Give Me A Reason | TERMINÉ

Chapitre 13

Je rentre chez moi à pied, je ne vais pas prendre le volant dans l'état où je suis. Grand-mère est partie chez une amie à elle et grand-père, lui, est dans le garage, il ne m'a pas remarqué. Je suis passée par l'arrière de la maison, je ne veux pas qu'ils croient que j'ai des problèmes,

Ce qui est effectivement le cas

Je ne veux pas qu'ils s'inquiètent pour moi.

Je rentre dans la maison et cours chercher un sac rempli de glace, je ne peux plus ouvrir mon œil. J'essaye de me regarder dans le miroir et une balle de tennis semble avoir remplacé mon œil. Je prends donc des médicaments pour calmer la douleur et monte me reposer dans ma chambre, je suis extrêmement fatiguée. Tellement fatiguée que je m'endors dès que ma tête prend place sur mon oreiller.

Quelques heures plus tard, je me réveille en sursaut , encore et toujours le même cauchemar, encore une torture...soudain j'entends une personne toquer à ma porte, je sursaute une nouvelle fois, grand-mère me demande si je vais bien.

- Oui, Oui je suis rentrée plus tôt car je n'avais pas cours

- Tu veux manger quelque chose ?

- Non merci, ça va aller !

Je suis obligé de lui mentir, je ne veux pas l'affoler et l'inquiéter. Elle n'est pas rentrée dans ma chambre, elle s'est contentée de rester à la porte et de ne pas me déranger.

Elle part et me laisse tranquille, je regarde mon téléphone et vois plein de notifications de Charly. Elle m'a envoyé une centaine de messages, elle s'inquiétait pour moi, il faut dire que j'ai disparu lorsque les surveillants sont arrivés. et que je ne l'ai pas revu. Elle m'a appelé des dizaines de fois. Je lui envoie un texto pour pouvoir l'apaiser et la rassurer.

Salut, Oui ça va ne t'inquiète pas je suis rentrée chez moi !

***

Le lendemain après-midi , j'arrive au lycée, les cours commencent plus tard aujourd'hui. Je vois à l'entrée du bahut un attroupement de personnes, des personnes filment comme toujours et crient avec un air heurté.

Je m'approche de cette foule et rejoint Charly, elle est devant, je me faufile entre les personnes et vois Alek. Il est allongé sur les marches avec une bouteille à la main, la même bouteille de vodka qu'hier. Il saigne de la main, je remarque qu'il n'a pas changé de vêtements. Personne ne compte l'aider, alors je me décide à y aller.

Mais qu'est ce que tu fais Bella ? sérieusement ?

Je me dis que je l'aide seulement car il m'a aidé hier avec mon œil. Je m'accroupis donc devant lui et essaye de le réveiller, pendant ce temps-là, Charly éloigne la foule.

Je lui prends le bras et le secoue, il se réveille en sursaut et ouvre ses yeux globuleux et rouge sang.

- Ça va ?

- Bellaaaaa, tiens te voilà.., tu es...bien....rentrée...?

Il est shooté, bourré, tout ce que vous voulez, mais il n'est pas dans son état normal, il est conscient mais parle dans le vide. Il ne se rend pas compte de ce qu'il raconte. Je mets mon bras sous le sien et le relève. J'ai du mal à le soulever.

C'est que tu pèse lourd mon coco !

Il a certes plus de poids dans les bras qu'ailleurs.

Il me regarde avec des yeux insistants, il me fixe. Je l'emmène vers le terrain de football, ou je peux l'asseoir et le réveiller avec l'eau des robinets. Nous nous installons dans les gradins, mais il se lève. Il ne marche pas droit et se dirige vers le centre du terrain, je le suis de prêt, mais soudain le tuyau d'arrosage du terrain se met en route.

- Reviens, on va être trempé !!!

- Non, viens !

Je le suis pour le ramener dans les gradins, mes habits sont trempés, mon t-shirt noir me colle à la peau et mon jean également.

Je lui prends le bras et le tire mais avec sa force il réussit à me rapprocher de lui. Il m'attire à lui, son torse est collé à ma poitrine, il glisse ses mains sur mes hanches et me fixe, il plonge son regard ténébreux dans le mien. Il glisse son regard de mes yeux à ma bouche, je sens que nos visages se rapprochent. Je sens son parfum masculin qui orne sa musculature. Mon souffle s'intensifie de plus en plus, nos corps respirent à l'unisson. Il promène ses doigts sur mon bras, jusqu'à ce qu'il passe sur ma cicatrice. Je sursaute et recule d'un pas, lorsqu'une pensée des plus tristes me traverse l'esprit.

Je ne peux pas lui faire ça ! Je ne peux pas ! Il me regarde avec des yeux surpris et questionneurs. Je me retourne et pars de cet endroit, il faut que je m'éloigne de lui le plus possible. Qu'est ce qu'il lui a pris ?

- A.....tend !!

Je fais semblant de ne pas l'avoir entendu et intensifie la vitesse de mes pas.

Je croise Charly sur mon chemin, elle se demande pourquoi mon t-shirt est trempé, mais je ne suis pas inquiète, il va sécher rapidement. Il fait beau aujourd'hui, le soleil se fait de moins en moins rayonnant, la chaleur se fait de moins en moins chaude mais les derniers beaux et flamboyants rayons de soleil sont encore présents.

Charly me suit et nous nous rendons vers les salles de classe. J'ai déjà loupé plus de la moitié d'un cours alors j'aimerais quand même ne pas tous les sécher.

Je rentre dans les couloirs du lycée et les regards sont rivés sur moi, je me sens observer. J'entends des voix basses parler à mon sujet. En l'espace d'un instant, j'ai oublié qu'un bleu sublime mon œil.

***

La journée est terminée, je rentre chez moi, je ne peux toujours pas conduire alors Charly me ramène avec ma belle Jeep rouge. Environ trois quart des personnes du lycée possèdent une voiture, ce qui change de la France. Les jeunes sont beaucoup plus libres et peuvent se déplacer où ils le souhaitent.

Je passe la porte d'entrée, mais aujourd'hui impossible de passer entre les mailles de grand-mère, je n'essaye même pas de le cacher.

- Qu'est ce que tu as fait ?

Elle semble très inquiète, elle a peur pour moi.

 -Je suis désolée grand-mère, je me suis retrouvée dans une bagarre hier !

- Tu t'es battu ?

- Non, je voulais arrêter la bagarre !

- Hier ?

- Je suis désolée grand-mère !

Elle est contrariée, elle n'accepte pas le fait que je ne lui ai pas raconté dès hier. Elle ne cautionne pas qu'on lui mente, alors elle ne me répond plus, ne me pose plus de questions et repart s'occuper de ses fleurs. Quant à moi je monte dans ma chambre. Je l'observe par la fenêtre, elle est vraiment en colère. Elle arrache les mauvaises herbes comme si elles étaient coupables, mais malheureusement je suis coupable et je m'en veux de ne pas lui avoir raconté .

Grand-père arrive dans la maison, j'entends grand-mère lui raconter ce qu'il m'est arrivé. Quand soudain je l'entends monter les marches et toquer à ma porte.

- Oui ?

Il ferme la porte derrière lui, pour pouvoir parler seul à seul.

- Pourquoi tu t'es battu ?

Je lui explique donc toute l'histoire. Il ne semble pas en colère, mais semble déçu de moi.

- Il va falloir que tu ailles t'excuser envers grand-mère, elle n'aime pas du tout la violence et encore moins les mensonges !

Je lui promets donc d'aller lui parler et il quitte ma chambre.

Comment ai-je fait pour me mettre dans ce merdier !

Pendant le repas, grand-mère ne m'adresse pas la parole et ne me regarde pas non plus. Le silence règne, on pourrait attendre les mouches voler.