Chapitre 44 : Dorian

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Nous nous sommes contenté de banalités sur le retour. Je crois que comme moi, Travis et Parker sont fatigués de tout ça. Et encore, je me plains, mais celui qui devrait le faire c'est plutôt mon cousin. C'est pour lui que ça doit être le plus dur. Je regrette de lui avoir confié les écrits de mon père. J'aurais dû prendre mon courage à deux mains et les lire moi-même. Peut-être aurais-je été chamboulé, en colère, triste... Au moins, j'aurais su toute la vérité. Car je sais que je suis loin de tout connaître du passé de Travis et de mon père.

J'ai besoin de savoir pour mieux comprendre Travis et en même temps, j'ai peur. Parce que ce que j'ai déjà appris me tord le ventre. Marcus a fait du mal à mon cousin. Il l'a battu et même si les mots n'ont pas été dits, je sais qu'il a abusé de lui, je sais qu'il lui a volé son innocence et ça me rend fou. Ouais, ça me rend dingue de savoir que mon père était au courant et qu'il n'a vraisemblablement rien fait. OK, il voulait rester proche de Marcus pour tenter de prouver sa culpabilité dans le meurtre de Nicholas, mais il a laissé faire ça. Il dit qu'il a été drogué si j'en crois les mots trouvés dans la boîte que nous avons ouverte. Je pense qu'il dit vrai, ce n'était pas un menteur. Je me demande simplement à quel moment il s'en est aperçu et si après ça, il a vite fait en sorte que ça ne se reproduise plus.

Je ne veux pas détester mon père. Je sais qu'il n'était pas exemplaire, mais il était tellement important pour moi. J'ai honte de dire ça, on ne devrait pas avoir de préférence concernant nos parents, j'ai aimé ma mère et je l'aime toujours énormément cependant, c'est de lui dont j'ai toujours été le plus proche. C'est avec lui que je me sentais le mieux. C'est lui qui, plus que n'importe qui, était capable de me rassurer et de me consoler quand j'allais mal. C'est lui qui parvenait à chasser mes peurs d'enfant. C'est lui qui m'a appris à me défendre et à m'imposer lorsqu'il le fallait. C'est lui qui m'a appris que je n'avais pas à avoir honte de ce que j'étais. C'est mon père qui m'a dit que je pouvais devenir qui je voulais être et que je pouvais emmerder ceux que ça gênait.

Quel homme était-il en réalité ?

- Merci de m'avoir raccompagné, dis-je quand la voiture s'arrête devant chez Tomas. Vous n'entrez pas ?

- Désolé, pas ce soir. Mais tu peux passer à la maison dans la semaine, propose Travis.

- Oui, ce serait super. On pourrait dire à Isaac et Connor de venir, ajoute Parker.

- Bien sûr. Ça me ferait plaisir. Bonne soirée.

Tomas doit être à l'étage. Sa voiture est ici mais il n'est pas au rez-de-chaussée. Je pose mon sac dans l'entrée et vais m'affaler sur le canapé après avoir allumé la télé. Je zappe avant de choisir Netflix et de mater un animé que j'adore. Quelle drôle de journée quand on y pense...

- Tes baskets sur le canapé !

- Désolé !

Je frotte mes pieds l'un contre l'autre pour les ôter en soupirant.

- J'ai l'impression d'être un père qui gronde son fils, rit doucement Tomas.

- Vous êtes un père et j'ai été un fils...

- Tu l'es toujours même si tes parents ne sont plus là. D'ailleurs, tu pourrais me tutoyer ? Ça me ferait plaisir.

- OK...

- Dorian... Je voulais te dire, je sais que c'est temporaire, mais... tu n'es pas obligé de chercher un endroit où vivre tout de suite. Tu te sens bien ici, non ?

- Oui. Je suis bien chez vous... Chez toi. Je ne veux juste pas abuser de ton hospitalité comme je te l'ai déjà dit. Je sais bien que pour toi, ce n'est pas ce que je fais, seulement je débarque comme ça dans vos vies à tous et je ne veux pas être un boulet.

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