28 ¦ Requiem d'une mort

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Les vagues recouvriraient toujours le sable fin d'une écume blanchâtre indissociable au décor marin. Moussant dans une routine éternelle l'eau en s'échouant sur le rivage, pour imprégner le sillon des plages de sel.

Ce cycle était aussi immuable que le jour viendrait irrémédiablement après la nuit.

Ou que rêve et la réalité sont aussi proches qu'éloignés.

Le goudron sur lequel s'étalaient depuis de longues minutes les gouttes de sang n'était plus frigorifié, il était vraiment agréable.

Quand on est mort on ne ressent plus rien.

Usogai ne ressentait plus rien si ce n'est la brise nocturne caressant sa peau frigorifiée.

Elle n'avait ressenti que ça de toute sa foutue vie.

Ce courant de l'air vaguant entre les milliards d'âmes peuplant le monde, se foutant bien des problèmes de chacun. Leur rappelant juste éternellement à quel point ils étaient une poussière destinée au trépas du vide.

Elle se sentait bien. Comme si rien n'était réel et qu'elle sortait d'un monde fictif pour pénétrer la réalité.

Comme si tout s'était arrêté à la discutions de deux adolescents plongés dans le glas des songes obscurs.

Elle s'était longtemps trompée, pour se terrer dans l'ignorance la plus abjecte. Tout avait de l'importance, absolument tout, d'une respiration incontrôlée à un discours glorifiant jusqu'à un regard discret en sa direction.

Un regard si hypnotisant, qu'elle était persuadée d'être bien assise là, dans un uniforme trop grand pour elle, en se réveillant d'un long cauchemar.

Une main tira doucement la longue manche en coton ornée de fleurs printanières pour attirer son attention vers sa droite.

" - Tu dormais vraiment maintenant ? Annonça une voix fluette à quelques centimètres d'elle, comme si elle ne pouvait le deviner.

La jeune fille se frotta les yeux pour reconnecter son corps à la réalité en déclarant :

- J'ai fait un rêve vraiment bizarre.

Elle ne put que discerner un sourire compatissant alors que l'obscurité brouillait ses sens, ne lui permettant que de se rappeler de l'endroit où ils étaient montés par effraction pour avoir une meilleure vue, enviés par les autre gamins du quartier.

- J'ai peur qu'on se fasse surprendre. Déclara la brune en descendant du bureau sur lequel elle était assise, collé au mur. J'aime vraiment pas faire des truc illégaux.

Le garçon se contenta de rigoler en fouillant dans les dizaines de piles de livres scolaires.

- On a treize ans on est plus des gamins. Les feuilles virevoltèrent autour de lui tandis qu'il ajouta dans un rictus provocateur. On aura qu'à dire que c'était pour voir le feu d'artifice.

La jeune fille s'approcha pour essayer de ramasser les piles de papiers qui tapissaient le sol mais perdit espoir quand elle le vit s'amuser à en jeter encore plus autour deux. Pour que, comme des plumes leurs parvenant du ciel, il recouvre le tables sérieuses qui les entouraient.

- C'était pour le feu d'artifice. Mais on le verra même pas d'ici, et puis moi j'ai onze ans. En se redressant pour lisser sa jupe, elle interrogea le garçon qui avait la tête plongée dans un des tiroirs. Tu fais quoi ?

Body Paint ¦ ᴰᵃᵇᶤ ˣ ᵒᶜOù les histoires vivent. Découvrez maintenant