Chapitre 57 : Travis

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J'ai à peine dormi cette nuit et par conséquent, Parker également. Nous en avons profité pour discuter. Je crois que nous n'avions jamais parlé autant. Ça nous a fait du bien à tous les deux. En quittant le lit ce matin, nous étions fatigués, mais nous nous sentons bien. Il m'a répété plus d'une fois que je n'étais pas obligé de me rendre à la prison avec eux, puisque évidemment il va y aller, sauf que je veux y être.

Je ne cherche pas à prouver que je suis fort, courageux ou que je n'ai plus peur de Marcus. J'ai simplement besoin de le regarder dans les yeux pour la première fois depuis que je l'ai rencontré et de lui dire que son règne prend fin. Je veux qu'il puisse voir que je suis toujours debout, que j'ai survécu et que désormais je suis plus que décidé à vivre pleinement ma vie. Je mets le passé et les horreurs vécues derrière moi. Il n'y a que du bon qui m'attend. Je ne pourrai jamais effacer ce qu'il s'est passé, mais je peux choisir de vivre avec et d'avancer. C'est exactement ce que je compte faire. Je contrôle ma vie et mes actes. C'est le plus important.

J'ai du mal à réaliser où j'en suis aujourd'hui alors qu'il y a à peine quarante-huit heures, j'avais envie de mettre un terme à mon existence et mes souffrances. Je prends conscience de ce à quoi j'aurais renoncé et finalement, je ne désire pas me passer de tout ce qui fait que j'ai pu survivre depuis ma sortie de prison. J'ai découvert tant de belles choses en bientôt trois ans...

J'ai trouvé l'amour, l'amitié, une famille, j'ai fait de ma passion mon métier... Rien de tout ça n'était gagné et pourtant je l'ai fait. J'ai tout ce dont j'ai toujours secrètement rêvé. Il ne tient qu'à moi de garder ce qui fait de moi la personne que je suis devenu. Je pense être quelqu'un de bien à présent. Je ne peux pas gommer ce que j'ai dû faire pour survivre avant d'être emprisonné, mais depuis ma libération j'ai tout mis en œuvre pour devenir un homme de confiance. Une bonne personne. On me l'a souvent répété et je n'y croyais pas. Dorénavant, j'accorderai plus de crédit aux paroles et compliments de mon entourage.

La voiture m'attend devant le cabinet d'Oliver. Je suis le seul à y entrer afin de récupérer Dorian. Est-ce une bonne idée de l'emmener avec nous ? Peut-être pas... J'ai juste terriblement besoin qu'il soit avec moi. C'est sans doute un peu égoïste. Néanmoins, j'ai appris à le connaître et je peux dire avec certitude que s'il vient c'est qu'il veut le faire. Dorian ne semble pas du genre à se forcer à faire quoi que ce soit.

Il n'y a plus personne en salle d'attente. Pour une fois, Oliver n'a pas dû prendre - ou très peu - de retard. J'avance derrière l'accueil et entre dans le petit bureau de mon cousin. La scène à laquelle j'assiste m'aurait très probablement fait péter les plombs il y a peu. Je lève les yeux au ciel. Toutefois, je ne peux m'empêcher de laisser mon regard revenir sur le couple que Dorian et Oliver forment maintenant et que je trouve vraiment mignon.

Mon ami est debout et tient Dorian - qui ne touche plus le sol - contre lui. Ils s'embrassent tendrement. Ça fait plaisir à voir même si je dois malheureusement interrompre cette jolie démonstration d'affection. Je m'annonce d'un raclement de gorge qui signe la fin de leur baiser. Dorian a les joues colorées et un sourire resplendissant aux lèvres. Oliver sourit aussi et l'expression de son visage, la manière dont il regarde son petit ami me prouve que je n'ai aucune inquiétude à avoir concernant leur relation. Il y a tellement d'amour qui se dégage d'eux. Ils sont beaux ensemble. Je suis véritablement heureux pour tous les deux.

- Désolé de vous déranger, mais on a un pourri à mettre à mort.

- Je crois qu'on a pris l'habitude d'être dérangé, rit Oliver. Ça ira ?

- Ça ira, le rassure Dorian. Je ne suis pas seul pour faire ça.

- Euh... Ta main...

- Oh, rien de bien grave. Ça va se refaire, me répond-il avec insouciance. Ça m'apprendra à faire le malin et à frapper le marbre.

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