Il y a eu une grosse confrontation. Des non- dits, des mots blessants, des chocs, des réflexions, des raccrochages intempestifs. Puis, il y a eu des excuses, des confessions, des arguments. Il y a eu une pause, du temps qui passe, de la prise de recul, de l'acceptation et enfin des promesses. Un long malaise libérateur.
Dès le lendemain, j'ai essayé de croiser Ken, mais il enchaine pas mal de déplacements entre Marseille et Nice. Cela fait plusieurs jours que j'ai repris mes bonnes habitudes d'étudiante entre bibliothèque et nuits blanches. Je suis surprise lorsque je croise Deen devant la machine à café de la fac. Il est venu démissionner du programme d'études.
- Tu me feras un topo des sujets abordés histoire que je continue à m'instruire.
- C'est étrange comme sensation. On a démarré ensemble...
- Me dis pas que tu vas pleurer.
- Non...mais on formait une bonne équipe finalement.
- C'est la fin d'une ère. (Il reçoit un appel qu'il rejette) Ça te dit de venir avec moi en radio ce soir ? Avec l'entourage et d'autres potes, on est invité à performer pendant 1h. Plus il y a aura de monde, plus il y aura d'ambiance.
- Ken est rentré alors ?
- Il arrive par avion ce soir et il viendra directement. (Je crois que je n'arrive pas à cacher mon enthousiasme) Incroyable...
- Quoi ?
- Non rien.
Nous rentrons à l'appartement de Ken où Deen profite pour gratter des lignes et moi pour terminer mes devoirs. Les locaux du studio radio sont planqués dans une ruelle pas trop fréquentée en plein centre de Paris. Plusieurs jeunes squattent devant. Un vigile serre la main de Deen et nous cède le passage. Nous passons devant des bureaux et pénétrons dans un couloir plus sombre où des inconnus squattent en fumant et buvant des verres. Deen ouvre une porte vitrée et je suis tout de suite baignée dans l'ambiance. L'animateur radio nous fait un clin d'œil. Mekra, Framal, 2zer, Hugz, Diaby, Sneazzy, Alpha, Eff, Doums, sont tous là entrain de freestyler par dessus le son qui passe en fond. Ken secoue la tête au rythme de ses frères. Je me pousse au fond dans un coin comme une clandestine qui n'aurait pas sa place là. Antoine est également présent et il s'aperçoit de ma présence. Il me sourit et je détourne mes yeux vers le blond peroxydé qui est à ma gauche. En tenue de sport du haut en bas, il me rappelle les mecs qui se faisaient refouler à l'entrée de la boîte où je bossais. Il mordille sa clope, petite moustache apparente et fossettes au coin de ses lèvres. Je me rends compte qu'il est entrain de me sourire et embarrassée, je reporte mon attention vers Deen qui a pris place aux côtés de Ken. L'animateur lui pose des questions et démarre un son que je reconnais. C'est le single "Tu rêves" sur lequel j'ai écris le refrain. Mes yeux s'écarquillent.
- C'est le nouveau single du Bigo (Le blond m'a parlé. J'acquiesce en hochant la tête de haut en bas)
La voix grave de Deen me file des frissons. J'aimerais me frayer un chemin car je n'y vois rien. Tant pis, je ferme les yeux et je m'enivre de sa plume. Sur le refrain, je chante discrètement à voix haute. La lettre de Ken est sublime et sa technique est imbattable. J'ouvre les yeux et pivote la tête vers mon voisin qui me scanne de haut en bas. Le blond se lance dans un interrogatoire que je réponds du tac au tac en reportant mon attention sur mes amis.
- T'es la copine duquel ?
- Je suis la copine de personne.
- Une fan ?
- Un peu.
- Tu t'appelles comment ?
- Jo. Et toi ?
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Ce que je suis
General FictionA l'origine, un bloc de glace, telle une comète. Elle émerveille de par son caractère. Elle est sublime à l'approche de son étoile. Il, Ken, lui a permis de suivre la bonne trajectoire. Elle a inspiré sa plus belle plume. Je déteste mon prénom, J...