❁ 8

1.3K 127 47
                                    

Les trains en Corée du Sud étaient étonnement rapides. J'étais parti tôt ce matin afin de rejoindre Busan et avais eu la surprise d'arriver en quelques heures. La gare ne se situait pas si loin de la maison de mes parents, je n'avais pas perdu de temps et m'étais dépêché de la regagner.

J'avais déambulé un long moment à travers les pièces en me remémorant les souvenirs qui rendaient ce lieu si vivant. Seul, je m'étais retrouvé face à moi-même, face à la vie que je menais lorsque que j'étais enfant. À vrai dire, je n'y avais plus repensé depuis un long moment, et pourtant, ma mémoire demeurait intacte. Ma bande d'amis venait souvent jouer chez nous, et je nous revoyais tous les six nous amuser dans l'insouciance de notre jeunesse.

Le sourire aux lèvres, j'avais rempli mes deux sacs ainsi qu'une valise que m'avaient achetée mes parents. Je n'avais pas pu tout ramener d'Australie, de toute manière je ne l'avais pas voulu, mais j'estimais que j'avais déjà bien assez. J'avais décidé de ramener à Séoul des affaires de ma chambre d'enfant, car j'étais au fond quelqu'un de bien trop nostalgique pour laisser derrière moi n'importe quel objet. Je me retrouvais alors avec des sacs plus lourds que prévus.

Mon père et mon frère purent se libérer durant le déjeuner pour venir me voir. Lors du repas, Seungkwan ne put s'empêcher de me materner une dernière fois pour me taquiner, et notre père s'était rangé de son côté en versant ses infimes larmes d'acteur. Je m'étais hélas fait à cette idée. Après tout j'étais le cadet de la famille, je ne pouvais y échapper.

Ma mère m'avait laissé un mot d'excuse sur la table de la cuisine, bien que je ne lui en veuille pas de ne pas être venue. Son travail lui laissait peu de répit. J'effleurai du bout des doigts le papier en repensant à ce qu'elle me disait dessus. Elle était fière de moi, fière de mon parcours. Honnêtement je ne comprenais pas trop pourquoi, mon hyung avait bien plus de mérite. Je les avais simplement suivis alors que Seungkwan avait décidé de rester, se débrouillant par ses propres moyens. Malgré tout, il m'avait félicité.

Ils m'avaient tous les trois laissé comprendre qu'au moindre problème, ils seraient à l'écoute. À n'importe quel moment, ils décrocheraient le téléphone pour moi. Leur attention me faisait tellement chaud au cœur, parce que même si je m'éloignais encore d'eux, nous maintenions toujours ce lien entre nous quatre. J'espérais seulement ne jamais avoir à les appeler pour leur apporter de mauvaises nouvelles. Je voulais seulement les rendre heureux.

Une voix grésilla dans les haut-parleurs, annonçant notre arrivée imminente. J'observai le paysage à travers la fenêtre et constatai que la vitesse du train se réduisait de plus en plus en s'approchant de la gare. Je rangeai le mot de ma mère dans ma poche et attendit patiemment l'arrêt du train afin de récupérer ma valise.

Peu fervent de la foule, je sortis le dernier de notre wagon, les mains prises par mes bagages. Un contrôleur me proposa son aide que j'acceptai timidement et il achemina ma valise jusqu'au quai. Je le remerciai en courbant le dos mais il disparaissait déjà, à la rescousse d'un autre voyageur en détresse.

Je levai la tête à la recherche d'une horloge. Ses aiguilles m'indiquèrent que 17h30 était passée. Si je trouvais rapidement un taxi, je pourrais arriver chez Namjoon avant son retour et ne pas le déranger avec le bruit que je risquais de faire.

Une valise dans une main et un sac dans l'autre, j'avais un peu de mal à me débrouiller avec mon troisième bagage. Sur le chemin de son travail, mon père m'avait déposé à la gare alors je n'avais pas rencontré ce problème. Désormais, je devais ressembler à un maladroit fini avec mes sacs qui tombaient par terre, malgré ma vaine tentative de les rattraper à l'aide de mes genoux.

« Jungkook ! »

Je me tournai automatiquement. Jimin, assis sur un banc, casque aux oreilles, plissa des paupières un instant avant de se précipiter vers moi. Je fronçai les sourcils d'un air désapprobateur. Il n'était pas censé être ici, mais têtu qu'il était, était tout de même venu. Je voulais lui pincer la joue pour le réprimander, pourtant sa mine ravie me fit changer d'avis.

ROSE PERLE ✧ JIKOOK (TOME 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant