Chapitre 23 : Dorian

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- Et alors ? demandé-je à Oliver qui semble aimer ménager le suspense.

Il me raconte ce qu'il a fait après notre conversation téléphonique de l'autre soir. C'était il y a deux jours et aujourd'hui, c'est le premier que je passe à travailler pour lui. C'est très agréable d'être ici. J'ai la sensation d'être utile. Il m'a donné la liste des tâches à effectuer et vient me voir entre chaque patient pour me demander si je vais bien, si j'ai besoin de quelque chose... Il est très attentionné. Encore une qualité à ajouter à la longue liste mentale que j'ai déjà dressée.

- Alors rien du tout. Il était beaucoup plus torché que moi et peinait vraiment à tenir sur ses jambes. Heureusement, il se souvenait encore de son adresse donc je l'ai ramené chez lui. Ça m'a pris au moins une heure. C'est qu'il pèse lourd même pour moi ! Je l'ai aidé à s'allonger sur le canapé. Je me suis assis pour me reposer sauf que je me suis endormi aussi vite que lui. Tu aurais vu sa tête quand il s'est rendu compte de ma présence en ouvrant les yeux ! rit-il. Je lui ai tout expliqué et Isaac s'est détendu. Ni l'un ni l'autre n'avions envie de ça.

Je suis soulagé. Jaloux aussi.
Soulagé, car il ne s'est rien passé avec Isaac et jaloux parce que j'aurais bien aimé partager un moment comme celui-ci avec lui. Boire un verre, ou plus, et discuter de nos vies plus en détail. Il n'en a d'ailleurs pas mentionné sur ce qu'il a bien pu confier à Isaac en échange de ses confidences et je n'ose pas poser de questions. Cela ne me regarde pas et je pense qu'il m'en aurait parlé s'il en avait envie. Après tout, Tomas et Travis n'avaient pas menti. Il parle sans arrêt.

- C'est bien, réponds-je simplement. Sinon, son mec n'aurait pas été le seul à avoir quelque chose à se faire pardonner.

- C'est clair ! Et puis, je n'avais pas le désir de tromper Rebecca. Je ne suis pas ce genre de personne.

- Parfois, ça ne se contrôle pas. Je veux dire, qu'on ait bu ou non, quand l'attraction est forte, le désir intense, on a tendance à tout oublier.

- Tu n'as pas tort. Mais je t'assure qu'il n'y avait rien de tout ça entre lui et moi. Il est mignon sauf que ce n'est pas mon genre.

- C'est quoi ton genre ?

Je me permets de le tutoyer puisqu'il m'a expressément ordonné de le faire. Et je dois avouer que ça m'intéresse de le savoir. Cependant, je n'avais pas envisagé que mon interrogation susciterait l'apparition de rougeurs sur ses joues. Putain, ce qu'il est beau !

- C'est quoi le tien ? réplique Oliver.

- J'ai demandé le premier ! m'exclamé-je.

- Oui, mais je suis le patron donc je fais ce que je veux, rétorque-t-il.

- Je ne suis pas obligé de répondre...

- C'est vrai. N'empêche que je suis curieux...

Il me fixe, une main soutenant son menton, sourire aux lèvres, attendant véritablement une réponse de ma part.
En ce moment, mon genre, c'est lui. Ses cheveux en vrac, ses yeux doux et rieurs, sa barbe, sa carrure... Bordel, il me faut de l'air ! Je vais entrer en combustion spontanée rien qu'à le mater de la sorte. Je détourne les yeux, fait mine de ranger un dossier pour ne pas avoir à le regarder pendant que je parle.

- Je n'ai pas de style prédéfini. Je suis tombé sous le charme d'une jeune fille à la peau sombre et au regard magnifique tout comme j'ai succombé à un beau garçon à la peau laiteuse. C'est une question de feeling avant tout, je ne sais pas comment l'expliquer.

- Moi, j'adore les chevelures blondes et les jolis sourires, murmure Oliver.

Je sens que mon cœur accélère, que mon visage brûle et que des fourmillements prennent naissance dans le creux de mon ventre. Je suis blond ! Je ne peux pas affirmer que j'ai un joli sourire, mais je remplis au moins un critère. Néanmoins, je ne dois pas me monter la tête. Surtout pas en sachant qu'il a quelqu'un.

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