19 ¦ Blessures

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Ses yeux portant toute la timidité du monde, éclairés par quelques rares reflets courageux, ses mèches brunâtres qu'elle ne prenait jamais le temps de démêler, sa bouche rarement étirée en un frêle sourire. Ses courbes bien trop maigres, les cernes qui dévoraient chaque jour un peu plus ses joues, les extrémités de ses phalanges qui ne cessaient de trembler, . . .

Il pourrait décrire pendant des heures les traits sages de la silhouette avachie sur son lit.
Mais le temps n'était plus à la contemplation et la femme devant lui, le rappela d'un ton calme et enroué.

" - Tu vis ici ? Murmura Usogai en se redressant difficilement pour débuter le dialogue.

Son regard fatigué parcouru chaque recoin de l'appartement.
Il n'était ni en désordre ni organisé, pas trop sale mais pas propre pour autant. Meublé du minimum.
A l'image de celui qui l'habitait.

- T'es perspicace. Clama l'homme en se détournant pour ouvrir le tiroir d'une armoire métallique.

Depuis qu'il l'avait laissée s'échouer sur son matelas un peu plus tôt dans la matinée, elle n'avait pas réussi à construire une phrase concrète. Asphyxiée par la douleur des événements. Il ne l'avait pas non plus forcé à lui expliquer, pas encore.

Alors lorsqu'elle avait ouvert si soudainement la discussion pour dire quelque chose de si anodin l'homme aurait presque put sursauter.

- Je suis désolée. Lâcha Usogai en passant sa main crasseuse sur son visage. J'apporte que des problèmes.

- Arrête de t'excuser ça ne t'apportera rien. Répondit-il en claquant simultanément à ses paroles le boîtier coulissant pour le refermer. T'as réussi.

Toya s'approcha rapidement d'elle et de nouveau devant la silhouette courbée de son invitée, il ordonna d'un ton neutre.

- Tourne toi.

Ses sourcils se froncèrent tandis qu'elle attendait plus d'explication, toujours assise sur le rebord du futon face à lui, peinant à se tenir droite.

- Et enlève ton haut. Ajouta-t-il seulement.

- Quoi ?

Leur duel de regard ne fut que de courte durée et Usogai fini par céder aux prunelles pesantes du noir sur elle. Lâchant les contours de son visage pour se placer dos à lui, les genoux recourbés contre sa poitrine.

La jeune femme patienta un instant, les joues rougies par la gêne et les dents serrées par la douleur que provoquait le tissu déchiré en se décollant de sa peau poisseuse.
Après quelques secondes silencieuses où elle ne voyait que le mur bétonné en face de son visage et en devinant le corps du garçon derrière elle. Une vive douleur vint se déposer contre ses omoplates et raviver son état. Inconsciemment elle s'avança pour fuir la sensation de brulure causée par les doigts du garçon.

La brune ne put empêcher son regard de dévier dernière elle pour analyser la situation, sa respiration reprit un rythme à peu près correct lorsqu'elle aperçut le noireau. Un tube de ce qui semblait être du gel à la main, tandis que l'autre s'attelait à étaler le contenu contre son dos endolori. C'était des gestes simples, étonnement il semblait calme, pas perturbé pour le moins par sa poitrine à moitié dénudé. Concentré comme s'il peignait un chef d'œuvre. Déconcertante vue de celui qui lui paraissait toujours si violent et peu doué avec les relations.

Body Paint ¦ ᴰᵃᵇᶤ ˣ ᵒᶜOù les histoires vivent. Découvrez maintenant