Trente sept

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S A L Y A

Junehyd: Mange ta tartine s'il te plaît.

J'hochais négativement la tête , j'ai bien vu qu'il était à deux doigts d'exploser. Mais le regard que son père posait sur lui , la raidit.

Junehyd: Ça sert à rien de te rendre malade , on va rejoindre ta mère et ta soeur dès ce soir.

Pourquoi le sort s'acharnait t-il sur nous ?

J'ai pas pu m'empêcher de fondre en larmes , je sais que la pire chose que je pouvais faire c'était d'imaginer des souvenirs. Mais tout ce que mon cerveau pouvait faire , c'était se repasser la scène de l'accident de Zamir en boucle.

Ma sœur m'avait dit dans la plus grande panique qu'elle partait ce matin en urgence , à Marseille.

En voulant épargner la vie de sa femme et de celle de son bébé , Amine s'était fait renversé. Il était encore en vie , mais il était en réanimation.

Je refusais de revoir sa mère dans le même état où je l'avais vu il y a longtemps. Je ne voulais pas revoir son père avec les yeux humides. Je m'étais promis de ne plus jamais voir ça.

Je ne voulais même pas y aller , je voulais partir loin avec Junehyd et n'avoir de nouvelle de personne. Je ne voulais pas savoir que quelqu'un souffrait , ça me rendait malade.

Quand j'ai appelé Hind , elle a voulu aussitôt venir voir la mère des garçons avec moi. Mais elle arrivait à terme , et il était hors de question qu'elle se lance dans un voyage précipité comme ça pour Chakib.

Ma mère , elle , était parti ce matin avec ma sœur , donc il ne restait plus que moi.

Et je m'y rendais avec Junehyd.

...

C'est avec la boule au ventre et les mains moites que je réalisais que nous étions devant l'hôpital. Je ne voulais pas aller dormir , le soleil allait bientôt se lever je voulais y être tout de suite.

Je sentais le regard de Junehyd braquait sur moi , il avait déjà enlevé sa ceinture et baissé son siège pour dormir. Alors que moi je n'avais pas bougé , toujours attachée , les yeux sur l'entrée de l'hôpital.

Ma panique se faisait sentir , et je sais que lui aussi était stressé. Mais ce n'était pas pour les mêmes raisons que moi.

J'ai senti ma ceinture se détacher , et mon siège se baisser , ce qui m'a fait poser les yeux sur lui , alors que les siens étaient concentrés sur mon siège.

Junehyd: Dors un peu , les visites c'est que dans trois heures.

- J'ai peur.

Junehyd: Moi aussi , mais je vais dormir. Et toi aussi tu vas me faire ce plaisir.

- T'as peur ?

Junehyd: Attends je te donne ma veste , comme ça tu seras mieux.

Il ne prêtait pas attention à ce que je disais , trop occupé à me couvrir. Il ne voulait pas me dire de quoi il avait peur.

Il s'est installé face à moi sur son siège , ses yeux dans les miens. J'ai instinctivement caressé son visage , il ne bougeait pas. Comme ci mon touchée lui était vitale.

𝔓𝔢𝔯𝔡𝔲𝔰 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant