Les Immortels : La malédiction originelle, Tome Final

Chapitre 2 : Le rookie

Pdv Lisbeth

Toutes les villes ont un certain charme, à trois heures du matin. Évidemment, ce charme est plus remarquable quand vous êtes un peu défoncée et légèrement bourrée, sortant d'une fête de presque trois jours avec de la musique à fond dans vos écouteurs. Vous avez déjà écouté "Gotham" de Dax ? Moi ça me calme. Et ça me motive. J'ai trouvé des dolipranes dans le tiroir du bureau de Brenda ou quel que soit son nom, ma migraine s'est donc calmée. J'étais lucide, quasiment. Mon téléphone m'indiquait que l'urgence se passait à 320 mètres de là où je me situais. Va encore falloir que je coure. Fait chier. J'ai commencé à trottiner. J'ai commencé à voir des voitures de police, avec une barrière de sécurité et des bandes nous interdisant de passer. J'étais au bon endroit. J'ai mis mon masque d'american Nightmare et mon brassard bleu.
-C'est parti pour l'action ! rigola Lily.
Elle était à mes côtés depuis cinq ans. On s'est rapprochées. Mon quotidien la sortait de son existence morne d'entité incarnant la mort, et moi, qui avait une grande affinité avec la dimension des âmes, j'avais quelqu'un capable de me comprendre, autre que Blake. J'ai foncé entre les officiers et les journalistes, ces gens ne dormaient-ils donc jamais ? J'ai bien mis mon brassard en évidence, j'ai sauté sur les capots des voitures et j'ai couru vers la zone interdite. Ça va, ils sont habitués. Ils savent qui je suis. Même si mon masque et mon sweat à capuche noir les empêchaient de m'identifier. Mon aura cependant ne pouvait pas mentir. J'étais l'une d'entre "eux". La zone était une ruelle assez étroite, sombre. Deux clones m'attendaient déjà. Pardon... Deux ressuscités. Blake n'aime pas qu'on emploie le terme clone. Dans leurs grands manteaux noirs, avec leurs masques de V pour Vendetta, ils étaient facilement reconnaissables. Enfin... L'un d'entre eux était sûrement nouveau. Je ne me rappelle pas avoir déjà perçu son énergie.
-Salut, Winston... ai-je lancé à celui que je connaissais, le plus grand, carrure solide, chauve.
-... Mon nom est Wilfried. dit-il de sa voix suave.
- Oui bon on s'en fout. Lui c'est qui ? ai-je dit.
Ma migraine semblait ne pas vouloir partir.
-Une nouvelle recrue amenée par le boss : Denzel.
-Ravi de... commença le nouveau.
-Ouais, ouais. Je suppose qu'il est la pour tâter du terrain. ai-je dit.
-Le boss voulait que vous lui montriez comment se déroule une intervention lambda. M'expliqua Winston.
Je devais jouer les profs ? Je ne comprends pas ce qui passe par la tête de Blake. J'ai regardé le rookie :
- Ça fait combien de temps que t'es sorti de l'Enfer?
-Euh...trois semaines...
-Suffisant. Tu connais les bases donc.
-Oui...
-Bien, ça va être facile. Première étape :le domus. Tu t'en occupes Winston ?
-Wilfried. me reprit l'intéressé.
-Ouais bref étend un domus et arrête de chipoter.
Il s'exécuta, un peu à contre coeur. Je pouvais le percevoir. Un dôme d'énergie chargé de nous isoler de l'extérieur apparut progressivement. Il était imparfait mais je sentais que Winston commençait à vraiment maîtriser le truc. Même les domus étaient largement réglementés : 5 mètres de distance minimum entre l'humain le plus proche et l'extérieur du dôme. Le rayon et l'épaisseur des parois du dôme devaient dépendre du niveau de la faille.
-Quel niveau ?
-D'apres ce que l'Oracle nous a transmis, niveau 3.dit... Denzel. Ouais, Denzel.
-Quoi ? C'est pour ça qu'on m'appelle ? Je savais pas qu'on pouvait appeler des agents spéciaux pour des failles de moins de niveau 5! ai-je râlé.
-L'oracle a mentionné que c'était une changeante. Elle n'est pas encore arrivée à maturité. dit Winston.
-Raaaaaaaaaah... Et la nature des Laurusiens qui vont débarquer ? ai-je demandé.
-Des vampires apparemment.
-Combien ?
-14. Des nobles, tous.
-Fait chier, encore des vampires...
Ma tête recommença à me faire mal. J'ai baillé. Il ne faudrait pas que je m'endorme en pleine mission... Heureusement que les pupitres du lycée sont confortables.
-Le boss a bien spécifié de vous dire que cette fois-ci vous devriez essayer de ne pas sortir avec une des cibles, par rapport à toutes les complications diplomatiques et logistiques que cela pourrait engendrer. rigola Winston.
Je lui ai lancé un regard noir :
-C'est arrivé une fois..
-Deux fois. me corrigea-t-il.
-La deuxième fois c'était un loup garou, nuance. Et ça n'a duré que cinq mois maximum.
Parce qu'apparemment même les êtres surhumains avec une force incroyable, une endurance démentielle et un charme bestial irrésistible ne peuvent pas survivre à 21 shots consécutifs d'absolute vodka. Et au moins maintenant je sais que les vampires supportent très très mal la marijuana. Le silence pesant était inhabituel. Je percevais la faille, elle était dans un des bâtiments. Pas une très grosse faille, environs 10 mètres d'envergure. Pourtant elle me semblait stable... Pas de fluctuation particulièrement intense.
-Attendez... Depuis combien de temps ce portail est-il ouvert ? ai-je demandé.
-Environs 40 minutes...
-Et merde, comment je m'en suis pas rendue compte plus tôt. Ça doit être la Tequila... ai-je dit en me frappant le front avec la main droite.
Mauvaise idée... J'avais encore plus mal à la tête ensuite.
-Comment ça ? demanda Denzel.
-Cette faille n'est pas une faille accidentelle. Celles qu'on a à gérer habituellement sont des failles de plusieurs dizaines de mètres minimum qui apparaissent en altitude et sont hautement instables. Celle la est de petite envergure, stable et apparue dans un bâtiment. Voilà pourquoi l'oracle m'a faite venir. Parce que les vampires en question sont déjà sortis de la faille, et qu'ils nous observent depuis tout à l'heure. Mais mon cerveau embrumé a mis nettement plus de temps à les remarquer que prévu. N'est pas, chers invités vampires ?
Douze silhouettes apparurent sur les toits des bâtiments entourant la ruelle et en un instant descendirent face à nous, nous bloquant la sortie. Leurs yeux brillaient d'un rouge sang. Ils étaient 11, plutôt jeunes. Il y avait des filles et des garçons. Un d'entre eux s'avança, il était blond, les cheveux courts, la peau pale, habillé tout en noir et son expression faciale ainsi que son énergie exprimait de l'assurance. Un sentiment certain de supériorité.

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