10 ¦ Silence

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࿐࿐࿐




Printemps

Usogai - 11 ans



Il n'était pas mort. Il se tenait encore là, assis près d'elle, en train de refaire le monde comme Dieu.

Elle n'était pas recroquevillée sur elle-même dans un angle de sa chambre, elle n'avait pas l'impression que les quatre murs qui l'entourait se refermaient peu à peu sur elle pour l'étouffer comme elle le méritait. Elle ne pleurait pas encore et toujours la mort de son ami.

Oui. C'est ce qu'elle ne voudrait pas qu'il se passe.
Mais la vérité était tout autre.


Le déni.


La meilleure manière de fuir le choc.
Elle vivait dedans depuis déjà plusieurs semaines. Tel un oiseau qui s'enfermerait lui-même en cage, se privant de regarder le monde extérieur.

L'école ? Elle l'avait loupée le plus souvent. Ou la fuyait, ne sachant elle-même plus ce qui lui faisait peur là-bas.
Restant cloîtrée dans une bulle idéalisée où tout allait pour le mieux. Où sa famille était présente, où son ami était vivant, où son alter était parfait.
Jusqu'à peu, elle refusait encore de voir la réalité en face, se voilant le regard avec un filtre rendant le monde qui l'entourait beaucoup plus accueillant.

Précisément jusqu'au jour où elle l'avait vu de ses propres yeux.
Ce jour où la réalité l'avait violemment rattrapée et où la seule attache qui lui restait pour ne pas s'effondrer au milieu de ce salon étranger, était la main chaude de son frère qui enveloppait gentiment la sienne.

Au moment précis où elle vu la petite boite carmin, posée sur tout un présentoir qui avait pour centre une photo terne du mort. Lorsqu'elle recroisa ses yeux bleus familiers qui la suivaient partout où elle allait.
Elle vira totalement de bord. 

Elle décida que plus aucunes vagues de chagrins n'hanteraient ses nuits.

Seulement la colère.

Dirigée vers toutes les personnes qui peuplaient le monde. Des parents du garçon jusqu'à de parfaits inconnus.
Et principalement vers sa propre personne.

Lorsque ce jour-là arriva, elle avait d'abord refusé de se rendre chez les Todoroki pour prier et souhaiter bon voyage au défunt.
Mais Kentaro l'avait finalement convaincue, lui assurant le soulagement que ce serait de lui dire au revoir une dernière fois.
Ça avait été complètement l'inverse. Quelque chose en elle avait lâché, peut être sa timidité maladive, ou son "laisser-passer" habituel. Ce mince fil qui la retenait de crier se brisa à la vue du visage imprimé de Toya. Visage qui peuplait ses nuits depuis des mois.

C'était trop tôt.
Bien trop tôt pour qu'elle ne pardonne et passe à autre chose. Alors elle avait crié, hurlant sa détresse sur la famille en deuil qui les avaient accueillis. Insultant principalement le concerné, père de famille et son regard méprisant.

Body Paint ¦ ᴰᵃᵇᶤ ˣ ᵒᶜOù les histoires vivent. Découvrez maintenant