La lettre

Chapitre 36 : « Le grand jour... »

Insomnie, stress, perte d'appétit, excitation et peur au ventre...

Me caser a toujours été mon rêve, et lorsque ce fut à deux doigts de se réaliser, je fus habité par la peur.

Il n'était pas question de remettre en cause mes sentiments pour Brina. Ce n'était pas cela mais plutôt les tonnes de questions qui me taraudaient l'esprit.

J'étais conscient que je ne pouvais avoir aucune réponse dans l'immédiat. Alors pourquoi me cassai-je la tête en essayant de prédire l'avenir de notre future vie de couple ?

Il faut avouer que ce qui se trame de nos jours dans les mariages fiche énormément la trouille. De plus, les couples ne racontent presque jamais ce qu'il y a de positif au sein de leurs ménages, c'est inquiétant. C'est toujours la même rengaine qui revient : « il n'y a que les débuts du mariage qui sont magnifiques, le reste c'est l'horreur ».

Comment ne pas avoir peur avant mettre d'avoir fait le grand saut ?

En fin de compte, comment faudrait-il définir les mariages d'aujourd'hui ?

J'essayai de me consoler en me disant que c'était déjà un grand pas d'épouser la personne que j'ai jugé « être la bonne ».

Enormément de choses se bousculent dans ma tête mais bon, venons-en au fait: le fameux jour,  la demande de main, notre jour.

Papa, Nidiaye Amadou, des cousins à papa que je ne connaissais même pas encore se rendirent chez tonton Antonio comme prévu. Ils furent très bien reçus et traités. Pendant qu'ils discutaient tranquillement, j'étais dans ma chambre avec Oumar. J'étais aussi sérieux et attentif qu'un élève de terminal attendant que le Jury délibère.

Mon second mariage était vraiment à l'opposé du précédent. Y a-t-il pire que d'épouser une personne pour qui nous n'avons pas le moindre égard encore moins la moindre attirance ?

Cette partie de ma vie restera à jamais gravée dans ma mémoire. Elle avait beau sortir le grand jeu, les choses ne changeaient pas d'un iota. Sans la prière, je ne pense pas que j'aurai tenu. J'avais l'impression d'être un oiseau en cage. Même lui faire l'amour m'était quasi impossible. Je prenais toutes les précautions qu'il fallait afin qu'elle ne tombe pas enceinte. Si cela était arrivé, je me serai senti prisonnier à vie.

Aujourd'hui, elle m'en veut terriblement et a coupé les ponts avec moi. Je trouve son attitude quand même gonflée !

J'étais dans une relation amoureuse stable et prête à épouser ma copine. Ayant toujours eu des sentiments à mon égard, elle a tout fait pour que nos deux mères ( meilleures amies à l'époque ), arrangent un mariage entre nous deux sachant pertinemment que j'étais à deux doigts de me marier. J'ai essayé de la ramener à la raison plusieurs fois en lui disant qu'elle méritait d'avoir à ses côtés, un homme qui éprouve les mêmes sentiments qu'elle voire plus.

Sa réponse était que c'était moi qu'elle voulait et personne d'autre ; qu'elle ferait tout pour me faire oublier mon ex et malgré toute ses formes généreuses, sa belle et sexy collection de lingerie, d'encens, de parfum, elle n'y est jamais parvenue. C'était plutôt à moi de lui en vouloir. Elle était tout aussi fautive que ma mère !

Je sentis Oumar ailleurs. Je n'eus nul besoin de lui demander ce qui n'allait pas car je compris que cela avait un lien avec son ex. Quand je l'interrogeai à ce sujet, il me confia qu'elle lui manquait terriblement et que me voir ainsi à attendre le coup de fil de mon père ou de mon oncle disant que c'était OK, lui rappelait le jour de son mariage.