Chapitre 20

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Pour ce deuxième jour au chalet, je suis réveillée par une douce odeur de café qui vient chatouiller mes narines. Le soleil brille déjà haut dans le ciel. Après avoir enfilé rapidement des vêtements, je descends rejoindre la famille autour de la table du petit déjeuner.
 
- Bonjour Julia ! m’accueille Marie-Eve avec un sourire chaleureux. Bien dormi ?
- Oui, très ! Avec le calme environnant, j’ai l’impression de ne pas avoir aussi bien dormi depuis longtemps !
- Ahahah oui, je connais bien cet effet ! Je prépare des pancakes, tu veux bien m’aider ?
- Bien sûr ! Je vais enfin découvrir le secret pour réussir des pancakes !
- Et tu pourras les faire goûter à ta famille à ton retour, ponctue-t-elle avec un clin d’œil.
- Les autres sont encore couchés ? dis-je, sans transition.
- Je ne crois pas… Quoique, j’ai entendu du bruit un peu plus tôt ce matin. Peut-être Jane qui est partie courir, c’est son petit rituel ici.
 
Nous continuons à discuter en cuisinant. André nous rejoint une dizaine de minutes plus tard, puis la petite famille de Vicky fait son apparition, accompagnée par Katie. Nous nous mettons à table lorsque des cris nous parviennent depuis l’entrée, et nous voyons arriver, rouges et en sueur, Jane et Alex, visiblement de retour de leur footing matinal.
 
- Papa, je lui ai mis la pâtée ! proclame fièrement Jane ! Tu l’aurais vu, il cherchait son souffle ! Tu manques d’entraînement, lui assène-t-elle dans une bourrade complice.
 
- J’avoue, d’habitude c’est moi qui provoque le souffle court chez les filles, mais là, little sister, je dois reconnaître ma défaite !
 
Elle tire la langue en guise de réponse, tandis que l’ensemble de la tablée lève les yeux au ciel.
 
- Prétentieux ! lui lance Vicky. Allez, venez à table, on vous attendait.
 
Le petit-déjeuner se passe dans la bonne humeur générale, Jane et Alex se chamaillent encore, puis l’attention se porte soudainement sur moi, quand ils évoquent leurs performances au grand plongeon.
 
- Julia, sais-tu ce que nous allons faire aujourd’hui ?
 
Un pancake dans la bouche, les yeux écarquillés, je finis de mâcher et déglutis lentement face à ces paires d’yeux rieurs braquées sur moi, attendant une réponse.
 
- Euh non, dis-je avec un soupçon d’appréhension.
 
- Est-ce que tu as le vertige ?
- Est-ce que tu aimes les sensations fortes ?
- Est-ce que tu aimes grimper ?
 
Leurs questions fusent et ils rient face à ma confusion et mon inquiétude qui s’amplifient… Que vont-ils me faire faire… Pas un saut à l’élastique quand même ! Mon anxiété doit transparaitre puisqu’André me rassure immédiatement.
 
- Ne t’inquiète pas, tu n’auras pas à escalader des montagnes ou quoi que ce soit de ce genre. C’est une activité que nous pratiquons en famille depuis toujours.
- Je t’ai déjà parlé du canyoning, il me semble. Tu t’en souviens ? m’interpelle Jane.
- Oh oui, c’est ce truc où tu fais des glissades et des sauts de très haut dans l’eau froide ? Où tu t’es blessée la fois dernière ?
- Ah, euh… oui, reprend-elle visiblement gênée de m’en avoir donné cette image. Mais c’était surtout vraiment l’fun, et la blessure, c’est arrivé juste une fois, par manque de vigilance.
- Oui, tu vas voir, c’est top ! Bon ok, faut être un peu casse-cou, mais je suis sûr que tu vas aimer ça, me rassure Alex.
- Vicky, Dan et Neil resteront au chalet, l’activité étant incompatible avec la grossesse, et Neil étant trop petit pour y participer, me précise Marie-Eve, en caressant délicatement la joue de son petit-fils.
- Pour nous, c’est journée jeux en famille, nous allons aller au centre aquatique, déclare Vicky en souriant. Profitez bien !
 
Sa déclaration est ponctuée d’une exclamation heureuse de Neil, qui provoque un rire général.

Nous débarrassons la table, et André me donne les consignes pour le canyoning. Je monte préparer mon sac et me changer, pendant que Jane et Alex profitent des deux salles de bain du haut pour se doucher, et que le reste de la famille s’affaire à préparer le pique-nique.
 
Trente minutes plus tard, dans ce que j’appellerai un miracle d’efficacité, nous embarquons dans le grand SUV tous les 6, et roulons une petite heure avant d’arriver à la base de départ. Première épreuve, enfiler les combinaisons de plongée. Je n’ai jamais porté une chose pareille, et les conseils contradictoires d’Alex et de Jane qui se chamaillent ne m’aident que très peu. C’est finalement Katie qui vient me prêter main forte avec une efficacité redoutable.
 
Une fois équipés, l’instructeur nous explique les consignes.
 
- … Et vous serez donc en autonomie sur le parcours, et partirez en binôme, pour assurer votre sécurité. C’est bon pour vous ?
- S’il y a bien quelque chose de certain, c’est que vous deux, vous ne serez pas un binôme, assène André en désignant Jane et Alex du doigt. Vous êtes infernaux aujourd’hui.
- Ok, donc Alex avec Julia, au cas où elle aurait un souci. Tu as de la force pour la hisser si besoin. Et Jane avec Katie, tranche Marie-Eve.
 
Nous débutons le parcours par quelques obstacles naturels faciles à franchir, des cascades magnifiques. Mes piètres talents de nageuse ne sont pas sollicités grâce à la combinaison de plongée qui me maintient à flots, même si je bois la tasse régulièrement lors des chutes. Nous restons à 6, les binômes ne nous sont d’aucune utilité, jusqu’à ce qu’un passage étroit se présente. Par sécurité, il est nécessaire de respecter un délai entre chaque binôme. Alex, sentant sûrement mon appréhension, me propose d’y passer en dernier.
 
Les parents Gaudreau initient le mouvement. Nous les entendons glisser, crier puis un grand « splash » se fait entendre. Je tourne un regard effrayé vers Alex, qui pose ses mains sur mes épaules.
 
- Oui, bon, le passage est étroit mais surtout la chute est assez raide ensuite. C’est pour ça qu’il faut attendre un peu, le temps que chacun remonte à la surface.
- QUOI ?! Non non non, je ne peux pas !
- Allez, ça va le faire, ne t’en fais pas. Je suis avec toi, et même mes parents le font.
 
Il prend délicatement mon menton entre son pouce et son index, et plante son regard dans le mien comme pour me donner sa parole.
 
Bon, il m’avait déjà convaincue à « même mes parents le font », mais je ne refuse jamais un instant de tendresse de sa part.
 
Nous entendons un cri puis le gros « splash » qui suit le passage de Jane et Katie, et il m’explique alors comment traverser le passage. Arrivés au bout, nous devons nous asseoir sur un rebord pour la grande glissade. Il s’assied derrière moi, ses jambes le long des miennes, et il entoure mon corps de ses bras en ramenant mon dos contre son torse. Je frissonne à son contact, et il dépose un chaste baiser sur ma joue. D’une poussée, il nous propulse dans le vide et nous crions avant de rencontrer l’eau.
 
L’après-midi est bien entamée quand nous finissons le parcours, affamés et fatigués.
 
- Alors, chère, ça t’a plu ? m’interroge Marie-Eve, en me tendant un sandwich au thon.
 
Je secoue verticalement la tête en signe d’approbation, ne pouvant attendre plus longtemps pour manger. La mayonnaise, le thon, les oignons rouges, la tomate, le concombre, toutes les saveurs explosent dans ma bouche, et je laisse échapper un grognement de satisfaction, qui fait rire toute la petite troupe.
 
- Oui beaucoup ! C’était super ! J’ai eu un peu peur à certains moments, mais je le referais sans crainte à l’avenir !
- Etait-elle une binôme douée, fiston ?
- Une excellente binôme, lui répond-il en plantant son regard troublant dans le mien provoquant une myriade de frissons le long de ma colonne vertébrale.
 
Je m’éclaircis la gorge pour chasser mes pensées déplacées, et les remercie de m’avoir fait découvrir l’activité.
 
Nous reprenons la route et je m’endors rapidement.

Sous des cieux plus cléments [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant