Chapitre 56 : Dorian

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Après avoir remercié Parker, j'entre dans le cabinet d'Oliver avec pas mal de retard. Je sais que mon patron, qui est accessoirement mon petit ami, ne m'en voudra pas pour ça.
Il doit être occupé avec un patient puisque la salle de soins est fermée. Il n'y a que deux personnes en salle d'attente que je salue rapidement avant de rejoindre mon poste.

Lourdement, je me laisse choir sur ma chaise de bureau. Je ne sais plus ce que je dois penser ou faire. Je ne sais plus qui était mon père. Je n'ai pas eu la force de continuer et d'aller au bout. À partir du moment où j'ai compris ce qu'il avait fait, j'ai été incapable de poursuivre. J'avais juste la haine contre lui. J'étais si mal pour Travis...

Au départ, j'ai été triste pour l'adolescent perdu que mon père a été. Je n'imagine pas à quel point ce doit être douloureux de ne pas se sentir aimé par ses propres parents. De n'avoir que son frère comme soutien. Frère sur qui on fini par projeter tout cet amour qui nous faisait défaut...

Je comprends le jeune homme qu'il a été. J'arrive à déterminer comment Marcus est parvenu à l'enrôler, comment il a pu vivre la disparition de son père. Cet homme qui l'a méprisé, insulté, battu...

J'en ai versé des larmes en songeant à mon père, aussi jeune que je le suis, se prendre des dérouillées monumentales, subir une première fois qu'il ne voulait plus...

Je n'en ai aimé que plus fort cet homme qui m'a en partie élevé avec tellement d'amour, de douceur et de compréhension...
Je le voyais toujours comme je l'avais connu. Comme un père génial.

J'ai souri quand il mentionnait Nicholas. Son seul et véritable amour. Peut-être n'aurais-je jamais vu le jour s'il avait pu partir avec lui... En tout cas, j'aurais voulu que ça se fasse. Je n'en veux pas à cet oncle que je n'ai jamais connu d'avoir été parler à un homme qu'il pensait être l'ami de mon père. Il avait peur pour lui. Je pense qu'ils ont cruellement manqué de communication et je crois malheureusement qu'ils n'auraient jamais pu discuter. Mon père lui reprochait trop son départ qu'il a perçu comme un abandon pour lui ouvrir son cœur et s'épancher sur sa relation avec Nicholas.

Un horrible gâchis...

La suite à été une succession de difficultés. Un enchaînement de violence jusqu'à ce moment crucial où il a commis l'irréparable. Je n'étais pas en mesure d'en lire plus pour le moment. Toutefois, sûrement que je tenterai de le faire plus tard. Accompagné. Avec Travis ou Oliver. Peu importe. Plus seul. Pas sans soutien. Quand on voit ce que j'ai fait sous la colère... J'ai honte de moi. Honte quand je vois Travis qui fait désormais front sans ciller. Il est si fort et courageux. Un modèle, un exemple qu'on devrait prendre quand ça va mal.

- Dorian, tu me suis.

Je bondis de mon siège sous l'ordre d'Oliver. Je pince les lèvres, peu rassuré par le ton qu'il a employé. Je le suis jusqu'à la salle de soins où il me demande de m'installer.

- J'ai su que tu étais retourné au cimetière. Tu peux m'expliquer ?

- J'ai eu besoin d'air après ce que j'ai lu. Mes pas m'ont amenés directement là-bas et sur place, j'ai pété les plombs. C'est tout.

- Donne-moi tes mains.

Je les lui tends. Il bouge les doigts de ma main droite et je grimace quand il s'attaque à la gauche.

- Tu as mal ?

- Ça va.

Il recommence son petit manège, provoquant un gémissement de douleur involontaire de ma part.

- Tu as mal, répète-t-il.

- Un peu...

- Je vais m'occuper de la droite. Celle-ci, je ne pense pas pouvoir faire grand chose. Tu devrais aller passer une radio.

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