Chapitre 35:
Le lendemain je me réveille difficilement, les yeux gonflés, oh la tête que je dois avoir sérieux. J'ouvre les yeux et vois Yvan assis par terre, dans le couloir en train de regarder dans le vide. Je me lève et vais m'assoir à côté de lui.
Y: Je suis tellement désolé Johan, tu ne peux pas savoir à quel point je m'en veux!
M: Ouais...Tu ne peux pas savoir à quel point je t'en veux toi non plus!
Il me fixe, l'air si triste et désolé...
Y: Je t'en supplie Johan, je t'en supplie, pardonne-moi!
M: Tu m'as traité comme le pire des caca, tu ne nous a absolument pas respecté hier et on ne sait toujours pas pourquoi.
Il baisse la tête. Mais j'arrive pas à avoir de la compassion à ce moment même. C'est bizarre mais j'ai l'impression que je commence à saturer de ses conneries. On a fait un pacte et il ne l'a pas respecté. J'en ai marre de faire tant d'efforts pour que personne ne soit pas blessé et que finalement tout le monde le soit, même moi. J'en ai aussi marre de pleurer pour cette histoire qui finit par me rendre lasse. Je suis arrivée à un moment où je ne peux plus pardonner comme ça. Enfin pardonner est un bien grand mot, puisque je ne pardonne jamais, je laisse couler on va dire.
M: J'en ai marre de te pardonner toutes les 10 minutes alors que tu me fais souffrir toujours autant, parfois, même plus. Je sature Yvan.
Oui, je suis cruelle. Oui, je sais, à ce moment précis, vous me haïssez. Mais après tout, vous n'êtes pas là, à vivre ce que je vis. Il me blesse continuellement, comme jamais personne ne pourra me blesser. Je sais que vous voulez tous que je lâche Florian pour Yvan mais pourquoi? Parce-que c'est mon meilleur ami? Parce-qu'il est plus chou? Mais Florian ne me blesse pas tous les jours. J'en ai marre. Ne vous inquiétez pas, je vais lui pardonner, encore, comme d'habitude. C'est plus fort que moi. Je l'aime trop. Je préfère souffrir comme une tarée juste pour les quelques moments de bonheur que je passe en sa compagnie. C'est comme ça, c'est la vie. Oui, je suis stupide, une débile, une masochiste sur les bords. Je vais lui pardonner mais, pas maintenant j'en suis incapable. J'arrive plus à le regarder. Il a dépasser les bornes. Il va me gâcher mes vacances, je le sais. Je me lève donc, me prépare et sors, seule, j'ai besoin de réfléchir, d'être un peu loin de lui. Je craque. Au bout de quelques longues minutes de marches, je me mets à courir, pour évacuer. Comme vous le savez, je ne cours jamais. Il a donc vraiment un effet de malade sur moi, pour que je cours. Je courrais à toute vitesse, j'avais envie de pleurer. Mais pourquoi? Pourquoi me mettre dans un tel état pour ça sérieux? J'en ai marre de lui, de l'emprise qu'il a sur moi. Je m'arrête de courir, à bout de souffle, prête à cracher mon cœur et mes poumons. Les larmes coulent au rythme que je reprend mon souffle. Je me calme doucement. Je me calme en repensant aux doux moment qu'on a passé ensemble. Et merde! J'ai plus envie de lui faire la tête. Mais, cette fois-ci c'est différent! Je ne vais pas retournée dans ses bras aussi vite. En réalité, j'en ai marre de tout ça, et il faut que je me protège, que je prenne un peu de distance. Que j'arrête de prendre tant à cœur tout ce qu'il fait. Je retourne à l'appart mais personne n'y est. Je trouve un mot sur la table. Il est de Florian. Il est inscrit dessus
« Nous sommes à la piscine, rejoins nous quand tu te sens prête! J'espère que tu vas bien. Florian »
Je me sens mieux et j'ai pris ma décision. Je vais donc me préparer et prends mon maillot. En le prenant j'y trouve un petit papier virevoltant dans l'air, laissant mon cœur s'arrêter quelques secondes. Je savais très bien de la main de qui ce mot était signé. Je le rattrape en un geste qui se veut ferme mais finalement très tremblant. Je le lis, apeurée de ce que je pourrais y voir inscrit. Sur ce mot est écrit:
« Johan, mon amour. Je le sais, je fais que des conneries et à chaque fois je te demande de passer outre mais s'il te plait, m'en veux pas pour ma connerie...Tu le sais je suis qu'un petit con, c'est peut-être ce qui fait mon charme. Bref, rejoins-nous à la piscine et sautes dans mes bras, je t'en supplie. Yvan ».
Je lis et relis ce message qui m'aurait certainement fait craquer il y a encore quelques semaines mais là, c'est différent, je suis fatiguée, lassée. Je me prépare donc et relis une dernière fois le mot d'Yvan avant de souffler intensément et sortir rejoindre mes trois compagnons de voyage. J'arrive dans la piscine, comme si de rien était malgré mon comportement plus faible que d'habitude. Je ne suis pas aussi joyeuse et folle que d'habitude. En effet, je suis calme, dotée d'un faible sourire. Je parle avec tout le monde, même avec Yvan mais je ne lui ai pas sauté dans les bras comme il le souhaitait. Au bout d'un moment, Yvan a voulu me parler. Je l'ai donc suivi sans résistance ou autre. Yvan prend directement la parole.
Y: Je suis désolé. Je sais c'est un mot que tu entend plus que souvent dans ma bouche, c'est limite devenu une ponctuation dans mon vocabulaire, je le sais. Mais, écoute-moi. C'est dur pour moi, je sais qu'on avait fait un pacte mais, je complexe face à lui. Alors je vais te demander encore une fois de me pardonner.
M: Ok.
Y: Ok?
M: Je vais te pardonner mais là, ça ne sera plus comme avant. Je vais devoir prendre des distances parce-que je vais finir par vraiment mal finir là.
Y: Tout ce que tu voudras, tant que tu ne cesses pas de me parler.
Il s'avance pour me faire un câlin mais, sans que moi même je m'y attende réellement, je me recule.
M: Désolée...Pas maintenant.
Y: D'accord. Tout ce que tu voudras. Prend le temps qu'il te faut...
On est ensuite retourné vers les autres et j'ai essayé de faire comme si de rien n'était !
Nous sommes maintenant au milieu de notre deuxième semaine de vacances. Yvan n'a pas arrêté ses conneries alors qu'il me l'avait promis. Voilà, voilà pourquoi je n'ai pas réagit comme d'habitude. Voilà pourquoi j'ai tenu à ne pas retomber dans ses bras comme une cruche, comme à mon habitude. Tout simplement parce-que je savais que ça allait recommencer. C'est peut-être parce-que je suis distante mais il aurait quand-même eut ce comportement, croyez-moi. Il aurait perdu pied à chaque câlin, chaque bisou avec Florian. Malgré tout ce que j'ai dis, sur la distance et mon comportement, je le récupère tous les soirs. Tous les soirs il finit mal, il boit, fume et drague tout ce qui bouge. Tous les soirs, je pars à sa recherche. Seule. Je ne veux pas qu'on m'aide. Je veux juste le trouver, rentrer. Je lui demande tous les soirs pourquoi, pourquoi il fait ça mais il refuse de me donner une réponse. Tous les soirs je le soutiens et le ramène, le fait se coucher. Tous les soirs, je me dispute avec Florian qui n'en peux plus de cette situation, tout comme moi d'ailleurs mais, c'est mon meilleur ami, que voulez-vous, je suis faible, sans volonté quand il s'agit de lui. Tous les matins, je me réveille, triste de le savoir dans un tel état, triste de voir notre amitié si fragile, prête à mourir, à s'éteindre. Triste de voir mon couple se détruire à petit feu à mesure que mon amitié se consume elle aussi. Tous les matins je retrouve Yvan dans le couloir, lui aussi triste. Lui aussi, dépité de voir ce qu'il devient. De voir ce que notre amitié devient. Tous les matins je le lève et lui fait un énorme câlin, faible tout de même.
Ce soir là, comme d'habitude, il n'était toujours pas à l'appart à 3 heures du matin mais Julie s'est proposée pour aller le chercher. Bien que je ne voulais pas je sentais bien que Florian allait péter un câble si j'y allais encore une fois. J'ai donc laissé Julie aller le chercher. On s'est alors couché même si je n'étais absolument pas rassurée. Je n'aime pas le savoir tard le soir, entrain de faire n'importe quoi. En plus je ne suis pas sûre que Julie saura le calmer. Mais à force de me poser des questions, je me suis fatiguée. Je me suis donc endormie auprès de Florian. Je me suis faite réveiller par des voix deux heures après. Elles provenaient de la chambre d'Yvan. Je me lève donc pour voir si il va bien. Je me rapproche de la chambre mais me stop nette pour entendre leur discutions.
Y: J'en ai marre de déconner à ce point, Julie.
J: Ben arrête les conneries!
Y: J'aimerais me caser, vivre un truc fort mais je sais pas, j'ai l'impression qu'un truc m'en empêche.
J: T'as tout dis t'as juste « l'impression ».
Un petit jour, entre la porte et l'encadré s'offrait à moi. Je pouvais donc voir, chacun de leur fait et geste. J'aurais, cependant, préféré ne jamais voir ça. Yvan s'approcha de Julie et l'embrassa. Une boule vint obstruer ma gorge. Elle le repoussa doucement.
J: T'en a pas envie, ça sert à rien.
Y: Si, et plus que tout, à ce moment précis.
Il la ré embrassa et elle se laissa faire, cette fois-ci. Moi? Je suis retourné me coucher, espérant de tout cœur que ceci faisait parti de mon rêve et que je me réveillerais en sachant que ceci n'existait pas. Je n'eut finalement pas le temps d'atteindre le canapé. En réalité, j'avais cogné mon pied dans un crétin de coin et j'avais donc fait du bruit. Yvan est donc venu me rattraper.
Y: Johan je...
M: T'es désolé, oui je sais, tu ne me dis plus que ça maintenant.
Y: Attend...
M: Non, je suis fatiguée, je vais me coucher. Ne faite pas trop de bruit s'il vous plait.
Je parti, cette fois-ci pour de bon, me recoucher. Ce n'était pas la meilleure nuit de ma vie, m'enfin. Je me réveilla le lendemain matin et dirigea mon regard vers le couloir mais ce matin là, il n'y était pas assis. Ma routine si monotone et triste venait enfin de se briser mais, finalement, je préférais quand je vivais dans ce cycle infernal. Je me précipita vers la chambre d'Yvan où personne n'y était. J'entendis la porte d'entrée s'ouvrir, je me précipita vers celle-ci espérant que ce soit lui mais en vain.
J: Il t'a laissé un mot sur son lit.
Je m'empressai d'aller le lire.
« Johan... » Déjà il n'y a pas de surnom, ça s'annonce plutôt mal.
« Johan...
Cette situation devient insoutenable pour nous deux, on aura beau faire des pactes, voir des psy, ça ne marchera jamais. Je crois qu'il faut qu'on arrête nos gamineries sérieux. Je t'empêche de passer de bonnes vacances, c'est pourquoi j'ai décidé de partir et vous laisser Florian, Julie et toi, profiter un max. Désolé...Même si tu dois finir par ne plus croire en ce mot.
Yvan. »
Je fixe son message, le lis, le relis, encore et encore essayant de replacer les mots dans un autre sens pour y trouver un « je rigole » ou un « surprise » mais non. Je ne comprend pas. Non, ce n'est pas possible. Je prend mon téléphone et l'appel et le rappel, je lui laisse un millier de messages qui resteront à jamais sans réponses. Je m'inquiète comme jamais je me suis inquiétée. Bon sang, pourquoi il fait ça? C'est son kiff de me torturer? J'en peux plus de lui.
J: Je devrais peut-être moi aussi partir et vous laisser tous les deux (en prenant sa valise.)
M: Non, (prenant sa valise et la reposant) c'est tes vacances à toi aussi, tu devrais juste profiter enfin de tes vacances.
Elle me fait un oui de sa tête triste. Bref j'essaie de profiter de ma journée calmement même si je ne peux m'empêcher de penser à lui. Je sors et essaie de profiter de ma soirée mais j'ai un peu de mal, comme depuis une semaine et demi d'ailleurs. Je reçois durant la soirée un message de …