Chapitre 11.

652 32 1
                                    

PDV : Rania 

Lorsque je me réveille, je me rends compte que je suis dans une pièce éclairée par plusieurs fenêtres. Je me relève et observe un peu plus. La chambre est dotée d'une décoration incroyable, les murs sont remplis d'illustrations racontant l'histoire d'Isis et d'Osiris. J'abaisse mon regard et remarque que le lit est fait de bois, le matelas à partir de lin très épais, et la couverture est une immense peau d'animal, peut-être de félin. Lorsque je pose un pied à terre, je remarque que je n'ai plus mes vêtements, mais uniquement une robe moulante de lin blanc. Voyant que je suis seule dans la pièce, je sors au plus vite de celle-ci. Je regarde bien s'il n'y a aucun garde de chaque côté de la porte qui surveille peut-être, mais personne.

« C'est bizarre... »

Je décide alors de faire profil bas et de partir le plus rapidement possible, mais une voix féminine m'interpelle d'une voix stricte :

— Où allez-vous, comme ça ?

Je me retourne brusquement et vois la même femme qui était assise sur le trône l'autre jour. J'ouvre les lèvres, mais je les referme aussitôt ne trouvant aucune excuse pour la reine. Elle s'approche de moi et me dit d'une voix sûre :

— Je suppose que vous allez vous enfuir...

Je baisse aussitôt la tête, honteuse de m'être fait prendre aussi facilement.

— Suivez-moi, vous devez être présentable lorsque vous serez en présence de mon époux, me dit-elle d'une voix dure, avant de commencer à avancer.

— Pardon ? Mais je ne peux pas ! je lui réponds, effrayée de revoir le pharaon.

— Je vois que vous êtes dotée d'une langue. Et pourquoi ne pouvez-vous pas le rencontrer ?

« Oh ! mais ce n'est pas vrai ! Tu ne pouvais pas te taire Rania ? Ma pauvre fille, tu vas créer ta propre tombe si tu continues comme ça ! »

Voyant qu'elle perd un peu plus patience, je lui réponds d'une voix tremblante :

— Parce que je ne suis pas égyptienne et je ne connais aucune de vos coutumes.

La reine fronce les sourcils, je vois bien qu'elle ne croit pas le moindre de mes propos, elle s'approche de moi et me regarde droit dans les yeux.

— Calmez-vous... vous ne serez pas l'une de ses esclaves, ni même danseuse. Sachez que vous devez tout de même rencontrer mon époux, mais avant nous devons absolument vous faire une toilette.

— Pourquoi une toilette ?

— Parce que vous sentez atrocement mauvais...

Alors qu'elle me tourne le dos, je regarde l'état de mes pieds et de mes mains, et j'ai comme l'impression que j'ai en effet besoin d'un bon bain.

Nous avançons dans le palais, jusqu'à arriver à une salle remplie de femmes nues, assises en tailleur se faisant raser la tête avec l'aide d'un rasoir en bronze. Lorsque leur crâne est nu, elles choisissent une perruque dotée de véritables cheveux. Elles arborent de longues perruques finement bouclées qui laissent parfois échapper les vrais cheveux sur le front. Elles sont posées sur la tête comme des petits casques et maintenues à l'aide d'une colle fabriquée à base de cire d'abeille chauffée.

La reine me dirige vers une sorte de piscine, au bord celle-ci se trouve un récipient contenant une mixture bizarre, de couleur noire. La reine fait signe à une femme de s'approcher de moi, celle-ci est assez jeune, peut-être 20 ans...

— Névia, veuillez vous occuper de notre invitée. Je veux qu'elle soit présentable quand elle rencontrera de nouveau mon époux.

— Oui, ma reine, répond-elle, avant de se prosterner devant la souveraine.

Lorsque la reine sort de la pièce, Névia s'occupe d'abord d'ôter ma robe, découvrant les cicatrices que j'ai sur le dos, causées par les nazis lorsque j'étais à Auschwitz. Névia fait abstraction et m'aide à entrer dans la baignoire géante faite entièrement de pierre. L'eau est froide, mais vu la chaleur ambiante, cela ne peut me faire que du bien ! Je plonge ma tête directement sous l'eau.

Je regarde ensuite Névia prendre dans sa main de la mixture noire, me l'étaler sur tout mon corps, puis me rincer à l'eau. Elle me fait ensuite sortir de la baignoire, elle m'essuie à l'aide d'un drap de lin, puis elle prend en main un rasoir et s'approche.

— Que faites-vous ?

— Je suis sur le point de retirer tous vos poils et...

— Non ! Pas mes cheveux ! Je ne veux pas qu'on me...

— Très bien ! Je ne toucherai pas à vos cheveux, mais laissez-moi au moins m'occuper du reste, me répond-elle alors qu'une panique m'envahit.

J'acquiesce de la tête et laisse effectuer son travail. Beaucoup de personnes de mon époque m'auraient demandé pourquoi j'avais réagi ainsi, cela allait me faire plonger dans de très mauvais souvenirs...

Lorsqu'elle finit enfin de me raser le corps, elle prend un autre récipient qui est rempli d'huile parfumée de lys. Elle m'en met partout sur le corps et un peu sur mes cheveux. Elle me rhabille d'une robe moulante blanche, prend ensuite un petit pinceau et, d'un autre récipient qui contient comme de la galène noire, elle m'en met sur mes paupières. Puis d'un autre récipient pose sur mes lèvres une mixture rouge. Lorsque tout cela est fini, elle me donne un miroir.

— Suis-je obligée d'être autant maquillée ? je lui demande, je ne me reconnais pas devant le miroir.

— Si vous voulez être présentable devant notre Pharaon, oui, dit-elle tout en coiffant mes cheveux. Vous avez des cheveux magnifiques, vous avez eu raison de me dissuader de vous les raser. Mais je ne connais pas cette couleur...

— Auburn, j'étais rousse, mais avec le temps, mes cheveux ont changé et sont devenus ainsi. — Vous étiez rousse ? Eh bien, je dois vous avouer que ça ne se voit en aucun cas ! Parfait, vous êtes maintenant fin prête pour rencontrer de nouveau le Pharaon, je vous ai fait une magnifique natte africaine, je suis sûre et certaine que sa majesté la reine aimera votre apparence.

— Puis-je vous poser une question avant que nous partions rejoindre sa majesté la reine ?

— Bien sûr.

— Avez-vous un bracelet pour cacher ceci ? je lui demande en lui montrant l'immatriculation inscrite sur mon poignet.

Elle acquiesce de la tête, avant de placer un bracelet incrusté de pierres précieuses si large qu'il cache totalement ce mauvais souvenir.

A  Travers le temps. Tome 4. L'âge Des Pharaons. CorrigerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant