Chapitre 52 : Parker

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Comment j'ai pu laisser une telle chose se produire ? Comment ai-je pu être surpris, choqué et dérouté au point de ne pas réagir à temps et de lui donner ainsi l'opportunité de filer ?
Je m'en veux. Je m'en veux d'avoir été heurté, transpercé, blessé par ses paroles alors que dans le fond, je sais parfaitement que c'était la colère qui parlait pour Travis.
Tout ce qui touche à lui me touche aussi, il le sait. C'est comme ça. Ça l'a toujours été depuis que nos chemins se sont miraculeusement recroisé. Il est mal placé pour dire le contraire quand on sait qu'il est exactement comme ça lorsque c'est moi qui rencontre une difficulté.

Travis s'est toujours trouvé nul, inutile et bon à rien. Ce sentiment est désormais le mien. Cet appel, trop bref, auquel il a mis fin me laisse en piteux état.
Peur, angoisse profonde, impuissance... Voilà ce que je ressens. C'est terrible de se sentir aussi démuni face à la détresse de la personne qu'on aime. La vérité, c'est qu'aujourd'hui je ne sais plus quoi faire pour le retenir. Pour le garder. Je pensais que la demande en mariage allait sincèrement lui faire comprendre que peu importe les épreuves qu'il traverse, je serai toujours là, car notre amour est plus puissant que le reste. Malheureusement, même cet engagement que je souhaite prendre avec lui ne suffit pas à lui maintenir la tête hors de l'eau.

J'ai échoué alors que j'avais promis de le rendre heureux...

Travis et moi, c'est trop fort pour le décrire avec de simples mots. C'est l'histoire de deux enfants qui se sont beaucoup aimé, de deux personnes qui ont été séparées, de deux hommes qui se sont retrouvés et qui ne se sont quasiment plus quittés depuis. Ce sont deux mecs qui étaient destinés à être ensemble.

Travis, c'est l'histoire de ma vie.
Travis, c'est la seule chose qui fait battre mon cœur. Rien que son prénom me transporte, quand je l'entends j'ai invariablement cette énorme bouffée d'amour qui me laisse pantelant.
Travis, c'est la raison pour laquelle je suis heureux de rentrer à la maison le soir même si je sais que je vais rencontrer quelques obstacles. Parce qu'il est là et que je ne demande rien d'autre.
Travis, c'est la lumière qui m'a aidé à garder le cap quand j'ai perdu ma mère. Sans lui, son soutien et ses bras, j'aurais pu faire n'importe quoi.
Travis, c'est la confiance qu'il me donne sans détour et qui me rend plus sûr de moi. Car c'est un bien précieux que de savoir qu'un être tel que lui croit en vous.
Travis, c'est un trésor inestimable. Un trésor qui ne se rend pas compte de sa valeur.
Travis, c'est un tout.

Je n'ai pas envie de perdre espoir. Je veux y croire. Je veux penser qu'il va m'écouter et de servir de ce CD pour tenir le coup et ne pas commettre l'irréparable. Qu'est-ce que je ferai sans lui ?
On aurait tendance à croire que je suis celui qui gère tout, qui trouve toujours des solutions et sur qui il se repose mais c'est faux puisque la réciproque est vraie. Il y a des moments où, sans lui, je serais tout bonnement incapable d'y voir clair et de me lever le matin. Travis ne voit pas qu'il est, malgré les blessures, les fellures et les coups durs, fort. Extrêmement fort.

Pour l'instant, tout ce que je sais, c'est qu'il n'est pas allé chez Isaac et Connor. Il n'est pas chez mon père ni même chez Oliver. Il n'a pas tenté de joindre Arley ou monsieur Mendez. Mon dernier espoir, c'est Rebecca. Et surtout, il me faut une voiture. La mienne est au garage et il le sait parfaitement. Il aurait pu fuir à pieds, mais il n'est pas bête. Bien sûr qu'en prenant son véhicule j'aurais été dans l'incapacité de le suivre de près. Ça m'agace et me broie le cœur de le dire sauf que je dois le reconnaître, il semble déterminé à être seul. Loin de moi. Loin de tout. Qu'est-ce que c'est dur, bordel...

Je cherche le numéro de sa thérapeute et patiente jusqu'à ce qu'elle réponde. J'ai déjà attendu trop longtemps. Qui me dit que ce n'est pas déjà trop tard ? Qui me dit qu'à cause de moi et de mon manque de réactivité, il n'est pas déjà parti loin, là où je ne suis pas, pour abréger ses souffrances ?
Je suis resté amorphe, à chialer tête entre les genoux pendant qu'il passait probablement à l'acte. Putain ! Comment je vais réussir à vivre avec ça ? C'est ma faute. Tout ce qui arrive est ma faute...

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