Chapitre 12 : Journal d'Edward

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Plus les semaines passent, plus j'ai la désagréable sensation que Dorian s'éloigne de moi. Je remets mon comportement en cause, je cherche ce que j'ai bien pu dire ou faire pour que mon frère me délaisse seulement, je ne trouve rien. Je suis constant dans mon mal-être et mon amour pour lui.

Ma solitude n'en devient que plus difficilement supportable. C'est terrible de se sentir seul même avec des gens. Bien entendu, les quelques potes du lycée sont là, notamment Troye, mais ce n'est pas pareil. Ils ne sont pas LUI. Et ce que je veux plus que tout au monde, se résume à un prénom. DORIAN.

Je lutte toutes mes forces. En vain. Non seulement c'est un garçon et en plus, nous partageons le même sang. C'est carrément tordu. Cependant, c'est moi. Je le suis. Peut-être que s'il n'était pas la seule personne sur cette terre à me donner de l'intérêt et de l'affection alors j'aimerais quelqu'un d'autre. Je ne sais pas.

Pour oublier son abandon, parce c'est comme ça que je le ressens, je sors beaucoup. Avec pour seule compagnie moi-même la plupart du temps. D'autres fois avec les gars. Il nous arrive d'aller à quelques fêtes organisées par des lycéens. Je l'y trouve toujours. Entouré de sa bande d'amis. Inlassablement collé à cette fille. Je me doute bien qu'il se passe quelque chose de sérieux entre eux. Ça me bouffe. Me tue. Me consume.

Le pire, c'est quand elle s'est assise sur ses genoux hier soir. J'étais là, à deux mètres de lui et il n'a rien fait pour la repousser. Il a croisé mon regard, m'a souri. Cette fois, je n'ai pas réussi à en faire de même. Tout en me regardant, il s'est mis à caresser ses cheveux, ses bras. Machinalement. Il n'était pas dans ce qu'il faisait. C'était moi qui accaparais toute son attention. Ses sourcils se sont froncés, le rendant plus beau que jamais pour des yeux comme les miens. Ce n'est que lorsque cette idiote a tourné la tête pour voler ses lèvres que le contact a été rompu. Je me suis lâchement enfui. J'ai rejoins le jardin où Troye et les autres fumaient et picolaient. Je me suis joint à eux jusqu'à m'en retourner la cervelle. J'étais bien. Mes pensées n'étaient plus obscurcies par cette vision qui m'avait déchiré la poitrine. Évidemment, il a fallu qu'il vienne me récupérer.

J'ai passé le trajet du retour jusqu'à chez nous à subir ses remontrances. Comme un père qui ferait la leçon à son fils. Nos parents n'étaient pas là. C'est d'ailleurs pour cette raison que nous sommes rentrés bien plus tard qu'ils ne l'autorisent. Maman était à l'hôpital. Papa lui tenait compagnie. Tant mieux. C'est horrible d'écrire ce que je m'apprête à écrire, mais ces moments me donnent un peu de repos. Je n'ai pas à raser les murs. Parfois, j'ai envie qu'ils se produisent plus souvent, qu'ils s'éternisent pour n'être qu'avec Dorian.

Arrivés dans notre chambre, il s'est mis en colère. Je ne l'écoutais pas et il le savait. Parce que tout ce que je retenais c'est que, contrairement à ce que je croyais, il ne m'abandonnait pas. Certes, il prenait ses distances, mais il se souciait toujours de moi. Cette constatation m'a fait pleurer sans que je n'arrive à retenir le flot de larmes qui s'abattait sur mon visage. Comme une lavette, aurait dit mon père s'il m'avait vu. Mon état l'a de suite calmé. Dorian s'est excusé, m'a serré dans ses bras auxquels je me suis accroché comme un naufragé à une bouée de sauvetage, a caressé mes cheveux, embrassé mes joues et recueilli les perles d'eau salée qui coulaient encore.

C'est là que je lui ai dit que je l'aimais et qu'il a répondu que lui aussi.

- Tu ne comprends pas.

C'est ce que j'ai dit.

- Qu'est-ce que je dois comprendre, Eddie ?

C'est ce qu'il a répondu.

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