Chapitre 11

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Mi-mars 2020

Le bruit, l'odeur de brûlé, les gyrophares, l'agitation, la fumée, l'incapacité de bouger...

Et cette secousse. Puis une autre. Une voix qui m'appelle au loin, puis plus près.

- Mon amour ! Mon amour ! Réveille-toi, c'est encore ce foutu cauchemar !

J'ouvre doucement les yeux, encore perturbée par mon rêve, les joues mouillées, le corps trempé de sueur, et le regard inquiet de mon mari posé sur moi.

- Hey chérie, tu as encore fait ce cauchemar, n'est-ce pas ?

- Oui, dis-je, peinée.

- C'est la date qui veut ça, je comprends, me dit-il en m'attirant dans ses bras. Tu veux en parler ? Me raconter à nouveau ? Peut-être que ça pourrait t'aider.

- Je vais changer de psy, il faut que ça cesse, ça recommence chaque année...

Je me rallonge dans le lit, et lui tend les bras pour qu'il me rejoigne. Lovée contre lui, j'entreprends de lui raconter à nouveau cet épisode qui me hante depuis 10 ans...

*****

Mi-mars 2010

C'est surexcitées que nous attendons le train qui nous emmène à Paris. Clémence a accepté de ne pas emporter de devoirs avec elle, Safia a pris suffisamment de bagages pour emménager à Paris, et Céline n'est malheureusement pas de la partie.

Nous avons prévu de l'appeler quand nous serons arrivées, et de lui envoyer plein de photos pour qu'elle ait l'impression d'être avec nous. Heureusement qu'elle adore son stage.

Jane nous accueille à la gare avec son habituel sens de la mesure  : cris, pleurs, bras grands ouverts, tous les passagers en profitent. J'adore cette facette si américaine de sa personnalité, où tout est toujours 1000 fois plus, 1000 fois trop. Elle a par contre la gentillesse et la courtoisie qu'on attribue dans l'imaginaire collectif à nos cousins québécois.

Elle s'est occupée de tout, à son habitude, et a trouvé un appartement où nous passerons toutes le week-end. Dans un joyeux brouhaha, nous empruntons le métro pour rejoindre le logement, situé dans le quartier huppé de Madeleine. Nous découvrons avec stupeur le logement immense qui s'offre à nous. Parquet chevron au sol, moulures au mur, disposition en étoile, l'appartement haussmannien inondé de lumière et d'un charme simple nous laisse bouche bée. Un immense canapé d'angle semble nous ouvrir les bras alors que nous découvrons bientôt l'imposante bibliothèque auquel il fait face.

Face à nos têtes émerveillées et notre silence (bien rare, il faut l'admettre), elle concède :

- Ouais, j'avoue, j'ai fait fort. J'ai parlé de notre week-end retrouvailles à une copine danseuse et elle m'a proposé de nous prêter l'appart qu'elle loue avec son mari, qui est genre présentateur télé ou acteur, je ne sais plus trop... Ils sont partis à la mer pour le week-end. Trop sympa non ? Choisissez vos chambres avant que les mecs n'arrivent !

Surprise, je rebrousse chemin et l'interroge :

- Les mecs ? Quels mecs ?

- Bah voyons donc, tu as cru que j'allais laisser les cheums de côté ! J'ai proposé à Thibaut, Max, Adil et Benjamin de venir quoi !

N'étant pas la reine de la poker face, elle s'aperçoit rapidement, à mon changement de visage, que la nouvelle n'a pas l'effet escompté.

- Mais... je pensais que Max et toi vous entendiez encore bien ?!

- Oui, mais ça s'est compliqué un peu ces derniers temps... Pas grave, je peux bien le supporter quelques heures. Et le plus important, c'est qu'on soit réunies nous ! lui dis-je en la prenant dans mes bras.

Sous des cieux plus cléments [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant