour soulever les jupons des jeunes filles qui arpentent les rues de la capitale! Comme elle aurait voulu dire à Nicole pleins de choses mais elle ne peut pas.

Elle ne veut pas briser l'image de la famille parfaite de Astride, elle ne veut pas traîner l'honneur de sa patronne dans la boue, elle ne veut pas détruire en quelques secondes ce qu'une autre a pris du temps à construire en près de 20ans. Non! Elle n'était pas si égoïste, elle valait mieux que ça. Ce n'était que peu de choses, elle pouvait bien y trouver remède à sa façon.

"Peut-être bien qu'au fond je ne veux pas lui dire la vérité"

Elle soupira doucement quand elle prit quelques cahiers sur son bureau de travail et s'assit sur le lit. Elle ne se rendit même pas compte que ces mots sortaient de sa bouche fermée déjà depuis quelques heures. Elle soupirait encore une deuxième fois quand elle jetait un long coup d'œil à sa penderie. Comme elle aurait voulu faire son petit sac du week-end aujourd'hui pour s'en voler vendredi soir. Elle a avait tellement envie de beaucoup de choses depuis la dispute avec son employeur, mais prendre son week-end était la chose qu'elle désirait le plus en ce moment. Elle ne pouvait pas, hélas! Le samedi, un repas très important pour les affaires de Hilaire sera organisé, et elle ne pouvait pas rester insensible à la demande de Nicole de rester pour ce week-end.

NORAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant