Parmi les habitations traditionnelles du quartier, la maison devant laquelle je me tenais ressemblait à une petite chaumière construite ici un peu par hasard. Le toit croulait sous l'épaisse couche de neige qui étouffait la fumée, produite par le feu de cheminée, et les marches qui menaient à la porte d'entrée brillaient sous le rayon glacial du soleil couchant. Modestes, les fenêtres tremblaient après chaque bourrasque, tandis que les flocons se déposaient avec plus de douceur sur l'herbe gelée. Le ciel nuageux s'assombrissait, le verglas menaçait mon avancée, le vent attaquait la moindre parcelle de peau découverte. Peu m'importait.
J'étais chez Jimin. Venir le chercher n'était pas prévu, mais il me manquait trop. Je n'avais jamais autant attendu le jour du réveillon, pas même lorsque j'étais enfant. Pour la première fois depuis des années, je fêtais Noël à Busan, en plein hiver, la neige comme invitée. Et elle n'était pas seule : Jimin était également convié.
Le son du carillon m'accueillit. Accroché devant la porte d'entrée, les tubes en bois tintaient au gré de la brise marine. Jimin m'avait raconté que ses grands-parents possédaient cet instrument autrefois, alors peut-être était-ce un souvenir qu'ils avaient laissé à la famille. Je savais simplement qu'il y était très attaché.
Je reportai mon attention sur la porte, puis toquai. Mes mains emmitouflées par de gros gants peinaient à bouger, mon corps n'avait plus l'habitude de supporter des températures aussi rudes. Plusieurs couches de vêtements me recouvraient, j'avais l'impression de ressembler à un ours polaire et c'était ce que les passagers du bus m'avaient fait comprendre, leur sourire amusé à moitié dissimulé par leur écharpe ou leur manteau. Ma mère m'avait bien trop emmailloté avant de partir, et je m'étais laissé faire tel l'enfant sage que j'étais.
Jimin apparut. Il fronça des sourcils, étonné, et je pointai le bout de mon nez. Il devina aussitôt que je grelottais en entendant mes dents claquer, et m'attrapa le bras pour que la chaleur de sa maison ne m'enveloppe. Je sentis l'odeur du feu de bois, qui crépitait dans le salon, mêlé à la chanson qui passait sur la télévision. J'entendis des bruits de pas dans la cuisine, où la lumière était allumée et imaginai l'un des parents de Jimin qui cuisinait.
Jimin qui me regardait, la tête penchée.
« Je suis en retard, c'est ça ? » soupira-t-il en m'aidant à me dévêtir.
Je retirai mes bottes trempées par la boue mélangée à la neige.
« Non pas du tout, le rassurai-je. Attendre devenait trop long, plutôt.
- Petit impatient. »
Il m'embrassa. J'attendais ce moment depuis si longtemps que j'oubliai tout le reste, happé par cette douce caresse. Le mois de décembre annonçait une série d'examens qui m'avaient complétement épuisé. Le stress emmagasiné durant les deux semaines d'épreuves s'était évaporé lorsque j'avais rendu ma dernière copie, néanmoins, mon éloignement physique avec Jimin m'avait pesé. Il m'avait appelé la veille de chaque épreuve, clamant que j'étais le plus fort de tous les étudiants de cette planète avec Yubin, et que nous allions dégommer tous les autres de la promotion. Il laissait à peine la place aux hyung, aux noona et à ma famille qui m'avaient supporté avec la même ferveur, tout comme Namjoon s'était assuré que je me sente bien. J'étais si bien entouré, si reconnaissant de les avoir et je ne ressentais plus ce manque lorsque j'étais loin d'eux, parce que d'une manière ils étaient toujours là.
Jimin aussi était toujours là, mais l'année passée loin de lui m'avait sans doute rendu impatient. Et je l'étais peut-être un petit peu trop. Il le savait, je le devinais à son sourire contre ma peau, qu'il câlinait d'attention.
« Je suis désolé ? fis-je en cherchant ses hanches à tâtons.
- D'être accro à moi ? Ne t'en fais pas Gyu, je sais que le sentiment est impossible à réprimer.
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ROSE PERLE ✧ JIKOOK (TOME 2)
FanfictionEn retournant en Corée du Sud, je ne m'attendais clairement pas à être si réceptif au choc culturel que je m'apprêtais à vivre. Je me noyais peu à peu dans mille et une pensées, de néfastes illusions qui me brouillaient l'esprit, nourries par les re...