Chapitre 8 : Dorian

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J'étais prêt à repartir d'où je venais sans réfléchir à ce que ça engendrerait. Je suis indésirable, je l'ai bien compris. Travis déteste mon père de toute son âme, il lui a visiblement fait du mal, mais quoi donc ? Je n'arrive pas à envisager que mon père ait pu faire souffrir qui que ce soit. Surtout pas un membre de sa famille. Il était génial ! Jamais il n'a ne serait-ce que levé la main sur moi ou même ma mère. J'étais bien quand il était là. Plus heureux. Plus complet. J'aimais l'homme qu'il était et qui a fait des conneries qui l'ont amené à finir ses jours en prison. D'ailleurs, cela aurait-il un lien quelconque avec mon cousin ? Ça me semble plausible. Surtout que je ne sais pas ce qui l'a amené là-bas. Je n'avais que treize ans quand il a été arrêté. J'ai été tenu à l'écart de tout cependant, j'ai cru comprendre qu'il avait magouillé avec des types peu recommandables. C'est tout ce que je sais.

Parker est venu me trouver en disant que sa proposition tenait toujours. Il m'a assuré que Travis allait me parler lorsqu'ils seraient revenus de leur week-end. Me voici donc fraîchement débarqué dans une maison splendide en compagnie d'un homme, un docteur si j'ai bien compris, que je ne connais pas et qui a pourtant accepté de me tendre la main.

- Merci encore de m'accueillir, monsieur Mayers.

- Tomas. Tu peux m'appeler Tomas.

- D'accord.

Je regarde partout autour de moi. Quelques photos trônent sur les meubles et d'autres sont accrochés aux murs. Je reconnais Tomas accompagné d'une femme magnifique. Même à travers un cliché, j'arrive à ressentir la douceur qui devait émaner d'elle. Il y a aussi un petit garçon qui doit sans aucun doute être Parker plus jeune. Puis une attire mon attention en particulier. Le fils Mayers sur une balançoire aux côtés d'un enfant plus âgé. Un blond. Travis... Je ne peux pas me tromper.

- Travis avait onze ans. Parker huit ans. Ils étaient très proches. Fusionnels. C'était beau à voir. Les meilleurs amis du monde. C'était vraiment évident que cet amour allait devenir autre chose lorsqu'ils se sont retrouvés des années plus tard, dit Tomas avec un sourire sincère.

- Ils se sont perdus de vue ? demandé-je.

- Oui. Très longtemps. Dix-sept longues années.

La vache ! Dix-sept ans sans être en contact et maintenant, ils sont en couple. Dingue le truc !

- Pourquoi ils ont été éloignés ?

- Disons que... leur chemin ont dû prendre des directions différentes.

- Pardon, ça ne me regarde pas, m'excusé-je.

- Il n'y a pas de mal. Je vais te montrer ta chambre, suis-moi.

Je m'exécute et grimpe les escaliers à sa suite. Il m'ouvre la porte d'une pièce à l'allure chaleureuse. Je souris. Même si ce n'est que provisoire, je vais me sentir bien ici.

- Ça te plaît ? Sinon, je peux te donner l'ancienne chambre de mon fils. Après tout, il n'y vient plus depuis longtemps.

- Ça ira parfaitement, monsieur... Tomas, me corrigé-je. C'est super ici.

- Je te laisse prendre possession des lieux. La salle de bain est au fond du couloir sur ta gauche. Je vais préparer le dîner. Ça fait un moment que je n'ai pas eu quelqu'un avec qui le partager le soir. Tu me pardonneras si je ne suis pas de bonne compagnie.

Je doute que ce soit le cas. Ce type m'a l'air incroyable. Gentil, doux... Je vais bien l'aimer si je reste suffisamment de temps pour le découvrir plus en détail.

Je sors mes maigres possessions vestimentaires de mon sac. Je n'ai pas pu tout prendre. Le reste est encore dans mon armoire dans une maison que je devrai bientôt quitter définitivement. J'ai récupéré mon argent, je le range dans le tiroir du bureau qui décore la chambre peinte en bleu et regarde par la fenêtre. Le jardin est immense. Ce devait être parfait pour les gosses qu'ont été Travis et Parker...

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