Chapitre 14

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Fin juillet 2010

[- Slt ! Alors, prête pour le départ ?

- Hey ! Oui, quasi ! J'ai fini ma valise, à part les trucs de dernière minute, je ne tiens pas en place, j'ai trop hâte ! Vivement ! Encore 2 dodos !

- Libre demain alors ?

- Euh... oui ! Pourquoi ?

- Je passe te chercher à 9h. Prends ton maillot de bain !

- 😊

- Bonne nuit Miss Québec !

- Bonne nuit !]

Après plusieurs mois où la discrétion a été de mise, Sully m'écrit des sms pour m'inviter à passer la journée ensemble. Et un nouveau surnom à la clé apparemment, je deviens Miss Québec. 

Je pouffe toute seule en me démaquillant devant le miroir. Mon ventre se serre au souvenir des moments passés ensemble devant ce miroir. Pour la première fois depuis l'accident, le désir s'insinue en moi.

Je secoue la tête en souriant. Incorrigible moi... J'ai toujours aimé les plaisirs de la chair. Perdre l'envie de cette intimité, ne pas ressentir d'envie charnelle depuis plusieurs mois était très inhabituel et déstabilisant. La peine, la peur, les efforts pour me rétablir, l'absence d'intimité et d'autonomie, tout ça avait annihilé ma libido. Cette sensation au creux de mon ventre, ce pincement si significatif enfin de retour, me mettent du baume au cœur parce que ça signifie un certain retour à la normale.

En enfilant mon pyjama, mes pensées reviennent à Sully. Je suis vraiment très contente de le voir demain, d'autant que ça m'évitera de tourner en rond en attendant que le temps passe. Nous échangeons par sms régulièrement, mais je ne l'ai pas revu depuis l'accident. Il est prévenant, délicat, mais aussi distant. Si je ne comprends pas son attitude, je suis quand même enthousiaste à l'idée de passer une journée avec lui, pour la première fois. 

Quand bien même nous ne serions plus que des amis désormais, sa présence, sa prévenance et son humour me sont précieuses, j'aime passer du temps avec lui.

Les dernières semaines sont passées très vite. Les médecins m'ont donné l'accord pour travailler mais en limitant les efforts pour préserver ma cage thoracique et lui laisser le temps de définitivement se consolider, condition sine qua non pour pouvoir ensuite voyager en avion jusqu'à Montréal. 

Ainsi, j'ai pu travailler au sein du camp d'été comme chaque année, mais de façon aménagée, j'ai pris le poste de directrice. Plus d'administratif, moins d'activités physiques, mais vraiment mieux payée... C'était un bon compromis ! J'adore ce job d'été au contact des enfants. J'ai toujours eu beaucoup de plaisir à être à leur contact, j'adore leur curiosité et leur soif d'apprendre. Si je n'avais pas fait du droit, je serais sûrement devenue institutrice.

Je me glisse dans mon lit, et ne tarde pas à perdre le fil de mes pensées.

***

Le lendemain, l'interphone résonne à 8h55. La ponctualité de Sully n'est pas une légende, je pense avec un rictus amusé. Il m'annonce qu'il m'attend devant ma résidence, et je me dépêche de rassembler mes affaires.

Lorsque je sors, je suis d'abord surprise par la chaleur qu'il fait déjà. Heureusement, j'ai enfilé une robe légère, bleu turquoise, qui rappelle la teinte de mes yeux et met en valeur mes cheveux blonds. Je les ai tressés en bandeau le long de mon front, afin qu'ils ne me gênent pas si je devais me baigner. Ne sachant pas si nous allons à la piscine, au parc aquatique ou à la mer, j'ai opté pour la praticité, en enfilant des sandales plates. Ma peau, d'ordinaire blanche, est dorée par le soleil des dernières semaines, dont j'ai pu profiter durant le camp d'été. Comme toujours l'été, je me suis parfumée avec une fragrance à base de fleur de tiaré. J'adore cette délicieuse odeur de monoï qui me rappelle immanquablement les vacances.

Sous des cieux plus cléments [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant