Chapitre 49 : journal d'Edward

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Un grand merci à Rose-Williams grâce à qui j'ai pu publier ce chapitre sans trop de retard. Ton aide est toujours très précieuse comme ton soutien en toutes circonstances
💙

Je vous laisse avec Edward. C'est un chapitre particulier, j'espère qu'il vous plaira malgré tout.
Bonne lecture !

***

Je suis rentré et il n'était pas là. Travis n'était pas à la maison. Travis était parti. J'ai été submergé par la peur.
Où était-il ?
Est-ce qu'il allait bien ?
Quelqu'un lui avait-il fait du mal ?

J'ai cherché durant des heures. Je suis allé au parc, près de son école, au cimetière, j'ai fait le tour de la ville des dizaines de fois avant de revenir à la maison et d'attendre. S'il ne revenait pas, j'allais devoir prévenir la police. Et Suzanne. Et on me le prendrait. Il ne fallait pas que ça arrive. Il devait revenir.

Puis une voiture s'est arrêtée devant la maison. Une belle voiture. Celle que j'avais, la voiture de Nicholas, était encore en bon état. J'en prenais soin, mais elle n'avait rien à voir avec celle des Mayers d'où Travis est sorti accompagné de ce Tomas que je ne pouvais pas voir. Parce qu'en réalité, il était tout ce que j'aurais voulu être. Un homme confortablement installé, un boulot génial, une femme belle et adorable, un fils mignon comme tout, une belle maison...
Je le haïssais d'être ce que je n'étais pas. Ce que je ne deviendrai jamais.

J'ai fait tout mon possible pour paraître aimable alors que j'aurais juste voulu le faire ravaler son air supérieur. Travis avait peur. Il n'avait aucune idée de ce que moi j'avais pu ressentir en découvrant une maison vide. La colère a pris le pas sur la crainte de ne plus jamais le revoir. Une fois encore, je me suis vu, petit garçon qui avait désobéi à son père et qui se mangeait une raclée pour ça. Petit garçon qui avait simplement voulu aller jouer dehors avec les autres. Petit garçon qui voulait vivre.

J'ai été trop loin cette fois-ci. Quand j'ai vu l'état dans lequel je l'avais mis, ce petit être qui n'était pas moi, j'ai réalisé ce que j'étais. Travis est parti se réfugier dans sa chambre et moi, le miroir dans l'entrée me révélait un reflet qui m'insupportait. J'avais vieilli depuis et pourtant, je conservais toujours ces traits qui m'avaient valu le doux surnom de "mon ange" auprès de Nicholas. Je n'étais pas un ange. J'étais un monstre. Un monstre dont j'ai démoli le reflet à coups de poings, entaillant mes jointures.

Je suis sorti, j'ai marché sans but avant de rejoindre les autres gars. On a bu jusqu'à ne plus savoir marcher. J'ai bu jusqu'à oublier mon prénom. J'ai bu jusqu'à ramper chez moi. J'ai bu jusqu'à avoir envie d'utiliser le verre brisé au sol pour me faire du mal. C'est mon père qui avait raison depuis le début. Je n'étais rien d'autre qu'une petite merde qui n'aurait pas dû voir le jour...

Après ça, j'ai vraiment essayé de me comporter comme il fallait avec Travis sauf qu'il y avait toujours un truc pour me faire sortir de mes gonds. L'alcool dans lequel je me réfugiais bien trop souvent n'aidait en rien à canaliser ma colère. Ça ne faisait que m'enfoncer. Si seulement j'avais ne serait-ce que le moindre petit truc auquel me raccrocher...

Les mois sont passés, Travis a grandi. J'ai vieilli. J'ai eu des appels de l'école. Des visites plus fréquentes de Suzanne Blake. J'allais le perdre pour de bon parce que je n'étais pas capable d'être un bon tuteur pour lui. Pas capable de l'aimer correctement. Juste bon à lui faire du mal quand j'étais contrarié.

Suzanne est venue un jour et je me suis aperçu qu'elle me regardait d'une bien drôle de manière. Un peu comme le faisait Nicholas. Je me suis dit que je me faisais forcément des films, qu'une femme comme elle ne pouvait pas être attiré par un type comme moi. Impossible. C'était une bonne personne quand j'étais tout le contraire. Je m'en voulais de la berner aussi facilement rien qu'avec des plaisanteries ou quelques sourires. La vérité, c'est qu'au bout d'un moment, je ne me forçais plus en sa présence. Je l'aimais bien. Oh, pas comme j'aime mon Nicholas, non. Juste comme une amie. Comme quelqu'un qui sait écouter parce qu'un jour, j'ai vraiment craqué devant elle.

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