Ma sieste fut écourtée par la sonnerie du téléphone. Je n'aurais pas dû grimacer en ronchonnant que je dormais trop bien pour sortir du lit, je n'aurais pas dû avoir la tentation d'ignorer cet appel pour retomber dans les bras du sommeil, parce que je n'aurais tout simplement pas dû m'assoupir. Je m'étais seulement allongé sur mon matelas pour récupérer et travailler ensuite, mais le confort des draps était parvenu à me retenir un peu plus.
Cooky avait endossé le rôle d'oreiller. En levant la tête, j'éternuai maladroitement et manquai de tomber à la renverse. Je fixai la peluche d'un regard accusateur, puis décidai de me lever pour faire taire cette sonnerie incessante. Pas de doute, Namjoon n'était pas revenu du travail, il aurait lui-même répondu le cas contraire.
Je me dirigeai d'un pas nonchalant vers le salon, mon lapin tenu dans ma main par une patte. Je laissai mon corps retomber sur le canapé en décrochant et assurai à mon interlocuteur que je l'écoutais.
« Jeon Jungkook ! s'écria ma mère. Ton père et moi attendions de tes nouvelles, est-ce que par hasard tu aurais oublié de nous appeler ?
- Ta mère était très inquiète.
- Ton père m'a obligée à t'appeler, corrigea-t-elle. Il pensait que tu avais été enlevé.
- Tu vas nous faire le même coup de ton frère, Kookie ? Tu vas vivre ta vie pleine de jeunesse en abandonnant tes vieux parents ?
- Hi mom, hi dad. »
J'entendis mes parents retenir leur souffle. Ils s'étaient sans doute préparés à clamer une longue tirade à propos de leur fils indigne qui ne se souciait plus d'eux, et ce sans que ce dernier ne conteste.
Ma prise de parole les avait déroutés.
« Qu'est-ce que c'est que cette voix ? me demanda doucement ma mère. Tu es malade ?
- En fait je me suis endormi sans faire exprès. Et je viens de me réveiller.
- Tu es fatigué ? » s'enquit mon père.
Les mots de Taehyung me revinrent en mémoire. J'hésitai à leur dévoiler toute la vérité, parce que jamais je n'avais été confronté à une situation pareille. Durant mon enfance j'avais mes hyung. En Australie, j'étais resté dans mon coin avec mes amis d'école sans que personne ne vienne nous importuner. De retour à l'université, seul le mépris silencieux de quelques étudiant me peinait, mais ce n'était pas du tout du harcèlement. Le temps était mon meilleur allié, bientôt, ces gens-là ne seraient plus un souci puisque je m'éloignerais d'eux.
J'enroulai distraitement les oreilles de Cooky autour de mes doigts.
« Honnêtement je ne m'attendais pas à avoir autant de travail, leur avouai-je. J'avais beaucoup de choses à rattraper, enfin encore maintenant mais ça se réduit chaque jour un peu.
- Excuse-nous Kookie, soupira ma mère. J'ignore pourquoi on n'y a pas pensé plus tôt... je crois qu'on était aveuglé par Seungkwan, tout s'est tellement bien passé pour lui qu'on s'est dit qu'il en serait de même pour toi.
- Ta mère a raison. Est-ce qu'on te dérange du coup ?
- Non, pas du tout ! Justement vous avez bien fait, j'aurais dû vous appeler... j'ai eu beaucoup de travail mais les hyung m'ont aidé. Ils veillent bien sur moi.
- Bon... on est contents de l'apprendre, affirma mon père. Ça se passe bien avec Namjoon ?
- Je n'aurais pas pu rêver meilleur colocataire. Il a même prévenu Jimin quand ça n'allait pas.
- Il faudra vraiment que tu nous les présentes Kookie, pas vrai Junho ? »
Mes parents étaient d'accord sur ce point, ils appréciaient mes amis. Pour cette raison, je me doutais que ma famille ne m'avait pas contacté en mai parce qu'elle savait que je n'étais pas isolé. J'étais adulte. Ils m'avaient laissé énormément de liberté lorsque j'étais resté en Australie, je m'étais débrouillé par mes propres moyens. Cette séparation avait été une réelle étape dans nos vies car nous avions toujours été très proches tous les quatre, très soudés. Passer à se voir tous les jours à ne recevoir que quelques appels par mois fut une épreuve assez douloureuse pour moi, bien que nécessaire. Elle m'avait permis de devenir indépendant. Et mes parents en étaient conscients. À mes dix-huit ans, ils me considéraient bel et bien comme leur bébé, à présent, il s'agissait d'un surnom affectueux, mais plus tellement apte à me définir réellement.
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ROSE PERLE ✧ JIKOOK (TOME 2)
FanfictionEn retournant en Corée du Sud, je ne m'attendais clairement pas à être si réceptif au choc culturel que je m'apprêtais à vivre. Je me noyais peu à peu dans mille et une pensées, de néfastes illusions qui me brouillaient l'esprit, nourries par les re...