La lettre

Chapitre 18 : « Papaoutai... ? »

Cela fait trente-sept ans que ma mère me cache que celui que je pensais être mon père ne l'est pas en réalité.

J'ai l'impression que ma vie n'a été que mensonge jusque-là !

Comment peut-on dissimuler une telle chose ? C'est horrible.

Papa est parti en ignorant ce lourd secret ; le connaissant il n'aurait pas supporter cette trahison.

Après tout quel homme serait capable de cautionner un tel écart ? Ce qu'elle a fait est tout simplement impardonnable.

Mon défunt père était mon idole, mon meilleur ami, mon modèle ; celui qui m'a élevé, inculqué de bonnes valeurs, épaulé. C'était un homme formidable et il me manque terriblement.

Quant à mon père biologique, j'ignore ce que je devrai faire le concernant !

Je ne sais même pas par où commencer. Est-il encore en vie ?

C'est la question que je me pose.

Une fois de plus, je serai obligée de me rapprocher de la seule personne habilitée à me fournir des informations sur lui, à savoir Nidiaye Amadou.

Je suis complétement dépassé par les évènements. Cette lettre me donne chaque jour des raisons de détester encore plus cette femme qui m'a porté neuf mois durant dans son ventre.

Commettre un adultère sachant tout ce que cela implique dans la religion ?

Je suis dégouté. En fin de compte qui suis-je vraiment ?

Toute mon existence n'est qu'accumulation de mensonges. Vous savez quoi ? Je vais bruler cette maudite lettre.

Je ne veux plus rien savoir si c'est pour me briser le cœur de nouveau.

Je ne pourrai expliquer mon ressenti.

Vous savez quoi ? Je change de sujet au risque de finir par tomber dans une sombre dépression....

Le fait d'avoir reçu un message de Gaelle me fait penser que je ne vous ai même pas encore parlé d'elle.

Comment suis-je censée vous la présenter ? on va dire que c'est ce que les américains appellent « friends with benefits » ou « amitié améliorée ». A vous de choisir l'expression qui vous conviendra le mieux.

J'ai connu Gaelle lors d'un séminaire nul à chier.

Ce jour-là, je m'ennuyais tellement que j'avais fini par dormir. Je sentis alors un léger coup de pied et quand je rouvris les yeux je vis qu'il provenait de ma voisine de table :

GAELLE

Désolée, mais nous sommes censés travailler en binôme. Ordre de l'animateur.

Au début je pensais que c'était juste pour m'embêter mais je finis vite par me rendre compte que le autres également étaient en train de former des groupes de deux. Je tirai ma chaise pour me rapprocher d'elle et lui demander ce que nous étions censés faire.

Gaelle est Franco Ivoirienne. Sa mère est Française et son père Ivoirien. Elle est née en France mais va chaque année en vacance en Côte d'Ivoire. Ce pays qu'elle aime tant et dont elle ne cesse de tarir d'éloges.

J'adore passer du temps avec elle, surtout quand je me sens seul. Elle a été là pour moi lorsque j'en avais le plus besoin même si elle n'a jusque là pas réussi à me faire oublier Marième.

Gaelle a toujours voulu plus que ce que je lui offre mais je lui ai toujours clairement fait comprendre que j'étais épris d'une autre personne. Il arrive qu'elle se rebelle parfois en me disant qu'elle n'en peux plus et décline toutes mes invitations.