Chapitre 58 : Parker

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Travis sort enfin et j'ai eu raison de lui faire confiance. Pas de tremblements, pas de larmes. Rien de négatif à l'horizon. Il soupire et relève les yeux vers moi avec un sourire qui vaut tout l'or du monde.

- J'ai réussi, murmure-t-il.

- Oui, tu as réussi.

- J'ai réussi, putain ! J'ai réussi !

Il me saute presque dessus et j'accepte son étreinte avec grand plaisir. Je suis tellement soulagé et heureux pour lui. Je ris, ému et je vois bien que le gardien encore présent n'aime pas ce qu'il voit. Peut-être que c'est pour ça que je me raidis et que Travis tourne la tête.

- T'as un problème toi ? grogne-t-il.

Exactement ce que je m'apprêtais à dire. Travis n'attend pas de réponse qu'il m'embrasse comme ça, devant un parfait inconnu, me laissant à la fois surpris et pantelant.

- Waouh... Euh... OK, bredouillé-je comme un idiot.

- Où est Dorian ?

- Dehors avec Isaac. On devrait aller les rejoindre. Le chef n'en a pas encore terminé avec Troye et je sais qu'il voulait s'entretenir avec Marcus.

- D'accord, allons les rejoindre.

- Pourquoi il a pété un câble comme ça ?

- Marcus pensait qu'on bluffait concernant les journaux alors il a balancé à Dorian que son père était un bourreau et un violeur...

- J'ai envie de dire que c'est un salaud et en même temps, ça ne m'étonne pas de sa part.

- Moi non plus, mais je suis quand même sur le cul. Sauter comme ça à la gorge de Marcus... Il en faut une sacrée paire ! s'exclame-t-il.

- Dorian c'est comme un volcan. Tant qu'il est endormi tout va bien, mais une fois qu'il entre en éruption... Sauve qui peut !

- Quel talent pour les comparaisons ! Si je manque d'inspiration pour mes dialogues, je viendrai te demander.

- OK donc maintenant tu vas toujours te foutre de moi comme ça ? grondé-je.

- Non. Juste quelques fois.

- T'as de la chance que je t'aime.

- Ça, je suis d'accord, acquiesce Travis. N'empêche que Dorian va quand même avoir besoin d'aide. Je pense qu'il doit parler de tout ça pour éviter de se prendre trop la tête. Je n'ai pas envie que toute cette merde finisse par le bouffer et que ça ressorte plus tard comme avec moi.

- Ne t'en fais pas pour ça. On va l'aider.

L'air frais me fouette le visage. J'avais la sensation d'étouffer entre ces murs. J'imagine à quel point ce doit être douloureux de vivre au sein d'une prison. Je songe évidemment à Travis qui a connu ça. Un autre calvaire... Mais je ne dois plus y penser et m'attarder sur cette partie de sa vie quand il semble plus que décidé à mettre tout ça derrière lui. Quelle belle évolution que la sienne. Quelle fierté d'être la personne qu'il a choisie pour construire son avenir.

J'espère que je vais pouvoir lui parler tout à l'heure d'un truc qui me trotte dans la tête depuis ce début de journée. J'ai peur qu'il soit déçu de moi. C'est une chose qui me ferait vraiment mal, mais je dois lui dire ce que j'ai sur le cœur. J'ose croire qu'il sera compréhensif comme il l'a si souvent été lorsque je suis concerné. Pour le moment, je mets ceci de côté. Nous y viendrons plus tard à la maison.

Dorian est au téléphone quand nous arrivons à son niveau. Isaac, appuyé sur la voiture, sourit en nous voyant main dans la main.

- Vu vos têtes, j'en déduis que le reste de la discussion s'est bien passé.

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