Deux belles années s'étaient écoulées depuis mon mariage avec Brina, et oui, l'eau a coulé sous les ponts depuis.
Après un an de ménage longue distance, je suis enfin rentré dans mon pays natal, comme convenu. Cela veut-il dire que notre business coule maintenant à flot ?
Non je ne dirai pas cela. Je dirai plutôt que nous sommes des battants et que nous faisons tout pour gagner des marchés. Se lancer dans l'entrepreneuriat n'est pas facile au début, mais il ne faut pas lâcher prise avant d'obtenir des résultats concluants. A un moment donné, nous avions été tentés de fermer boutique et reprendre nos jobs respectifs. Mais une personne très sage m'a rappelé à l'ordre en me disant que rien n'était facile dans cette vie et que baisser les bras serait tout simplement synonyme d'abandon et cette personne n'est autre que mon épouse :
Brina
Comptes- tu abandonner à chaque fois que tu rencontreras un obstacle sur ta route? si c'est cela, autant te coller une balle dans la tête et anticiper ta mort parce que le chemin de la réussite est rempli d'embuche. Ressaisissez-vous, croyez en vous et ça marchera !
Elle sait toujours trouver les mots justes et je pense que cela fait partie des nombreuses raisons pour lesquelles je l'aime. Lorsque l'on choisit un conjoint, c'est important d'avoir une personne qui nous remonte poliment les bretelles quand il le faut. Mais pas un meuble qui se contente d'approuver tout ce que nous faisons. C'est le meilleur moyen de faire couler le navire.
Nous en étions où encore, ah oui ! je suis rentré définitivement à Dakar. Ce ne fut point facile au début car j'étais parti des années durant et j'avais l'impression d'être speed par rapport aux autres. Brina avait fini par louer l'appartement qu'elle voulait près de chez ses parents, uniquement le temps que notre maison soit prête. Il était hors de question que je continue à payer un loyer alors que j'aie des biens. Je sais que vous trouverez certainement mon acte des plus ignobles, mais c'était mon patrimoine, mon héritage. Vous rappelez-vous la maison de mon défunt père ?
Eh bien, elle est actuellement en réfection et dès qu'elle sera prête, ma femme ses parents et moi iront vivre là-bas. Ils habiteront au rez de chaussée et mon épouse et moi occuperont le premier et deuxième étage.
Vous vous demandez ce que j'ai fait des membres de la famille de ma mère qui y vivaient ?
Je les ai tout bonnement fichus dehors après le décès de Nidiaye Amadou. C'est vrai, vous n'étiez pas au courant. Mon oncle s'est malheureusement éteint il y a trois mois de cela. une autre perte très difficile pour moi.
Cet homme était exceptionnel. Durant tout son séjour ici-bas, il n'avait œuvré que pour le bien. Nidiaye Amadou avait tout fait pour que je renoue les liens avec ma mère et pourtant, il était connaissait toute la vérité. Il ne cessait de dire que tout le monde avait droit à une seconde chance. Sa phrase favorite était :
Nidiaye Amadou
Si Dieu nous pardonne lorsque nous l'implorons, qui sommes-nous pour refuser le pardon à notre prochain ?
A son décès, l'accès à la maison m'était encore refusé tout comme lors de l'enterrement de ma mère. Mes tantes effrontées comme tout, osèrent me reprocher de nouveau, d'avoir abandonné ma mère à son triste sort. Plus lâches qu'elles, tu meurs.
Moi encore, j'étais à des milliers de kilomètre et j'ignorai totalement qu'elle était mourante. Et elles ? Quelle est leur excuse ? Il n'en y avait pas une seule qui avait pris soin d'elle que ce soit à la maison ou à l'hôpital. Nidiaye Amadou avait été le seul à y aller nuits et jours. Et elles ont le culot de se tenir devant moi et me reprocher le fait d'avoir tourné le dos à ma mère ?
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La lettre
Mystery / ThrillerBoubacar revient au Sénégal après cinq ans d'absence pour assister à l'enterrement de sa mère. Leurs relations avaient fini par se détériorer et il coupa les ponts avec sa famille. Sa mère lui a laissé une très longue lettre. Que contient-elle?