PDV : Rania
Deux mois ont passé après ma fuite d'Auschwitz. J'envoie une lettre à ma mère disant que j'arriverai à Londres dans quelques jours avant de prendre clandestinement un navire marchand en partance pour l'Angleterre. Lorsque le transbordeur arrive enfin, ma mère est déjà là à m'attendre. Elle est habillée en tenue militaire de la résistance. Jupe crayon kaki, veste de la même couleur, des chaussures plates noires et ses cheveux auburn sont attachés en chignon bas. Lorsqu'elle me voit, des larmes commencent à couler sur le long de ses joues, elle se précipite vers moi et me prend dans ses bras.
— Oh ! Mon bébé ! Nous avons cru que tu étais morte ! Nous avons cru que les nazis t'avaient assassiné ! me dit-elle, avant de s'écarter de moi et de prendre mon visage en coupe. Rania, cela fait un an qu'on n'a plus aucune nouvelle de toi ! Tu te rends compte de la peur que nous avons eue, moi et ton père ?
Pendant que ma mère me réprimande, à mon tour des larmes coulent le long de mes joues. Je n'ai qu'une seule envie, c'est de me réfugier dans ses bras et de ne plus jamais m'en aller.
— Rania...
— Maman... c'était horrible... c'est l'enfer là-bas...
— L'enfer, de quoi parles-tu ? Je ne comprends pas. De quoi parles-tu ?
— Monsieur Moulin m'a confié une mission. Je devais infiltrer un camp...
— Quel camp ? Que s'est-il passé ? me coupe-t-elle prise de panique.
— Une personne a peut-être suspecté que je faisais partie de la Résistance. Les nazis m'ont déporté à Auschwitz.
— Oh mon Dieu ! Ma chérie ! Je suis là maintenant, tout est fini...
Elle me prend à nouveau dans ses bras, pleurant de soulagement.
Après nous être retrouvées, ma mère m'emmène dans sa voiture en direction de l'appartement situé près du QG de la Résistance. Lorsque nous entrons dans l'appartement, je vois mon père habillé de son costume militaire, je le vois tourner en rond dans le salon. Lorsqu'il m'aperçoit, complètement amaigrie, fatiguée et en piteux état, il fond en larmes et se précipite vers moi pour me prendre dans ses bras. Une fois de plus, je me mets à pleurer comme une enfant. Il s'écarte de moi et me regarde avec un regard horrifié :
— Que t'est-il arrivé ? Pourquoi es-tu dans cet état-là ? me demande-t-il d'une voix tremblante.
J'essuie mes larmes avant de lui dire la même chose que j'ai dite à maman. Mon père écarquille les yeux et me dit d'une voix tremblante :
— Pourquoi ne pas nous avoir envoyé de lettres ? Tu te rends compte que tu aurais pu mourir ! Nous étions fous lorsque nous n'avons plus eu aucune nouvelle de toi ! Cela fait un an que tu as disparu et...
— Victor ! Je t'en prie ! Calme-toi... lance ma mère d'une voix tremblante de larmes.
Mon père s'arrête de parler, me regarde plus attentivement et me voit complètement en larmes et remplie de détresse.
— Je suis désolée, papa.
Une fois de plus, mon père me prend dans ses bras, embrasse le haut de ma tête et me dit d'une voix faible :
— Tout est fini, maintenant. Nous sommes là. Je te promets que plus jamais il ne t'arrivera quoi que ce soit.
Mes larmes redoublent une fois de plus, toutes ces larmes que j'avais décidé de retenir coulent à flots, le souvenir de l'odeur du sang, de la mort, de la maladie et des hurlements de douleur me hantent et hanteront certainement toute ma vie. Après quelques minutes, je viens de me rappeler avoir apporté les plans du camp, je m'éloigne de mes parents, me dirige vers mon sac, avant de sortir les documents.
— Qu'est-ce donc ? demande ma mère.
— Ce sont les documents que j'ai volés, lorsque j'étais à Auschwitz... Il faut absolument que j'envoie tout ceci à Jean Moulin et...
— Rania, à propos de Jean Moulin, nous avons quelque chose à t'annoncer, me dit ma mère d'une voix hésitante.
— Que se passe-t-il ? je lui demande, inquiète. Lui est-il arrivé quelque chose ?
— Jean Moulin a été arrêté par les nazis il y a deux semaines et...
— Non ! Ce n'est pas possible...
— Je suis désolé, Rania, mais Jean Moulin a été fusillé, parce qu'ils ont su qu'il était un Résistant, reprend mon père d'une voix pleine de tristesse.
Je m'écroule au sol, mais mon père me retient de justesse, avant de m'aider à m'avancer jusqu'au canapé. Il m'aide à m'y asseoir et tend sa main.
— Je peux voir ? me demande-t-il doucement.
J'acquiesce de la tête et ouvre tous les documents. Il y a une carte du complexe entier d'Auschwitz. L'ensemble du camp et divers terrains annexes, dont le terrain avec une partie de voie ferrée d'une superficie d'environ cinquante-cinq kilomètres carrés, dont environ dix kilomètres carrés, pour le camp, à lui seul.
— C'est immense, dit simplement ma mère d'une voix horrifiée.
— Oui, c'est sûrement l'endroit où il y aura le plus d'assassinats en masse, réponds mon père d'une voix grave.
Il ouvre ensuite un second document, puis il dit d'une voix sombre :
— C'est la liste des noms des nazis qui travaillent dans ce complexe.
— Comment le sais-tu ? lui demandai-je.
Il pointe du doigt un nom qui me rappelle beaucoup de souvenirs. Rudolph Höss, celui qui dirige le complexe entier. Ma mère ouvre un troisième document, avant de souffler un « Oh, seigneur ». Je déplace mon regard sur le document de ma mère et remarque que ce sont toutes les expériences faites par le docteur. Pour être exact, il s'agit de photographies d'enfants jumeaux et des nains disséqués. Mais on peut aussi voir le docteur faire une expérience pour transformer des jumeaux en siamois... Subitement, je reconnais rapidement la petite fille de cette photo.
« Marie... »
Je ne sais pas comment je fais, mais je réussis à cacher mes émotions.
— Qui est ce monstre ? demande ma mère horrifiée par toutes ces photographies.
— Ce monstre s'appelait Josef Mengele... lui dis-je simplement.
— S'appelait ? me demande-t-elle, ne comprenant pas.
— Il a été tué par inadvertance par les nazis lorsque j'ai pris le médecin en otage pour m'enfuir d'Auschwitz...
— Nous devons absolument donner cela au général de Gaulle ! Nous devons vite arrêter ce massacre ! dis mon père d'une voix dure.
Je suis sur le point de le suivre, mais il prend une voix sévère :
— Hors de question, Rania ! Tu restes ici, avec ta mère. Tu as fait de l'excellent travail, mais maintenant je veux que tu te reposes. Tu as bien assez souffert de cette guerre. Maintenant, je veux que tu nous laisses prendre le relais moi et ta mère, dit mon père d'une voix douce, mais stricte avant de sortir de l'appartement en emportant tous les documents.
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A Travers le temps. Tome 4. L'âge Des Pharaons. Corriger
FanficRania est une femme discrète et observatrice, mais elle ne sera pas gâter par la vie, car elle vécut la seconde guerre mondiale. Elle vécut le camp de concentration d'Auschwitz, mais aussi les Américains qui la libérèrent. Mais ce qu'elle ne sait pa...