# 13 C'ETAIT ECRIT

267 8 0
                                    

Matin de Noël. Hier soir, pendant que la France entière s'est goinfrée de saumon et de foie gras, j'ai juste lu un bouquin intitulé "L'alchimiste". Et je suis soulagée que ce soit vite passé. Les garçons sont tous partis soit dans le sud soit en banlieue. J'ai enfilé mon legging de sport et un long sweat et prend enfin mon courage à deux mains pour aller faire un footing direction Saint Lazare. La reprise est hyper dure et je m'arrête tous les 200m pour reprendre mon souffle. Au bout d'une trentaine de minutes, je décide que j'ai assez forcé pour une première et je reprends le chemin inverse en marchant tranquillement. Il fait froid mais pour une fois le ciel est bleu. Le fleuriste de mon quartier est ouvert en ce jour férié. J'aperçois sur une table un mini sapin en pot joliment décoré. Il est un peu tard pour en acheter un mais je pense aux garçons et à leur studio sombre donc je n'hésite pas à en prendre un. Ken m'a laissé un double des clefs de l'appartement pour que je puisse y déposer son courrier. Du jour au lendemain, Ken a subitement agit comme si de rien n'était et j'avoue que que je n'ai eu aucun mal à l'imiter.

Je fais exprès de déposer le mini sapin à côté de l'ordinateur de Diaby pour lui faire comprendre que je compte sur lui pour en prendre soin car je vois déjà les autres y déposer les cendres de leurs clopes. Je prends place dans son siège et observe le tableau de bord. Cet endroit est inspirant. J'ai bien envi d'écrire quelques phrases. Je n'ai pas de retard dans mes révisions aussi je décide de m'octroyer une après midi détente. Je récupère mes affaires chez moi et m'installe dans leur studio. Je l'ai vu plusieurs fois enclencher la musique. Je n'ai aucune difficulté à reproduire ses gestes, à allumer les enceintes, son ordinateur, le tableau de bord. Je trouve au hasard un dossier 'prods test' sur le bureau informatique. J'ouvre le fichier et un beat démarre. Je glisse vers le haut le bouton volume du tableau de bord et ajuste les aigus et les graves. Le reste je n'y connais rien. J'ouvre mon carnet et je me mets à écrire deux trois trucs. Je me sens à ma place. C'est presque naturel. Au bout d'une heure, je suis au milieu de la pièce entrain de lire mes phrases en dansant. Je suis clairement nulle niveau chant mais ça m'amuse. De temps à autre, je pique un café dans le salon. Je change de son et parfois je me mets à parler à voix haute toute seule me faisant la conversation. Ça m'arrive souvent, un des effets de la solitude.

Finalement je passe toute la semaine à l'appartement. J'ai bien plus de place sur la table du salon pour étaler mes cours. Je peux jouer à la console. Et je m'éclate dans l'écriture. Je rentre chez moi uniquement pour dormir et me doucher. Ils vont sûrement rentrer après le nouvel an alors je me dis que je peux encore y traîner jusque demain matin, jour de mon anniversaire. Je remplirais leur frigo et ferais un brin de ménage.

Il est 17h, je ne décroche pas de la partie de jeux vidéo dans laquelle je me suis plongée depuis 2h. Casque et micro, je joue en ligne avec d'autres joueurs inconnus. Je me suis permise de prendre le profil de Mekra. Je ne pense pas qu'il m'en voudra puisque je gagne. J'ai fais la connaissance d'un certain Theo qui visiblement fait partie de la bande mais que je n'ai jamais rencontré car il habite depuis plusieurs moi à Amsterdam pour produire son futur album.
Je suis tirée de mes pensées par une main posée sur mon épaule. Je sursaute, jette la manette sur la table et fais face à la personne. Je souffle soulagée, la main sur la poitrine, lorsque j'ai Ken devant mes yeux.

- tu m'as fait une de ses peurs !

- ça va ? Tu profites bien ? (L'air de rien, il me fait la bise et se met à trifouiller son courrier posé sur la table. Je réalise tout d'un coup que j'ai mis un vrai bazard partout.)

- excuse- moi, je vais tout ramasser (je me mets à gigoter autour de la table et j'espère qu'il ne va pas de suite aller dans le studio où j'ai tout laissé en plan.) tu as passé de bonnes fêtes ?

- au top ! Tu peux continuer à bosser ici. Tu ne déranges pas. C'est nous qui allons plutôt te déranger. Ce soir, c'est grosse soirée à l'appartement. (je trouve sa réaction étonnement calme. Je m'attendais à ce qu'il m'engueule car j'ai bien pris mes aises durant son absence.)

Ce que je suisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant