7 ¦ Troubles

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Décembre



Le froid était revenu, toujours plus mordant. L'année écoulée avait porté son lot de péripéties et l'enfant priait pour que la nouvelle qui se présentait se passe dans le plus grand des calmes et ne soit pas le reflet des mois précédents.

Ses doigts effleuraient depuis plusieurs dizaines de minutes les touches noires et blanches du petit piano. Faisant rebondir la triste mélodie sur les quatre murs en bois qui habillaient la pièce. Mélodie qui venait s'immiscer dans deux paires d'oreille, elle-même à l'affut de la moindre fausse note.

" - On s'ennuie. Se plaint le blanc, allongeant la dernière syllabe pour accentuer son mécontentement.

Sa parole vint couper la douce musique et Usogai stoppa la danse effrénée de ses doigts tout en soupirant à l'égard du garçon affalé, face à elle sur le devant de l'instrument.

- Je m'entraine.

Il soupira un peu plus fort en reposant sa tête sur ses mains pour fixer les torrents d'eau qui se déversaient derrière la fenêtre.

- Mais moi aussi je voudrais m'entrainer. Contra-t-il, toujours blasé, en grattant la fine couche de vernis qui recouvrait le châssis brun du piano.

Le jeune fille massa ses phalanges qui s'étaient engourdies à force de frapper les briquettes bicolores :

- Mon médecin à dit qu'il fallait que je fasse une activité pour renforcer ma patience et ma concentration.

- C'est nul. Exactement comme cette saison. Continua quand même Toya, la tête retombant se perdre dans ses manches.

Elle lui sourit, en espérant le rassurer pour qu'il lui tienne compagnie le plus longtemps possible, bien qu'elle ne craigne qu'il ne se lasse rapidement de cette activité.

- L'hiver c'est pas si mal et puis en plus c'est la période où mon père travaille le moins. S'exclama-t-elle, pensive tandis qu'il releva la tête pour chercher son regard.

- Il sera là ce soir ? Questionna le blanc, connaissant parfaitement la situation familiale fragile dans laquelle elle se trouvait elle aussi.

- Non, tu peux rester un peu si tu veux, Kentaro est plongé dans ses révisions. 

Il leva un sourcil interrogateur, en effet cela faisait longtemps qu'elle ne lui parlait plus de son frère ainé, sans jamais lui avoir vraiment dit pourquoi. Il en faisait donc ses propres déductions.

- Ça va mieux entre vous ? 

A cette question elle se tue et haussa simplement les épaules en guise de réponse, avant de reprendre là où elle s'était arrêtée quelques secondes plus tôt, en plein milieu de sa partition.

Le garçon qui approchait bientôt de sa douzième année soupira avant de replonger, pour la millième fois, son visage au confins du tissu épais qui recouvrait des fines couches de bandages. Sparadraps blancs que la jeune fille essayait d'ignorer malgré leur nombre.

Body Paint ¦ ᴰᵃᵇᶤ ˣ ᵒᶜOù les histoires vivent. Découvrez maintenant