Chapitre 13

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Les jours qui suivent sont difficiles. Je récupère trop doucement à mon goût, mais rapidement d'après l'équipe médicale et paramédicale qui m'entoure. Je débute rapidement les soins de kiné et d'orthophonie.

Le Dr Nadon m'a autorisée à assister aux funérailles de Max en fauteuil roulant. 

La cérémonie est très belle, très touchante, et beaucoup de monde a fait le déplacement.

Enfin... « Robe rose fuchsia » ne s'est pas déplacée, ni Marjorie, ni Sully, mais quelques autres personnes de la boîte étaient là. La frivolité de ces relations, de ce petit monde m'a sauté aux yeux. Ce que vous représentez dans ce monde intéresse les gens, beaucoup moins qui vous êtes vraiment. A fortiori, quand les problèmes commencent, il n'y a plus personne.

Benjamin a prononcé un discours lors des funérailles, duquel sa culpabilité transparaissait.

Assise sur un même rang dans la salle dédiée, la petite bande d'amis que nous formons est réunie, et nous nous tenons par la main. Ses mots nous ont tous beaucoup ébranlés, car nous portons tous cette part de culpabilité. La mienne est immense, le discours de Benjamin me touche si fort que j'arrive à peine à respirer entre deux sanglots.

Sa détresse n'a d'égale que l'amitié qu'il lui portait, et sa prise de parole est suivie d'un long silence, seulement troublée par les pleurs de quelques personnes dans l'assemblée. Les parents de Max l'ont enlacé après son discours, comme pour le convaincre qu'il n'y pouvait rien et qu'ils le savaient.

Ces deux personnes, que j'ai beaucoup côtoyées et que j'apprécie énormément, forcent le respect, par leur dignité et leur force dans l'épreuve. J'aurais aimé leur parler, pouvoir aller leur rendre visite, les embrasser, comme la deuxième famille qu'ils ont été pour moi durant ces 3 belles années. Mais ce n'est plus ma place, et j'ai choisi de simplement les saluer de la main en arrivant.

Je n'ai pas été autorisée à sortir de l'hôpital plus longtemps que la cérémonie, aussi l'ambulance m'attend à la sortie de l'église. J'embrasse mes amis, puis ma mère, qui est venue aussi, me pousse jusqu'au véhicule. Elle s'arrête soudain. La mère de Max a couru pour nous rattraper, elle est venue m'embrasser, elle pleure un peu dans mes bras. Je ne sais pas quoi lui dire, alors je caresse son dos avec ma main droite.

Elle se redresse, toussote comme pour reprendre ses esprits, et prend la parole :

- Merci d'être venue dans ton état.

Elle baisse les yeux, prend une grande inspiration avant de continuer, la voix chevrotante :

- Ma seule consolation, c'est de savoir qu'il aura bien vécu sa vie, qu'il aura profité et testé tout ce qui l'intéressait. Et, même si votre histoire était terminée, je peux t'assurer que tu as été la plus belle chose qui lui soit arrivée. Tu seras toujours dans notre cœur pour ce bonheur que tu lui as apporté. Donne-nous de tes nouvelles Julia. Il manque de vie dans notre maison, maintenant que vous n'y êtes plus.

Sa voix se casse, alors que les larmes coulent abondamment sur mes joues.

- Si j'avais dû avoir une autre mère que la mienne, c'est vous que j'aurais choisie. Vous l'avez toujours soutenu et épaulé, il vous adorait. Je regrette tellement de ne pas avoir été assise à sa place, j'aurais tellement voulu que ça n'arrive pas... Je m'en veux tellement de vivre alors que lui est décédé...

- Non, ne dis pas ça. Ce chauffard lui a ôté la vie mais il vous a aussi enlevé votre innocence. J'en suis profondément peinée... Prends soin de toi. On se verra au plus tard au procès.

Et après une dernière accolade, elle tourne les talons. Ma mère reprend le chemin de l'ambulance, tandis que je lui demande:

- Le procès ? Quel procès ?

Sous des cieux plus cléments [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant