Chapitre 20 : Travis

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J'ai à peine le temps de m'échapper de chez Tomas que mon téléphone sonne déjà. Je stresse comme un dingue rien que d'apercevoir le nom de Arley sur l'écran.

- Salut, si tu te sens toujours d'aller voir mon... père, dit-il à contrecoeur, c'est aujourd'hui. Je passe te prendre dans trente minutes.

- Ouais, OK. C'est bon. À tout à l'heure.

En réalité, ce n'est pas bon du tout. Je ne suis plus très sûr d'en avoir encore envie. Pas après avoir passé ce que je peux appeler un bon moment avec Dorian malgré des débuts timides. Et puis ce maudit cahier sur le siège passager me nargue. Je crève de l'ouvrir et de découvrir ce qu'Edward a bien pu cacher là-dedans. Je ne me voile pas la face. Je sais pertinemment que ça risque de ne pas me plaire. Dans tous les cas, jamais je ne pourrai tirer un trait sur ces années de souffrances, sur ce qu'il m'a fait subir. Sur ce qu'il a laisser m'arriver quand il me livrait à ses potes. C'est impossible. J'ai beau être heureux avec Parker, épanoui comme je ne l'ai jamais été, rien, aucune excuse ne peut justifier de tels actes. Mais Dorian y tenait et je ne me voyais pas le lui refuser.

Quand Arley arrive chez moi, je grimpe dans sa voiture en le saluant et me plonge dans mes pensées. J'aurais dû en parler à Parker. Il va m'en vouloir à mort de lui avoir caché ça et surtout, je me sentirais bien plus confiant s'il était là. Je n'ai pas réfléchi l'autre soir en demandant à mon ami de m'accorder cette faveur. Non seulement mon petit ami va être furax que je me sois moi-même mis dans cette situation et en plus de ça, je suis avec Arley. Après ce qu'il a appris concernant Connor et moi, j'aurais dû éviter. Parker est très compréhensif, mais j'avoue que pour le coup, j'ai été idiot. Je sais parfaitement qu'il reste jaloux du gardien quand bien même il n'y a que lui que j'aime et que je veux.

- T'es sûr de vouloir faire ça ? On peut encore faire marche arrière...

- Je suis désolé de t'avoir demandé ça. Je réalise l'effort que c'est pour toi.

- Le pire n'est pas pour moi, mais pour toi, Travis. Si ça ne va pas, on se tire, OK ?

J'acquiesce sans rien ajouter. Une fois sur place, nous passons les contrôles de sécurité et attendons un instant avant d'être conduits dans le parloir qui abrite déjà Troye Campbell. Il ouvre grand les yeux, heureux de voir son fils qui semble, lui, au bord du malaise. L'air joyeux de Troye se fane lorsqu'il me voit posté en retrait. Il a l'air d'avoir pris vingt ans. Je ne ressens aucune compassion pour lui. Pas quand ils n'en ont eu aucune pour moi. Quand les yeux de Troye plongent dans les miens, j'ai l'impression de basculer des années en arrière. J'ai la tête qui tourne, les oreilles qui bourdonnent et mes mains tremblent plus que celles de Connor quand il avait besoin de came. Pourquoi je m'inflige ça, idiot que je suis ! C'était une très mauvaise idée.

Mon ami, toujours très attentif, remarque immédiatement mon état, attrape ma main et la serre brièvement en signe de soutien. Son père fronce les sourcils, sûrement surpris. Je me dégage de la poigne de Arley avec l'envie de gerber. Au fond de moi, j'ai la sensation de tromper Parker rien qu'avec ce geste. Mon estomac est en vrac, tout comme mes émotions. J'ai envie de fuir en courant. Seule la voix de Troye me retient quand il s'adresse à son fils.

- Je suppose que si tu es là, ce n'est pas par plaisir, mais je suis content de te voir, Arley. Tu me manques vraiment beaucoup.

- Ouais, euh... J'accompagne juste Travis.

- Travis qui est ton...

- Ami. Juste mon ami. J'ai quelqu'un et lui aussi, explique Arley, le regard fuyant. Mayers, il était venu avec moi la dernière fois.

- Ah, oui ! Je suis content pour toi, tu sais. Tu es heureux ? demande Troye.

- Très heureux, crache son fils. Pas grâce à toi, mais épanoui dans mon couple.

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