Chapitre 32

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Point de vue de Julia

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J'ai l'impression de m'être jetée dans le vide. J'ai tellement peur, tellement mal, tellement d'espoir, tellement d'amour qui me traversent à la fois que ce cocktail détonant d'émotions me fait trembler, transpirer, tachycardiser, et me donne envie de vomir.

Ça turbine très fort, très vite dans mon cerveau. Alex a raison, j'ai tiré des conclusions hâtives, je n'ai pas cherché à l'écouter, à lui permettre de s'expliquer. Il a pourtant tout fait pour me faire comprendre ses sentiments, mais je n'ai pas voulu voir, je n'ai pas réussi à lire entre les lignes.

Aurait-il tort de me rejeter ? Aurait-il raison de m'en vouloir ? Ou peut-être que lui aussi m'aime, assez pour me pardonner. Ou alors, il a déjà tourné la page et souhaitait juste me faire souffrir autant que je l'ai blessé...

Et maintenant, alors qu'il est immobile et muet devant moi, je pleure de peur qu'il soit trop tard pour nous. J'attends qu'il parle, qu'il me dise quelque chose, même si c'est de partir.

J'ai perdu le fil de notre conversation, je ne sais plus comment j'en suis arrivée à lui révéler que je l'aime, tout se bouscule dans ma tête, avec ce goût amer au fond de la bouche, cette sensation d'avoir tout gâché, et cette adrénaline qui fait battre mon cœur trop fort.

Les secondes s'étirent comme des heures, et je me demande si je ne devrais pas partir face à son mutisme.

J'en suis là de mes considérations quand il se lève et vient se planter devant moi, son regard rivé au mien.

- Que devient David là-dedans ?

J'avais imaginé des centaines de scenarios, mais aucun ne commençait par cette question. Aussi, j'ai tellement peu l'habitude de l'appeler par son prénom qu'il me faut quelques secondes à chaque fois pour comprendre de qui on parle.

Surprise, dans une très grande incompréhension, je reprends mes esprits et l'interroge :

- David ? Mais qu'est-ce qu'il vient faire là-dedans ?!

- Après ce que tu lui as dit, ce que j'ai entendu, j'imagine que vous êtes ensemble.

- Je... Je ne vois pas de quoi tu parles, Alex...

- Tu étais pourtant au téléphone le soir de ton départ, à dire toutes ces choses sur l'amour que tu ressentais pour ton interlocuteur.

J'essaie de me repasser le film de la soirée dans ma tête, puis ça me revient. J'éclate de rire et je dois avoir l'air d'une folle, à voir l'expression sur son visage, qui ne fait que renforcer mon fou rire, et les larmes jaillissent de mes yeux sans que je puisse les arrêter.

- Il y a tant de malentendus entre nous Alex, dis-je en posant ma main sur sa joue. J'étais bien en ligne avec Sully ce soir-là, enfin David, mais il me demandait d'être honnête avec moi-même et de m'exprimer comme si tu étais face à moi. Il m'a demandé de me déclarer comme je le ferais devant toi, pour libérer ma parole et mes inhibitions. Il était persuadé que tu viendrais me rejoindre, que ça ne pouvait être qu'un malentendu.

- Comme un putain de jeu de rôle ?

- Comme un putain de jeu de rôle, oui, lui réponds-je, soulagée.

Sans un mot, il fond sur ma bouche et la dévore comme si sa vie en dépendait. Répondant à la même ardeur à son baiser, j'enroule mes bras autour de son cou et colle mon corps au sien. Il me plaque contre lui d'une main sur la cambrure de mon dos sans quitter mes lèvres, et nous restons de longues minutes collés ainsi l'un à l'autre, à nous embrasser passionnément.

Je me sens à ma place dans ses bras, mieux que nulle part ailleurs. Cet homme qui m'a fait vibrer dès la première minute, qui a su me séduire, me comprendre, me faire rire et me charmer est désormais au courant que je l'aime, plus fort que tout, et le soulagement que je ressens au plus profond de mon être n'a d'égal que le désir que j'ai de lui à cet instant.

Il interrompt notre baiser en me souriant, place ses mains sous mes cuisses et me soulève de sorte que j'enroule mes jambes autour de sa taille. Nous rentrons dans la chambre, et il me dépose avec précaution sur le lit. En appui sur ses bras, postés de chaque côté de ma tête, il m'observe longuement, un sourire qui me fait fondre irrémédiablement accroché sur son visage.

Je resserre l'étau de mes jambes autour de sa taille, pour l'obliger à s'approcher de moi, mais il résiste, et avec une tendresse infinie se penche sur mon visage, le caresse et plante ses yeux dans les miens.

- Moi aussi je t'aime Julia.

Mon cœur bat la chamade, et le feu qui s'allume en moi est inédit, une chaleur inonde mon être. Ce sentiment ne me quittera jamais, j'en suis certaine à cet instant : je suis exactement où je devrais être, il n'y aura jamais de meilleur endroit pour moi que l'écrin de ses bras.

Nous recommençons à nous embrasser avec fougue, tandis qu'il entreprend de me déshabiller. Ayant ôté mon haut, je savoure le contact de sa main sur mon ventre, tandis qu'il remonte en direction de ma poitrine, délivrant de délicieux frissons le long de mon épine dorsale, qu'il vient honorer de mille baisers.

Atteignant enfin la barrière de dentelle qui retient mes tétons dressés vers lui, il l'écarte et gobe la pointe durcie, qu'il suce et lèche avec avidité, faisant naître un feu intense au sein de mon intimité déjà humide. Faisant subir le même sort à l'autre extrémité, il déboutonne mon jean, pendant que je me débarrasse d'un coup de pied de mes chaussures. Sa bouche rejoint sa main et taquine mon clitoris déjà embrasé à travers la barrière de tissu tout en enlevant mon pantalon.

J'ai envie de le sentir, mon corps s'est langui de son absence, il est très sensible à chacun de nos contacts et je suis complètement hors du temps et de l'espace, toute dévouée à notre plaisir respectif.

Son souffle chaud sur mon shorty joue avec mon excitation et un cri m'échappe quand son doigt atteint l'entrée de mon vagin complètement trempée désormais. Il redresse la tête et, un sourire aux lèvres, plante son regard dans le mien, avant d'approcher sa bouche de mon mont de plaisir, qu'il taquine à travers le tissu.

Crochetant ses doigts de chaque côté du sous-vêtement, il le fait descendre lentement le long de mes cuisses, puis de mes mollets, et le dégage enfin de mes chevilles. Il écarte mes jambes et se positionne à genoux entre elles, remontant doucement les mains jusqu'à mon entrejambe enflammé et avide de ses caresses. Sa langue lèche la peau de mes cuisses dans une lente mais délicieuse torture, et nos regards liés dévoilent l'immensité du désir et de l'amour que nous ressentons l'un pour l'autre à cet instant.

Il pose sa bouche sur le cœur de mon plaisir, et lui prodigue de douces caresses, léchant, suçotant, aspirant et mordillant mon extrémité tendue. Fébrilement, je sens le plaisir m'envahir par vagues, et commence à perdre pied. Comme s'il le sentait, mon doux tortionnaire insère deux doigts dans mes chairs trempées, débutant un va-et-vient qui s'accélère rapidement, au rythme de mes halètements et de corps qui réclame encore de ce bonheur.

La jouissance m'atteint, plus fort que jamais, laissant échapper le fruit de mon plaisir dont il se délecte.

Retombant sur terre peu à peu, je retrouve Alex allongé près de moi, un sourire satisfait aux lèvres d'avoir provoqué en moi ce summum d'extase. Nous nous dévorons du regard, puis unissons à nouveau nos lèvres, avides de continuer nos activités, quand la vibration d'un téléphone nous interrompt. Nous décidons de ne pas y porter attention, mais celle-ci reprend, et se reproduit plusieurs fois.

- C'est peut-être urgent, lui dis-je, m'écartant de son étreinte.

- Rien n'est plus urgent que nous deux, ici, réunis, me dit-il avec un adorable sourire sur le visage.

Mon téléphone se met alors à sonner également, et nous comprenons qu'il est impératif de quitter notre nuage pour comprendre ce qu'il se passe.

- WOW ! 9 appels en absence, hallucine-t-il, debout devant la console où se trouve son téléphone, nu comme un ver et plus sexy que jamais.

Calme-toi, c'est la pause Julia.

Essayant de garder mon calme, enveloppée dans un drap par pudeur, je l'interroge.

- De qui sont-ils ? Moi c'est Jane qui m'a appelée. Ah bah elle rappelle justement, dis-je en décrochant, tandis qu'Alex rappelle lui aussi son interlocuteur en sortant sur la terrasse, toujours en tenue d'Adam.

- Allo ?

- Julia ? C'est Jane. Est-ce que tu as eu Alex au téléphone ce soir ? On n'arrive pas à le joindre.

- Euh... Je suis avec lui là, est-ce que quelque chose ne va pas ?

J'entends Alex crier de l'autre côté de la baie vitrée.

- Vicky a accouché il y a quinze minutes ! C'est une fille !

Je crie à mon tour et Alex me rejoint, visiblement radieux de cette heureuse nouvelle. Il me soulève et me fait tournoyer dans les airs, laissant échapper le drap qui me couvrait, mais qu'importe, nous sommes purement heureux.

- Bon, ça a l'air d'aller mieux vous deux apparemment, dit Jane dans le téléphone, l'air un peu blasé.

Alex me tire le téléphone de la main pour le porter à son oreille et répondre à sa sœur, en anglais :

- Don't worry, everything's perfect, I'll explain later. I'll call you. Love you.

Et il raccroche sans un mot de plus, mais en me faisant basculer sur le lit et jetant le téléphone au sol, loin de nous.

Cette nuit-là, après avoir fait l'amour, nous avons beaucoup parlé. De ce que nous ressentions, de nos peurs, de la distance, de l'avenir mais surtout de la relation que nous avions envie de construire, car une chose était sûre, nous n'envisagions la suite qu'à deux.

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Décembre 2010 / Point de vue d'Alex
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- Et voilà le dernier joli cadeau tout doux pour la petite Violet ! Oh oh oh !

Le Père Noël a fini sa distribution annuelle de cadeaux, et va maintenant s'éclipser pour poursuivre ses activités auprès d'autres enfants.

Julia, assise près de moi, assiste à son premier Noël chez les Gaudreau. Sa mère a été conviée également, et profite de son premier « temps des fêtes » québécois.

Nous avons décidé de nous réunir au chalet, bien plus vaste que la maison familiale, et j'en ai profité pour proposer à Julia de dormir dans mon chalet, pour plus d'intimité. Elle m'a manqué ces dernières semaines, préparant ses examens, elle n'a que peu eu l'opportunité de me rejoindre sur Paris depuis nos retrouvailles.

Nous nous apprêtons à retourner à table, les cadeaux ouverts n'ayant pas eu raison de notre appétit, quand Julia me retient par le bras.

- Attends, le Père Noël a oublié un dernier petit cadeau pour toi, me glisse-t-elle en aparté.

Mon esprit voguant déjà vers des délices inavouables, je lui adresse un sourire coquin, qu'elle balaie en me tapant sur le bras et me tend une enveloppe.

- Tiens, lis ça plutôt, me dit-elle en riant.

J'ouvre l'enveloppe, en extrais la feuille de papier pliée en 3 et lis à voix basse, pour nous deux :

" Mademoiselle,

Nous avons le plaisir de vous informer que vous avez été acceptée dans le programme de droit international de l'Université du Québec à Montréal, pour la rentrée intermédiaire de janvier 2011. "

Je lâche le courrier et la prends dans mes bras, la faisant voler dans les airs en tournoyant.

- Pour vrai ?! Tu t'installes ici ?

Elle hoche la tête timidement, comme pour chercher mon approbation.

Pour seule réponse, je l'embrasse avec ardeur et c'est mon père qui nous interrompt :

- Peut-être que vous voudriez bien partager la bonne nouvelle avec nous cette fois ?

Julia et moi rions, mes parents ayant été ravis d'apprendre notre relation mais fâchés d'avoir été obligés de la deviner durant ce fabuleux été. Elle m'invite d'un signe de tête à leur dire :

- Ma douce ne part plus, elle reste au Québec au moins jusqu'à la fin de l'année scolaire !

Tout le monde se réjouit de cette nouvelle, et vient embrasser Julia et la féliciter.

La soirée se poursuit jusqu'à tard dans la nuit dans une ambiance festive et joyeuse, puis nous rejoignons mon chalet pour fêter ça à notre façon.

Sous des cieux plus cléments [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant