17 ¦ Riposte

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࿐࿐࿐








Tout semblait si simple. Oui, semblait. Jusqu'à peu, tout était parfaitement orchestré. Mais ça c'était sans compter sa faiblesse.

Sa stupide connerie.

Debout devant un immense immeuble résidentiel en périphérie du centre-ville, les yeux rivés vers le ciel. S'en voulait-elle vraiment ? Si elle ne s'était rien injecté hier, elle aurait très surement fait une violente crise d'angoisse et n'aurait même pas été en état de bouger aujourd'hui.
Mais voila aujourd'hui elle devait essayer d'agir sans.

Non. Devait agir sans.

Si elle ne faisait rien, elle allait probablement souffrir, et si elle faisait quelque chose encore plus probablement mourir. Ça avait quelque chose d'attractif de jouer avec sa vie comme ça, d'être quasiment persuadée de ne plus en avoir pour longtemps et de s'en amuser.

La veille, son corps et son esprit s'étaient accordés pour la trahir et aujourd'hui elle en assumait les conséquences. Les remords viendraient plus tard. Maintenant elle devait agir, même sans le liquide addictif.

"- Bon."

Usogai était tournée face à une minuscule échelle grimpant jusqu'au somment du bâtiment face à eux. Les barres semblaient rouillées et pas très fiables mais ça importait peu. Le garçon près d'elle, lui tandis alors d'un geste sûr le sac qu'il avait eu la bonté de soutenir jusqu'ici. Elle le saisi sans hésiter pour le glisser sur son épaule. Il était plus léger que la veille, vidé de tous les documents et matériels inutiles. Mais il restait d'un poids presque insupportable.

Alors elle serra les dents et se redressa en posant un pied sur le premier échelon en ferraille. Toya n'ajouta rien, les mains toujours fourrées dans ses poches, en vérité, il n'avait rien besoin de dire. Ses yeux parlaient pour lui. Pas un seul mot n'avait était prononcé depuis qu'ils s'étaient retrouvés plus tôt, à l'aurore. Naturellement elle n'avait pas non plus mentionné la veille, ni leur discussion, ni ses actions.
Comme si, seule la nuit avait entendu sa déclaration. C'était peut être le cas, tout était si flou. Elle se souvenait juste de s'être réveillée au sol, le dos courbaturé, en pleine nuit. D'avoir repris le contrôle d'elle-même et d'avoir réalisé son erreur. Incapable de retrouver le sommeil, elle avait tourné dans son appartement à trouver une solution de dernière minute qui n'aboutirait jamais.

Il faisait encore sombre et le soleil se tardait à sortir de l'horizon :

"- Essaye de ne pas crever. Déclara-t-il seulement en se détournant.

- Je te promet rien. Rigola-t-elle presque naturellement, comme si la situation lui échappait, tout en commençant à grimper alors qu'il s'éloignait.

Usogai ne se retourna pas de toute la vertigineuse montée. Agrippant tour à tour chaque barre de métal. Un peu comme lorsqu'ils escaladaient les immenses tas de déchets l'été sur la plage.
Tirée vers le vide par le sac qui lui lacerait l'épaule, ses bras et ses jambes accordés dans la montée refusaient de s'arrêter, malgré l'attirance vers le vide que la gravité lui faisait subir.

C'est après une éternité que finalement l'échelle de secours déboucha sur un toit complètement vide. Son corps, courbaturé par l'escalade, s'effondra au sol en lâchant le poids par terre pour se masser l'épaule. Une pause s'imposait. Si peu habituée à faire des activités physiques, monter sur cette dizaine de mètres l'avait complètement exténuée. Mais elle ne s'endormirait pas. En vérité, elle n'avait pas eu une seule nuit complète depuis presque une semaine mais était plus réveillée que n'importe qui dans cette ville.

Body Paint ¦ ᴰᵃᵇᶤ ˣ ᵒᶜOù les histoires vivent. Découvrez maintenant