Sous des cieux plus cléments [TERMINÉ]

Chapitre 18

Un bruit de fond et des secousses...

Dans le brouillard de mon cerveau endormi, je me sens rebondir, secouée, chahutée.

L'angoisse me saisit, cette sensation d'être une poupée de chiffon me rappelle des instants douloureux. Ma gorge se serre, les larmes perlent à mes yeux, que je peine à ouvrir.

Mon trouble doit se lire sur mon visage, car les secousses cessent, et la voix pleine d'inquiétude de Jane s'immisce dans mes réminiscences :

- Julia, ça va ?

Un sanglot et un soupir lui répondent, alors que je me force à ouvrir les yeux. Une boule dans mon estomac m'empêche d'oublier la désagréable, mais néanmoins familière, sensation qu'elle a réveillée en moi en sautant sur mon lit. Putain, qu'est-ce qui cloche chez moi...

- Ma chérie, pardon, je ne voulais pas te brusquer. On part au chalet, il faut se lever, il est 9h.

Je sens qu'elle est totalement déstabilisée par ma réaction, elle qui débordait de bonne humeur initialement. Je souffle un grand coup, avant de lui donner une explication.

- C'est moi pardon... Les secousses m'ont rappelé... tu sais... l'accident... dis-je en baissant la tête.

Un petit cri désolé lui échappe et ses bras m'enlacent immédiatement.

- Je suis tellement navrée, je ne pensais pas que... Pardon, tellement pardon... souffle-t-elle dans mes cheveux.

Je me reprends, inutile de me laisser gagner par cette angoisse et de la transmettre à mon amie. Aujourd'hui est une belle journée, attendue de tous depuis longtemps, et j'ai envie d'en profiter pleinement. Comme à mon habitude, j'enfouis loin en moi le problème et décide de ne pas me laisser miner.

- Allez, n'en parlons plus ! Nous allons au chalet, j'ai trop hâte OSTIE, dis-je en riant à mon amie. Désolée pour ce réveil, mais hauts les cœurs, que la fête commence !

- Ok, la québécoise d'adoption ! me répond-elle, amusée mais dubitative, puis reprenant son sérieux. On en reparle quand tu veux ma douce, c'est important que tu exprimes tes angoisses !

- Ouais, mais pas là, pas maintenant, pas avant d'aller au chalet ! conclus-je en sortant du lit avec une énergie un peu forcée.

Je m'habille tandis que Jane fourre mon pyjama dans mon sac de voyage, et me tend ma brosse à cheveux et un élastique, avant de ranger également mes affaires de toilettes.

- Zou ! Ah non, comment tu disais en France déjà... (elle réfléchit en tapotant sa bouche de son index, puis s'illumine soudain, levant le dit index) En avant Guingamp ! C'est ça hein ?

- Oui madame !

Nous descendons les escaliers en riant, et rejoignons la cuisine dans laquelle l'atmosphère est légère. Tout le monde est excité par ces retrouvailles familiales au chalet, et je commence à craindre d'être de trop dans cette réunion tant attendue.

Comme pour calmer mes peurs inavouées, Marie-Eve pose son bras sur mes épaules, fait claquer un baiser sur ma joue, et m'invite à m'installer à la table pour prendre un café avant de partir.

- Qui monte en voiture avec qui ? s'enquit Jane.

- Vicky se rend directement au chalet, on les retrouve sur place. Elle embarque Alex aussi.

- Il va pouvoir passer un bon voyage avec le petit à l'arrière, dit-elle en riant. Pour sûr qu'il est sorti hier soir en plus, il va cogner des clous, j'espère pour lui que le petit aussi !

Je suis leur échange comme un arbitre de tennis, et mon désarroi me fige dans leur échange. « Cogner des clous » ... Je demanderai à Jane plus tard ce que cela signifie.