Chapitre 22

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Nous venons de terminer de préparer le déjeuner quand les voisins débarquent. Nous filons à l'étage pour nous préparer avant qu'ils n'entrent dans la maison. Je sens bien l'excitation qui habite mon amie depuis l'annonce de leur venue, et je m'interroge sur l'objet de toute cette agitation.
 
Je m'habille et me maquille sobrement, la crise d'angoisse n'a fort heureusement pas laissé de trace sur mon visage. Vêtue d'une longue robe grise sans manches au tissu fluide, j'enfile des baskets en toile blanche, et sors de la salle de bains. Le bruit sur la terrasse m'indique que les festivités ont déjà débuté, aussi je jette rapidement mes affaires de toilette dans ma chambre et me dépêche d'en sortir pour rejoindre les convives.
 
Or, lorsque que je me retourne, je rencontre un torse contre lequel je me cogne, puis tombe en arrière. J'essaie d'attraper la main tendue de mon « agresseur », mais je ne fais que le déstabiliser lui aussi et nous tombons l'un sur l'autre sur le sol de ma chambre. Appuyé sur ses bras, les mains postées de chaque côté de ma tête, Alex semble prendre conscience de l'équivoque de la situation. D'un mouvement vif, il ferme la porte d'un coup de pied, et vient écraser ses lèvres sur les miennes.
 
Mon cœur bat si fort (le traitre !) que je suis sûre qu'il peut le sentir contre sa poitrine. Allongé sur moi, je sens sa chaleur m'envahir et son membre dressé est collé contre ma cuisse. Comme un réflexe primaire, mes jambes s'écartent pour lui laisser l'accès à mon intimité, mais ma robe longue m'en empêche.
 
Alex semble sentir ma détresse face à la résistance de ma robe alors que je me tortille pour tenter de la remonter.
 
- Heureusement que tu as ta robe de chasteté, je ne sais pas comment cela aurait fini, dit-il en se redressant et en riant, rompant volontairement la chaleur de cet instant.
 
Posant un délicat baiser sur mes lèvres, il m'aide ensuite à me relever, alors que la porte s'ouvre à la volée, laissant apparaître Jane, plus belle que jamais dans une robe courte qui met en valeur son corps parfaitement sculpté par les heures de danse, et sa beauté sublimée par un maquillage léger savamment réalisé.
 
- Waouh Jane, tu es superbe ! lui dis-je.
 
Diversion maladroite mais non calculée, qui n'a aucun effet sur l'humeur de mon amie.
Sans un regard pour moi, son sourire s'évanouit lorsqu'elle aperçoit son frère dans ma chambre. Après plusieurs longues secondes de silence où elle semble tenter de se calmer, elle s'adresse enfin à moi d'un ton tranchant, un éclat dur dans le regard :
 
- Je t'ai prévenue Julia, tu ne viendras pas te plaindre auprès de moi. Je veux bien tenter de te protéger, mais si tu ne te protèges pas toi-même, je ne peux rien faire pour toi ! Je descends.
 
Mon amie n'a jamais été aussi dure avec moi. Sa mise en garde m'interpelle, je me sens extrêmement mal à l'aise. Alex, toujours à mes côtés, est resté figé, la mâchoire serrée, et je sens qu'il se contient pour ne pas laisser sa colère déferler.
 
- Je suis désolée, elle a sûrement raison, nous ne devrions pas faire ça. Et vu l'état dans lequel ça vous met tous les deux, j'en suis même certaine, lui dis-je.
- Ouais, bah ouais, évidemment. Pourquoi accorder le bénéfice du doute à un mec comme moi de toute façon... allez, c'est bon ! m'assène-t-il, vibrant de colère.
 
Il regagne sa chambre, dont il claque la porte.
 
Visiblement, c'est une habitude dans cette famille, tout comme de se parler quand on se dispute, vu que je vois mon amie remonter les escaliers, les joues rouges, alors que je m'apprête à les descendre. Elle s'adresse à moi sans me regarder, tout en se dirigeant vers la porte de son frère.
 
- T'es attendue en bas, ma mère m'a renvoyée en haut sous un faux prétexte. Ce qui veut dire que je dois parler à mon frère...
 
Ah bah super l'ambiance... Je descends donc seule, le rose aux joues après toutes ces émotions successives, et un mal de crâne débutant.
 
Une fois les présentations faites avec les invités, je m'installe à côté de Katie à table, et nous discutons joyeusement avec Vicky, en prenant l'apéritif. Toutefois, le ventre noué, j'attends toujours de voir revenir mon amie et son frère. J'ai l'impression qu'ils discutent depuis une heure au moins.
 
- Ne t'inquiète pas, me dit Vicky alors que je jette un œil à travers la baie vitrée à nouveau. Ils sont très proches, tout le monde les prenait pour des jumeaux quand ils étaient petits. Du coup, leur relation est très forte aussi. Tout prend des proportions incroyables avec eux à chaque fois. Mais (elle baisse la voix) je suis persuadée qu'Alex ne te veut aucun mal. Au contraire, me glisse-t-elle avec un clin d'œil.
 
Cette femme, qui ne doit pas être beaucoup plus âgée que moi, me donne l'impression d'être omnisciente. Elle semble être au courant de tout, et je me demande finalement qui, dans cette famille, est vraiment dupe de ce qui se passe entre Alex et moi. Comme pour répondre à ma réflexion silencieuse, Vicky reprend la parole, toujours à voix basse.
 
- Ce qui vibre entre vous, c'est au-delà de ce que vous pouvez maîtriser. Ça tient de l'alchimie, vous n'y pouvez rien. Dis-moi si je me trompe, mais vous me semblez attirés comme des aimants tous les deux.
- C'est vrai, dis-je en rougissant.
- Alors vivez-la cette histoire. C'est les vacances, c'est facile ! Si ça dure tant mieux, si ça n'a pas de suite, au moins vous en aurez profité et la vie continuera quoiqu'il en soit après !
- Hey ! Pourquoi ça ne s'applique jamais à moi ce genre de conseils ?! demande Katie, en feignant d'être outrée.
- Parce que toi, young lady, tu es ma petite sœur et mon devoir est de te protéger tant que tu es encore jeune et naïve. Julia, elle, me semble avoir la tête sur les épaules et surtout c'est une adulte. Elle a du vécu. Tu verras quand tu auras notre âge.
- Quand je serai vieille, tu veux dire ? répond Katie en toute provocation.
 
Nous lui tirons la langue spontanément en simultané, et rions. C'est à ce moment que réapparaissent Jane et Alex, souriants et complices, comme si rien ne s'était passé.
 
Ils viennent s'installer près de nous, et la conversation change de sujet naturellement. Je réfléchis au conseil de Vicky. Après tout, ce qu'elle dit semble sensé, carpe diem, profitons de chaque jour comme si c'était le dernier. C'est comme ça que je devrais réfléchir, surtout depuis que la vie m'a prouvé à quel point elle ne tenait qu'à un fil. Ragaillardie par cet échange, je prends cette résolution dans ma tête, et retourne à la conversation collective.
 
Les échanges portent sur la vie de chacun, les deux familles ne se rencontrant visiblement que lors de leurs séjours estivaux dans les Laurentides.
 
Les Maxwell ont trois enfants, deux grands garçons qui semblent avoir entre 20 et 25 ans, et une fille plus jeune, sensiblement l'âge de Katie. Ce couple de quinquagénaires réside dans la ville de Québec, et ne voient leurs garçons que l'été et à Noël, puisqu'ils ont déjà quitté le nid. L'un d'eux, le plus âgé, explique qu'il travaille dans le bâtiment dans le Nord, ce qui peut expliquer sa carrure. Jane n'a d'yeux que pour lui, et je comprends mieux l'intérêt qu'elle portait à la venue des Maxwell.
 
D'ailleurs, elle l'apostrophe pour l'interroger plus sur sa vie :
 
-          Et donc Gary, dit-elle d'une voix mielleuse que je connais bien, tu vis où le reste du temps ? Il n'y a pas du travail à l'année dans le Nord, si ?
 
Pour être tout à fait honnête, je ne comprends pas tout ce que dit Gary. Son accent québécois est très prononcé, et je perds le fil de la conversation. Je tourne mon regard vers le ponton, et mes yeux croisent ceux d'Alex, assis en face de moi. Je lui adresse un sourire timide, auquel il répond par un clin d'œil sexy.
 
Pfiou qu'il fait chaud sur cette terrasse !
 
J'en suis là de mes réflexions quand Vicky me donne un coup de coude, me ramenant à la réalité.
 
- Julia, William te demande ce que tu fais ici, et dans la vie, me résume Vicky.
 
Cette femme est une sainte, il faudra que je pense à la remercier de nous couvrir ainsi.
 
-  Oh moi, eh bien...
 
Alors que j'explique au fameux William mes études, ma rencontre avec Jane et l'invitation par sa famille à passer les vacances avec eux, je constate que celui-ci boit mes paroles. Pour tout dire, je suis même un peu gênée par son regard fixé sur ma bouche, il semble très intéressé par ce que je raconte, mais pas que.
 
Alex aussi semble l'avoir remarqué, puisque son pied fait des va et vient le long de ma jambe de façon presque frénétique.
 
Par courtoisie, je demande également à William ce qu'il fait dans la vie.
 
- Eh bien, c'est une sacrée coïncidence, car moi aussi j'étudie le droit international.
- Oui mais tu es à Harvard chéri, renchérit sa mère.
- Je terminerai mon master cette année, avant de me lancer dans une thèse, me dit-il avec fierté.
 
J'en reste bouche bée. Il semble si jeune ! Reprenant vite mes esprits, je l'interroge sur les aspects qu'il souhaiterait développer pour sa thèse, et regrette assez rapidement d'avoir posé la question, tant sa réponse est longue et technique.
 
- Et si nous mangions ? propose Marie-Eve, me sauvant de cette conversation ennuyeuse.
- Excellente idée, s'exclame Alex, en se levant pour initier le mouvement. Julia, tu viens nous aider à ramener les plats ?
 
Les enfants Gaudreau se lèvent et j'en fais donc de même pour amener les plats à table. Le repas se passe dans la bonne humeur et le brouhaha, chacun y allant de son anecdote de vacances passées en commun.
 
Le repas terminé et la vaisselle lavée, nous décidons de faire une balade digestive autour du lac. L'occasion pour William de venir de nouveau m'exposer ses brillantes réussites intellectuelles. Cela pourrait être intéressant s'il y avait une possibilité de dialogue, mais cela s'apparente en réalité plutôt à un monologue sur la théorie juridique, un calvaire pour moi qui n'ai qu'une hâte : commencer à pratiquer concrètement au service des gens et de la loi. Les minutes s'égrènent lentement tandis qu'il me raconte dans le détail la dissertation qui lui a valu un A+ et l'étude de cas qui lui a permis d'être major de promo.
 
Je finis par ralentir le pas pour attendre Jane, en pleine conversation avec Gary, pour changer de sujet, enfin m'incruster dans leur conversation, enfin si seulement je comprenais Gary. Peine perdue.
 
Je peux enfin m'attarder sur les alentours et le paysage magnifique. Un peu plus loin, mon œil est attiré par une petite crique surmontée d'un ponton, assez similaire à celle de la maison des Gaudreau. Je quitte le groupe pour la rejoindre et en profite pour me rafraichir le visage avec l'eau du lac. La voix d'Alex résonne derrière moi, me faisant sursauter.
 
- Il avait l'air de te passionner le William ! dit-il, un sourire sarcastique aux lèvres.
- Ouais, carrément. Son monologue sur l'affaire Dmitri « je-sais-pas-quoi » et le retentissement sur les relations entre les USA et la Russie, en pleine balade dans la nature, est fort adapté au contexte et à l'ambiance de cette journée, j'ai adoré, dis-je avec un enthousiasme feint.
- « Vous ai-je dit que j'étudie le droit international à Harvaaaaaard ? », l'imite-t-il avec un accent extrêmement snob. « Et je suis premier de la classe depuis la première année de maternelle ».
- Haaaan, le jaloux ! le taquiné-je.
 
Nous rions ensemble, et l'air se charge d'électricité quand nos regards se croisent. Je ressens des picotements sur la peau face au désir qui s'inscrit dans ses yeux. Merde, ce mec a un pouvoir incroyable sur moi...
 
- Je suis désolé si je t'ai mise dans une position inconfortable vis-à-vis de ma sœur ce matin.
-  Non t'inquiète. J'aurais dû lui en parler dès que je t'ai reconnu en arrivant. Je ne supporterai pas que quelque chose, aussi agréable que ce soit, nuise à mon amitié avec Jane.
 
Je baisse le regard, gênée d'avoir admis que je trouvais nos échanges agréables. Et pourtant, quel euphémisme ! Toutefois, Alex ne relève pas.
 
- Je comprends, me répond-il en relevant mon menton d'un geste délicat et plantant son regard dans le mien. Je ne t'approcherai plus tant que vous n'aurez pas discuté, elle et toi.
 
Je hoche la tête pour toute réponse, un peu déçue, pour être pleinement honnête, qu'il prenne ses distances aussi facilement, alors qu'il reprend vite la parole pour terminer sa phrase.
 
- C'est aussi et surtout parce qu'elle m'a menacé des pires atrocités si je ne respectais pas sa demande, de pouvoir te parler avant tout autre rapprochement. J'espère que tu ne tarderas pas trop à aller lui parler du coup, finit-il en se passant la main dans sa chevelure épaisse.
 
Une fois encore, nous rions, et Alex m'attire tendrement dans ses bras, pour un chaste câlin. Je me sens tellement bien dans ses bras, tellement en sécurité qu'il dure clairement plus longtemps que raisonnable. Des frissons me parcourent, alors que je sens ses mains caresser doucement mon dos. Il est clairement temps de s'éloigner l'un de l'autre, et un petit rire gêné nous échappe quand nous arrivons visiblement à la même conclusion.
 
Nous reprenons le chemin en trottinant et rattrapons rapidement le groupe, en restant toutefois à bonne distance du « premier de la classe ».
 
Une fois rentrés au chalet, après une rapide baignade, les voisins repartent. Jane, qui a passé le plus clair de l'après-midi avec Gary, semble un peu peinée de les voir partir, contrairement à moi qui ai eu le plus grand mal à me débarrasser de William, qui est revenu plusieurs fois à l'assaut.
 
Je propose à Jane qu'on aille prolonger la fin d'après-midi sur la petite plage discrète. Elle accepte, sachant exactement de quoi il va être question.
 
Nous nous posons dans cet endroit magnifique et à l'abri de tous les regards et de toutes les oreilles indiscrètes. Je lance la conversation immédiatement une fois que nous sommes installées.
 
- Alors Gary ? lui dis-je en lui lançant un regard plein de sous-entendus.
- Alors là non ma poule, on parlera de Gary quand tu m'auras expliqué ce qui se passe avec Alex. Bon, pas dans les détails si possible, ça reste mon frère. Mais quand même, d'où ça sort votre... histoire, si on peut dire ça ?! me dit-elle sans animosité.
 
Je lui explique alors ce que je lui avais caché jusque-là, que son frère est en fait le rigolo de l'avion, que j'ai revu dans le club de Montréal. Que nous avons cette connexion inexplicable, que j'ai essayé de lutter contre (bon, pas beaucoup j'admets, mais c'est l'intention qui compte), mais que nous sommes attirés comme des aimants.
 
- Bref, je ne sais pas où ça va ni comment on pourrait qualifier ça, lui non plus, mais j'aimerais m'autoriser cette relation, qui ne sera sans doute qu'un amour de vacances. Enfin, si tu es d'accord bien sûr, je ne voudrais pas que ça détruise notre amitié.
- Mais Julia, tu es encore fragile après cette année, et mon frère... C'est un pilote d'avion quoi, tu vois ce que je veux dire, tu connais mon histoire... Une femme dans chaque ville, la double vie est facile, les hôtesses sont à disposition...
- Je ne suis pas si fragile, et il me fait du bien, au moral, à l'estime et au cœur. Il me fait rire, me fait me sentir belle, il me rassure. Je n'en demande pas plus !
- Rolala, vous me faites peur tous les deux... Il m'a dit le même genre de jolies choses à ton sujet...
 
Elle marque un long silence, où je la sens en pleine réflexion, et ne dis pas un mot.
 
- En fait, égoïstement, j'ai peur que vous ME brisiez le cœur. Je vais tellement avoir d'espoir que tu deviennes ma belle-sœur ! dit-elle en riant.
- Euh, tu vas un peu vite là ! dis-je en manquant de m'étrangler avec ma salive. Non mais rassure-toi, je connais mes limites, je sais me protéger. Je me répète, mais c'est une amourette d'été, après la vie et la distance reprendront leurs droits et on s'oubliera ! Sans conséquence.
- Sans conséquence, sauf sur mes espoirs, dit-elle théâtralement, une main sur le cœur. Et... reprend-elle, plus hésitante, Sully dans tout ça ?
- Ah, Sully, grand sujet ! Je te rappelle qu'il m'a dit, littéralement, « la vie est courte, profite ».
- Oui, mais il parlait sûrement de ton voyage.
- Non, pas vraiment.
 
Je lui tends mon portable et l'invite à lire nos derniers échanges.
 
- Ah oui... Bon lui, clairement, il ne veut rien de sérieux en fait... Raah je suis déçue, votre histoire aurait pu être si mignonne !
- Ahahahah ! Tu es vraiment une éternelle romantique Jane !
- Mais trop ! Bon, quoi qu'il arrive, avec mon frère ou à l'avenir, on restera toujours amies ?
- Toujours ! Tu es comme une sœur pour moi.
- Arrête, c'est grave bizarre, tu kiffes mon frère !
- Je viens du Nord de la France, rien ne me semble d'anormal !
- Ah oui c'est vrai, répond-elle avant de faire semblant de vomir de dégoût.
 
Nous rions de bon cœur, et je reprends mon sérieux pour la questionner à son tour.
 
- Et donc, Gary ? Dis-moi tout ! Vous vous dévoriez du regard, c'était fou !
- Ah, Gary et moi, longue histoire. Nous nous retrouvons ici tous les étés, et tous les étés, nous finissons par nous rapprocher. Mais il ne s'est jamais rien passé. Une fois, quand nous étions ados, un baiser. Rien de plus.
- Et pourtant, la flamme brûle entre vous, ça saute aux yeux !
- Oui mais rien n'est possible, il vit dans le Nord quand moi je voyage sans arrêt. Laisse tomber !
- Et pourquoi pas simplement profiter de l'instant présent ? Une personne sage m'a conseillé aujourd'hui de vivre ce qu'il y avait à vivre sans se prendre la tête.
- Ouais, ok, la sage personne s'appelle Victoria Emmanuelle Gaudreau, aka Vicky. Et c'est la même qui s'est mariée avec son premier mec si tu veux, donc bon, niveau profiter, elle n'a pas vraiment mis ses conseils en application quoi...
 
Nous rions, puis nous allongeons de nouveau sur nos serviettes dans un silence serein. Je suis heureuse d'avoir pu discuter à cœur ouvert avec mon amie, et qu'Alex ne soit plus un sujet de discorde. Le soleil enveloppant mon corps d'une chaleur douce, je commence à m'assoupir, quand mon amie se redresse vivement et m'interpelle, provoquant un sursaut.
 
- Oh Ju, une dernière chose ! Ne vous faites pas gauler par mes parents avec Alex. Ils t'adooorent, c'est un coup à ce qu'ils commencent à planifier le mariage s'ils découvrent votre... comment appeler ça...
- Rapprochement ?
- Idylle, serait plus romantique !
- T'es incorrigible Jane !

 
***
 
Août 2020
 
Dans l'intimité de la salle de bains de notre chambre, j'observe ce matin mon corps qui commence à changer.
 
Cette nouvelle grossesse, que j'ai craint autant qu'espérée, se passe à merveille. Les trois premiers mois prennent fin, et il a été difficile de le cacher jusque-là. Nous avons décidé de l'annoncer à la fin de ces vacances en famille, si aucune crise ne survenait, si tout se passait bien à mon niveau, pour ne pas subir la pression de notre entourage.
 
Quand j'ai perdu notre bébé l'an dernier, le déchirement en moi a été d'une telle violence qu'il a failli tout briser sur son passage. L'accident de la route qui a coûté la vie à ce bébé a résonné tristement avec celui que j'avais connu des années auparavant, celui qui a tué Max, et des blessures dont je n'avais pas guéri ont refait surface.
 
J'ai tout quitté. Tiraillée entre les deux hommes qui ont marqué ma vie, j'ai perdu pied, je me suis réfugiée là où tout était plus simple, là où il n'y avait jamais eu de difficultés. Mais rien ne me semblait normal, évident, dans cette histoire du passé.
 
Mon mari a lutté, il n'a jamais lâché, a fait preuve d'une volonté et d'une résilience incroyables. Nous nous sommes retrouvés, je me suis sentie de nouveau à ma place, c'était aussi simple et évident que depuis le début. Nous nous sommes serré les coudes malgré mes crises, malgré mes difficultés et mon rejet de lui.
 
Plongée dans mes pensées, les mains posées sur mon bas-ventre bombé, je n'entends pas la porte s'ouvrir. C'est seulement quand il arrive à quelques mètres de moi que je sens sa présence, puis je l'aperçois dans le miroir, son regard empli d'amour, de bonheur et de désir.
 
Il m'enlace, couvre mes mains avec les siennes, et souffle dans mon oreille :
 
- Je t'aime tellement. Je nous aime tellement. Ne me quitte plus jamais.
- Jamais, lui réponds-je en me retournant pour l'embrasser et passer mes bras autour de son cou, et que nous nous nichons l'un contre l'autre.

*****

Quelques mots à celles et ceux qui me lisent!

Déjà, un immense merci! Je me régale à vous raconter les aventures de Julia, Alex, Sully, Jane et toute la troupe!

Est-ce que vous commencez à y voir plus clair dans l'histoire? Dans l'issue?

Est-ce que vous voudriez que j'écrive des chapitres d'un autre point de vue?

Merci pour votre assiduité et vos votes :) Bisous!

Sous des cieux plus cléments [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant