Sous des cieux plus cléments [TERMINÉ]

Chapitre 25

Le soleil est déjà haut dans le ciel quand plusieurs « pings » émis par mon téléphone me réveillent. Un peu courbaturée après cette nuit au sol, mais pleinement heureuse de l'avoir passée dans les bras de l'homme doux et attentionné qui est collé à mon dos.
 
Soucieuse de ne pas réveiller Alex, je consulte mon téléphone et découvre la provenance des sms que j'ai reçus.
 
[- Salut Miss Québec ! Alors comment ça va ? Pas de nouvelles, bonnes nouvelles ?]
 
Sully... Je l'avais presque oublié... Gênée, je verrouille mon téléphone et le repose, mais pas suffisamment rapidement pour qu'Alex n'ait pas eu le temps de lire.
 
- Tes amis s'inquiètent ? me demande-t-il, en embrassant ma nuque, me faisant frissonner.
 
Mon ventre se serre, et l'honnêteté s'impose à moi comme la meilleure réponse à lui apporter.
 
- Eh bien... Pas exactement. Disons que je voyais quelqu'un en France il y a quelques temps. Et c'est lui qui me demande des nouvelles.
 
- Oh, répond-il, une émotion indéchiffrable dans la voix.
 
- Je l'ai connu après la séparation avec Max, et avant l'accident... Je l'ai revu avant mon départ, mais ce n'est rien de sérieux. Enfin, tu vois... Ce n'est pas mon petit-copain, plutôt un ami, mais...
 
J'ai sorti les rames, mais je ne m'en dépêtre pas. Heureusement, Alex vient à ma rescousse.
 
- Julia, ne te justifie pas. T'inquiète, j'ai compris.
 
Il dépose un baiser sur mon épaule, puis me lâche, et se tourne pour lui aussi consulter son téléphone. J'ai préféré être honnête, je ne veux pas avoir l'air de me moquer de lui ou de lui mentir.
 
- Allez, debout, il est grand temps de rejoindre le chalet, me dit-il, et me tend la main pour m'aider à me redresser en évitant soigneusement de croiser mon regard.
 
Décontenancée, je saisis sa main, et la garde plus longtemps que d'ordinaire dans la mienne. Je cherche son regard, mais il s'éloigne rapidement de moi.
 
Nous rangeons la maison, et je me dirige vers la barque pendant qu'il ferme.
 
- Alex, je...
 
- Julia, tu as une vie là-bas, et j'ai une vie aussi. Il n'y a pas lieu de te justifier, ne t'inquiète pas, me dit-il avant de m'enlacer tendrement et de me poser un tendre baiser sur les lèvres.
 
Ah... Je suis complètement perdue. Nous rejoignons le chalet familial dans le silence.
 
C'est alors que je me rends compte que c'est certainement une des dernières - si ce n'est la dernière - fois que je vois Alex. Sûrement la raison de son détachement vis-à-vis de l'existence de Sully.
 
Nous regagnons le chalet sous les yeux médusés de la famille entière réunie sur la terrasse pour le petit-déjeuner. Ils restent immobiles et silencieux jusqu'à ce que nous arrivions à leur hauteur.
 
- Ahhh vous voilà, vous deux ! Dépêchez-vous de venir à table ! nous invite Marie-Eve, sans autre commentaire sur la situation, ce pour quoi je lui serai éternellement reconnaissante.
 
J'adresse un regard à Jane, pimpante, rayonnante, qui m'adresse un sourire radieux, et je comprends que la soirée s'est passée comme elle le voulait. J'ai hâte qu'elle me raconte !
 
- Vous étiez à ton chalet ? demande Vicky à son frère de but en blanc.
 
- Oui, je le faisais visiter à Julia. Il faisait déjà sombre quand nous avons terminé, j'ai préféré attendre sur place avant de rentrer.
 
- Sage décision, intervient Marie-Eve.
 
- Donc tu as emmené Julia. Dans ton chalet. Eh ben voyons donc... rajoute Vicky, stupéfaite, en détachant les deux parties de la phrase comme pour lui donner plus de sens.
 
- Oui et on a fait un tour en hydravion si tu veux tout savoir, s'emporte Alex. C'est bon, on peut passer à autre chose maintenant ?!
 
Son agacement palpable clôt la conversation à ce sujet, et le petit-déjeuner se termine dans une drôle d'ambiance, malgré les tentatives de Marie-Eve de détendre l'atmosphère.
 
***
 
Nous rentrons à Montréal quelques heures plus tard, en déposant d'abord Alex à son appartement en centre-ville, dans un quartier charmant qu'on m'annonce être le Mile-End.
 
- Juste à côté du quartier des Français ! Alex a toujours eu un attrait particulier pour la France, ricane André, ce qui lui vaut une tape sur l'épaule de la part de Marie-Eve.
 
Nous ne passons que quelques heures à Montréal, puisque nous prenons le train ce dimanche pour rejoindre New-York le soir-même.